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Les curiosités de la langue algérienne, mélange d'arabe, de dialecte et de français

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  • Les curiosités de la langue algérienne, mélange d'arabe, de dialecte et de français

    La source le Temps un journal Suisse.

    Un célibataire, à Alger, est un «célébatri», un homme dont les batteries sont à plat faute d'argent. Un trafiquant est un «taïwan» et une fille peu vêtue une «fromagette». Promenade à travers les expressions déroutantes d'un peuple qui cherche à exister.

    Dans un de ses ouvrages, Malika Greffou, spécialiste en psycholinguistique, raconte qu'elle décida de retirer sa fille de la crèche le jour où une institutrice lui fit parvenir le message suivant: «Convoquinak bah norganizew wa nepprogrammew elniversare taa bentek.» Ce qui tend à signifier après décryptage: «Nous vous avons convoquée pour organiser et programmer l'anniversaire de votre fille.» La phrase composée de mots français conjugués en arabe prêterait à sourire si elle avait été rédigée par une personne non scolarisée. Ecrite par une enseignante, elle illustre parfaitement l'adage algérien selon lequel le pays serait rempli d'«analphabètes bilingues». Les deux langues en question sont l'arabe classique, langue officielle de l'Algérie, et le français que l'écrivain Kateb Yacine qualifia de «butin de guerre» pour inciter ses compatriotes à en jouir sans le moindre complexe. A cette liste, il convient d'ajouter le berbère, langue des Kabyles qui vient d'être reconnue nationale (Le Temps du 14 mars).

    L'impasse linguistique dans laquelle sont engagés beaucoup d'Algériens est liée au fait qu'aucune de ces langues n'est jamais totalement assimilée. L'arabe classique enseigné dès le plus jeune âge n'est parlé que sur les bancs de l'école. Dans les cours de récréation, dans la rue, à la maison, on s'exprime en arabe dialectal, un dérivé populaire du précédent, qui diffère selon les régions et parfois même les quartiers. Ceux qui se risqueraient à user d'un langage châtié se couvriraient à coup sûr de ridicule. De plus, leurs chances d'être compris sont quasi nulles. De son côté, le français étudié assez tardivement est trop chargé en connotation élitiste pour prétendre s'implanter ailleurs que dans les salons des beaux hôtels. C'est la langue de la Tchitchi (enfants de la bourgeoisie), cette couche de la société ayant un pied à Alger, l'autre à Paris.

    Dans ce contexte, la tendance est au compromis. Une combinaison peu académique mais qui fait l'unanimité a été adoptée, «un parler créole qui laisse perplexes jusqu'à nos voisins maghrébins», affirment les linguistes. Son apprentissage s'effectue dans la rue, au rythme des humeurs et des événements en cours. Les hittistes, ces jeunes désœuvrés qui littéralement «tiennent le mur», s'y apostrophent en ces termes: rak bel bien? (tu vas bien?). Intik, répond l'autre (du français «antique» en son sens de «vénérable», «confortable»). Si on l'interroge sur ses projets de mariage, il répond le plus souvent célibatri (pour célibataire, les batteries étant à plat faute de travail, d'argent et d'appartement). Sa situation paraissant peu enviable, on le traite de klak le fox (le chien te mange, ce qui signifie: tu ne vaux pas plus qu'un os) ou de cavé (remisé dans la cave comme un vieux meuble). Si, au contraire, la conjoncture est favorable, il répondra reprenite baâtlou la roquette (je vais retrouver du travail parce que j'ai envoyé une requête, roquette ayant depuis la guerre du Golfe remplacé requête). Quand, par chance, la future activité a pour cadre le bureau d'une administration, on se vante en ces termes: ragda ou t'manger (je dors et je mange, se dit des fonctionnaires qui pour un labeur peu éprouvant touchent un bon salaire). Lorsque l'Algérien verse dans les trafics en tout genre, il est un taïwan (pour tout ce qui relève du toc et de la contrefaçon). S'il se contente d'un petit métier honnête, il peut devenir un monté é descenté (rabatteur chargé de remplir et désemplir les taxi-bus). Celui qui, dans la même rue, est insensible aux mouvements et reste sourd aux multiples sollicitations est un haw i capti (en train de capter, rêveur dans les nuages connecté avec la mer, La Mecque, la France ou son amoureuse). La jeune fille qui passe est une petitette que l'on rêve d'entraîner dans un dikki (garçonnière). Si elle a été vue sur la plage en maillot deux-pièces, on colporte qu'elle s'exhibe en fromagette (pour ce fromage à la petite enveloppe triangulaire représentant une vache souriante). Si enfin, par malheur, un saken fel l'batimen (un voisin résidant dans l'immeuble) se fait renverser par un véhicule, on épiloguera longtemps sur le crasatotomobile (accidenté) qui ta blissa (a été blessé) et bénéficiera d'un arrêt de travail, cartaficat ou el caché à l'appui (pour certificat et cachet médical).
    Défenseur acharné de ce dialecte, Abderrahmane Zakad, un urbaniste, s'apprête à déposer la marque sous la forme d'un glossaire, fruit de ses errances studieuses dans les ruelles algéroises. «Il serait faux de croire que l'émergence de ce parler est récente, explique-t-il. Prenez l'exemple d'intik, il est apparu en 1950 chez les chanteurs de chaâbi (musique populaire) qui à l'époque obéissaient à la mode des zazous. Depuis toujours les Algériens aiment à se singulariser, prendre à contre-pied les arabisants et les européanisés. Si aujourd'hui les jeunes semblent très créatifs dans le langage, c'est que la pression est forte. On leur demande: êtes-vous Arabes ou Français? Ils répondent: «nous sommes Algériens comme le furent sous la colonisation nos ancêtres, puis nos parents lorsque fut adoptée à la fin des années 70 la loi d'arabisation.» Certains reconnaissent cependant que le mélange des genres est dérangeant. «Le risque est d'accéder à une pensée hachurée», craint Inâm Bioud, chargée de cours en traduction à la faculté d'Alger.
    Réunis récemment à Alger sur l'initiative de Pro Helvetia et de l'éditeur algérois Barzhak, des écrivains des deux pays invités à discourir sur le multilinguisme se sont penchés sur ce parler créole. Hartmut Fähndrich, islamologue et traducteur de prose arabe, a observé un parallèle frappant entre le suisse alémanique et l'algérien, tous deux utilisant plusieurs niveaux de la même langue. A la question de savoir s'il se risquerait à traduire en suisse alémanique un ouvrage écrit en dialecte algérien, il répondit après une longue réflexion: «Un tel phénomène linguistique oblige à penser des solutions qui, à mon avis, ne seront jamais satisfaisantes»

  • #2
    Sbah el khir ^^

    Et on veut nous imposer l'anglais aussi, sachant qu'on ne maîtrise ni l'arabe, ni le français et bientôt ça sera l’anglais ! ça va donner un mélange d'arabe, de dialecte, de français et d'anglais !! oeilfermé
    Les erreurs ne se regrettent pas, elles s'assument ..
    La peur ne se fuit pas, elle se surmonte ..
    L'amour ne se crie pas, il se prouve.

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    • #3
      Therwi Theberwi Outha3kil Fathma Vaviss!
      Passi passi werrana dipassi!

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      • #4
        Et avec l'anglais ça sera:.

        "Ya chérie wach'hal n'lovik !!"
        Curriculum vitæ : "Je suis né et depuis... j'improvise !!"

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