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De quoi est faite la fortune de Ali Haddad

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  • De quoi est faite la fortune de Ali Haddad

    Février 2018

    Le groupe ETRHB Haddad a connu son essor avec l’embellie financière des années 2000, bénéficiant d’importantes commandes publiques. Son chiffre d’affaires a enregistré une croissance exponentielle, passant de 7 milliards DZD en 2006 à 41 milliards DZD en 2015 et multipliant ses bénéficies qui ont atteint 1,7 milliards DZD en 2015, année où le total de ses actifs a atteint 99 milliards de DZD (925 millions d’euros) et ses capitaux propres 37 milliards de DZD (300 millions d’euros).

    Et ce, pour la seule SPA ETRHB Haddad, Ali Haddad et ses frères associés dans cette société étant propriétaires de plusieurs autres entreprises. Certes la rentabilité économique de ETRHB Haddad est relativement faible (4%), laquelle a besoin de s’endetter en permanence, –le volume de ses dettes a atteint 10 milliards DZD (90 millions d’euros) en 2015 d’autant qu’elle sous-traite beaucoup de tâches dans le domaine des travaux publics : 30 milliards DZD en 2015 (260 millions d’euros), soit près de deux tiers de son chiffre d’affaires, ce qui fait de l’entreprise presque une boite d’intermédiation–. Mais, elle réinvestit quasiment tout ce qu’elle gagne dans des métiers parfois loin de son activité de base.

    En effet, Ali Haddad a diversifié les activités du groupe en investissant dans la fabrication de matériaux de construction, l’importation, la transformation et le négoce de bitume, la promotion immobilière et le tourisme et même la fabrication de chaussures à travers la SARL Mapacl dont l’investissement engagé en 2012 pour l’installation de l’usine qui n’est pas encre entrée en production est de l’ordre de 1,31 milliards DZD. Il a même essayé l’emballage de denrées alimentaires (EURL Bouyoucef Emballage, dissoute en 2016), l’importation et la commercialisation des produits parapharmaceutiques (Cialfarm) ainsi que l’exploitation de l’eau minérale.

    Dans ce contexte, il convient de souligner que Ali Haddad dont le groupe dépend surtout des commandes publiques, a toujours cherché à tisser des alliances dans les hautes sphères de l’Etat afin de soutenir son expansion, même si certains de ces investissements sont tombés à l’eau à l’image de la Sarl Hassi Lefhel Eaux Minérales (Ghardaïa) créée en 2003 pour la commercialisation d’eau minérale et d’eau de source en association avec Ahmed Lamine Belkheir, fils du général Larbi Belkheir, homme de réseaux et puissant directeur du cabinet de Bouteflika à l’époque, et Kamel Elhabiri, fils de l’indéboulonnable directeur de la protection civile, le colonel Mustapha Elhabiri. Cette société a été dissoute en 2011, les analyses de l’eau de cette source n’ayant pas permis son exploitation.

    Or, le groupe qui dispose d’une filiale de location de matériels de travaux publics, gère deux usines de fabrication de tuyaux en BPAT (Hellouane dans la commune d’Ighzer Amokrane à Bejaïa, et à Fornaka, à Mostaganem), installées pour accompagner la réalisation des grands projets de transfert d’eau des barrages vers les agglomérations et les centres urbains du pays et permettent au groupe d’engranger d’importants revenus puisque la plupart des entreprises engagées dans la réalisation de ces transferts, nationales et étrangères, s’approvisionnaient en «buses» chez ses deux usines.

    Il gère aussi une usine de traverses ferroviaires en béton, installée à Ras El Ma, commune de Redjem Demouche, wilaya de Sidi Bel Abbes. Elle est opérationnelle depuis 2008. Toujours en matière de matériaux de construction, Haddad possède une entreprise qui gère des carrières de sable (SPA ETRHB Carrières) et une entreprise qui importe et commercialise le goudron (Bitume et Pétrole Haddad) laquelle entreprise, si elle a vu son chiffre d’affaires dégringoler, passant de 6 à 2 milliards DZD entre 2012 et 2016, continue malgré tout à dégager des bénéfices (160 millions DZD en 2016). Haddad est également présent dans la pétrochimie, depuis 2016, suite au rachat de 17% du capital social de Fertial.

