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Ouargla : Les Hirakistes en quête de réunification

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  • Ouargla : Les Hirakistes en quête de réunification

    Par Ghellab Chahinez - 4 septembre 2019
    Deux clans, deux marches, c’est l’image qui aura marqué le 28e vendredi de manifestations populaires dans la ville de Ouargla le 30 août dernier. Une mise en scène du « diviser pour mieux gérer » que les fidèles au pouvoir en place pratiquent sur la place publique face à une mobilisation qui veut donner un nouveau souffle et réunifier un Hirak divisé depuis quelques semaines entre les pros et les antis-discours de Gaïd Salah.

    Cette situation dure depuis le 16e vendredi de Hirak et qui voit s’organiser deux mouvements de protestation séparés. Le premier a lieu juste après la prière du vendredi devant le rond-point de la Rose de Sable à Souk Lahdjar (marché de la pierre), où tout juste une cinquantaine de personnes se rassemble, sous un soleil de plomb, brandissant des pancartes qui donnent à lire « Non à la gouvernance militaire. Oui à l’Etat civil », « L’article 07 et 08, le peuple source de tous les pouvoirs », « Redonner la parole au peuple ».
    Plus tard, avant la prière du Maghreb, plusieurs dizaines d’autres personnes se regroupent à leur tour sur la place communale 27-Février-1962 ». Drapeau national et pancartes brandies, ces manifestants organisent leur marche et sillonnent quelques rues du centre-ville de Ouargla en scandant des slogans pro-Gaïd Salah et en appelant à « l’unité des rangs ». Pour ce vendredi de veille de rentrée sociale, les manifestants se sont donné rendez-vous pour crier encore haut et fort leur «rejet » d’une élection présidentielle sous la houlette du système en place qu’ils accusent d’être composé de « résidus de la bande de Bouteflika ». Le message est aussi clair qu’explicite : les Ouarglis « refusent le changement qui sert à remplacer un gang par un autre gang » et appellent à « céder le terrain aux hommes propres et sains ». Ces derniers sont désignés et ont pris la parole pour appeler les manifestants à faire preuve de « concessions mutuelles » et à se « démarquer des points de divergences qui avantagent la création de clans et la division au sein du mouvement populaire ». C’est d’ailleurs dans cette perspective de réunification des rangs qu’une opération de « redressement » a été initiée par les activistes du mouvement à Ouargla. Des rencontres et débats nocturnes de rue sont organisés les mercredi et vendredi, après la marche des citoyens, académiciens et militants, au niveau de la stèle commémorative de la place 27-Février-1962. Dans leur mouvement, les Hirakistes tentent de se (re)mettre d’accord, malgré l’écart de vision qui se creuse entre les manifestants pro et anti élection.
    Des jeunes aux gilets jaunes et oranges veillent au grain et redoublent d’attention pour éviter tout affrontement entre les « deux clans » et préserver le pacifisme du Hirak. Pour que la réunification soit, les activistes ont également fait jouer la carte du passé révolutionnaire de la région. Ainsi, lors du 15e vendredi du mouvement populaire, un tifo géant a été accroché sur la façade du siège de l’Assemblée populaire communale (APC) de Ouargla, portant les noms des martyrs, notamment le chahid Chenine Kaddour, jeté vivant, le 18 décembre 1957, dans un puits à Berdjel dans la localité de Bamendil (Ouargla) avec deux autres moudjahidine. Issus des Arouch, qui constituent la société ouarglie, ces hommes sont tombés au champ d’honneur « ensemble » et pour le même objectif, celui de libérer la patrie. C’est donc le message et sa portée en termes d’unité nationale qu’ont voulu transmettre les initiateurs de ce tifo aux manifestants de Ouargla. En vain, puisque la division persiste et ne cesse de gagner du terrain. Cette division du mouvement a été déclenchée après les affrontements qui ont eu lieu le 17 mai dernier, au 17e vendredi du Hirak, entre pro et anti Gaïd Salah. Ce jour-là, le militant et ex-leader du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) de Ouargla, Abdelmalek Ibek, a été agressé par un groupe acquis aux thèses du chef d’état-major. Lui et d’autres militants ont été attaqués alors qu’ils s’apprêtaient à entamer la marche nocturne habituelle en scandant des slogans anti-système. « Ils nous ont arraché les drapeaux et les banderoles, raconte Ibek, qui a été blessé à l’œil par un objet en fer. « Une plainte a été déposée et les agresseurs identifiés », soulignera-t-il.
    Afin d’éviter d’autres affrontements, certains manifestants ont préféré manifester la journée au même moment que dans les autres villes. Ils accusent le pouvoir de vouloir instaurer «des conflits ethniques » pour diviser et casser le Hirak qui, selon eux, commence à perdre son caractère pacifique. « Le Hirak est menacé par des manœuvres visant à le détourner de sa trajectoire pacifique puisqu’on est arrivé à la violence physique », lance encore notre interlocuteur.
    Ibek Abdelmalek et Tahar Belabbes, les deux fondateurs et leaders du CNDDC, ainsi que d’autres noms qui ont marqué les protestations populaires à Ouargla depuis 2013, ont même été accusés dernièrement de « traîtrise » sur certaines pages Facebook. Sur la page nommée «Boycott de l’achat de véhicule en Algérie » (Mokataât chiraa sayarat fel djazaïr), un post accuse les manifestants de manœuvres « contre l’armée, notamment Abdelmalek Ibek et Tahar Belabbes, que le rédacteur du post traite de membres de l’organisation serbe « OTPOR » qui activent dans la wilaya de Ouargla après avoir reçu des formations en Tunisie et au Maroc depuis le début de 2012, précise la même source.
    Or, ce sont bien ces deux activistes qui ont été les premiers à conduire des mouvements de protestation populaire dans le Sud du pays, contre le chômage, la hogra, l’exploration du gaz de schiste et contre le système. Cela s’était passé en 2011, bien avant le 22 février 2019.
    REPORTERS.DZ
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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