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La coalition Riyad-Abu Dhabi menacée d’éclatement

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  • La coalition Riyad-Abu Dhabi menacée d’éclatement

    La coalition était destinée, en théorie, à rétablir le gouvernement légitime, mais en réalité, Riyad et Abu Dhabi poursuivent, chacun selon ses intérêts, deux agendas différents.
    L’Arabie Saoudite a déployé de nouvelles forces armées au Yémen, alors que la coalition qu’elle mène depuis 2015, avec les Émirats arabes unis, contre les rebelles houthis, connaît une dislocation sans précédent. Selon des médias, plusieurs véhicules militaires et des troupes armées sont arrivés hier dans la matinée dans le sud du Yémen où la bataille entre les séparatistes, soutenus par Abu Dhabi, et les forces gouvernementales, soutenues par Riyad, fait rage autour notamment de la ville portuaire d’Aden.
    Officiellement, l’Arabie Saoudite a déclaré que ces nouvelles troupes tenteront de parvenir à un cessez-le-feu dans cette région du Sud, en proie à de violents combats depuis début août. Le porte-parole de la coalition, le colonel Turki al-Maliki, a affirmé que les forces saoudiennes étaient arrivées dans la province de Chabwa (sud du Yémen) dans l’objectif d’“œuvrer pour la réduction de l'escalade et parvenir à un cessez-le-feu”. Il a ajouté que “toutes les parties yéménites travaillent en ce moment pour répondre à l'appel au calme lancé par Riyad”. Mais en réalité, cette nouvelle manœuvre cache une lutte larvée entre les principaux intervenants au Yémen. Depuis début août, des divisions profondes sont apparues entre Riyad et Abu Dhabi. Les deux parties ont cherché à faire preuve d'unité face à la crise, mais les combats meurtriers de ces dernières semaines entre leurs protégés à Aden, dans le Sud, minent le front commun dans la guerre contre les rebelles houthis, appuyés par l'Iran. La lutte autour d’Aden oppose des unités loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu à bout de bras par Riyad, aux forces séparatistes qui veulent l'indépendance du Sud-Yémen, soutenues par Abu Dhabi. Tous sont pourtant théoriquement alliés contre les houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa, au nord. Ce nouveau front de bataille à Aden risque d’enfoncer davantage Riyad et Abu Dhabi dans une guerre sans fin et dont le bilan meurtrier ne cesse de s’alourdir. Lorsque la coalition a été mise sur pied pour contrer l’avancée des houthis, il y avait un front commun avec, en théorie, la volonté de rétablir le gouvernement légitime. Mais en réalité, ces deux pays voisins du Yémen poursuivent, selon des spécialistes, deux agendas très différents. L’Arabie Saoudite, en voulant écraser les houthis, ambitionne de s’affirmer comme la puissance régionale face à l’Iran ; les Émirats arabes unis, de leur côté, poursuivent un objectif territorial et veulent couper le Yémen en deux pour retrouver la carte d’avant la réunification de 1990, avec un Yémen-Nord et un Yémen-Sud.
    Il faut dire que les Émirats considèrent aussi, depuis longtemps, le sud comme une base vitale pour étendre leur influence en mer Rouge et dans la Corne de l'Afrique. Ils ont financé et formé divers groupes qui leur sont aujourd'hui acquis. Leur grand voisin saoudien considère de son côté les houthis comme une menace existentielle à sa frontière sud.

    Karim Benamar
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