    Et bientôt, sa nouvelle usine sidérurgique implantée à Oran fournira des pipes en acier. Pour l’installation de cette usine, Ali Haddad a utilisé comme véhicule d’investissement sa société SAVEM qui commercialise les engins et disposait de 1,4 milliards DZD d’actifs en 2016. Aussi, Ali Haddad s’est-il associé avec une entreprise chinoise pour l’installation d’une cimenterie à Djelfa (AcecCiment), un investissement de 10 milliards DZD engagé en 2007 et qui n’est pas encore entré en production.

    Le magnat des travaux publics est également présent dans le secteur des services. Propriétaire depuis 2010 du club algérois de football USMA, il détient aussi un groupe médiatique composé de deux journaux papiers et de deux chaines de télévision. Un groupe médiatique que Ali Haddad subventionne à coup de milliards puisqu’il est déficitaire presque depuis sa création, alignant les pertes financières d’exercice en exercice : 500 millions DZD de pertes pour un chiffre d’affaires de 750 millions DZD en 2015, 280 millions DZD pour un chiffre d’affaires de 600 millions DZD de chiffres d’affaires en 2014, 320 millions DZD de pertes pour un chiffre d’affaires de en 2013. Tout cet argent va dans les paiements des salaires dont la masse globale des médias composant le groupe oscille entre 300 et 500 millions DZD par an. C’est d’ailleurs ce qui est à l’origine des difficultés de payer les salaires qui ont fait parler dudit groupe médiatique ces derniers temps.

    Le groupe Haddad s’active également dans le secteur de l’hôtellerie à travers une société (SPA Satho) qui gère deux petits hôtels dans sa ville natale Azeffoun en Kabylie. Ali Haddad a acheté en décembre 2011 l’Hôtel Palace (ex-Ritz) de Barcelone pour 67,6 millions d’euros et des comptes rendus de la presse espagnole lui attribuent des velléités d’acquisition d’autres hôtels de luxe dans la même ville catalane.

    Créé à la fin des années 1980, l’entreprise ETRHB Haddad est désormais le premier groupe privé de travaux publics du pays. Ali Haddad détient près d’un cinquième des actions du groupe où il est associé avec ses cinq frères. Ils ont 16 % chacun, les 4% restants sont répartis sur les six frères à travers la Housing Construction Haddad, une société de promotion immobilière. Mais, cette dernière est la seule entreprise des Haddad qui a pu s’introduire dans le secteur du bâtiment.

    En effet, Ali Haddad a créé une multitude d’entreprises du bâtiment mais, il n’a jusqu’ici jamais réussi à décrocher des marchés dans ce secteur qui a englouti quelques 25 milliards d’euros uniquement lors du passage de Abdelmadjid Tebboune à la tête du ministère de l’Habitat. L’on peut citer la Sarl Consogep, ETRHB Construction ou encore la SPA Tipresto.

    Dans ce contexte, il convient de rappeler que le passage éclair de Abdelmadjid Tebboune à la tête du gouvernement a valu à Haddad huit mises en demeure pour la relance des chantiers de travaux publics à sa charge, des marchés cumulant 13,2 milliards DZD pour lesquels Haddad a bénéficié d’avances forfaitaires de l’ordre de 4,7 milliards DZD et qui étaient à l’arrêt sans motif valable. Les entités publiques qui ont adressé les mises en demeure à Haddad ne se sont plus manifestée depuis la nomination de Ahmed Ouyahia à la tête du gouvernement.

    Par ailleurs, 2017 a été pour Haddad une année de vaches maigres puisque Haddad n’a décroché qu’un seul gros contrat, celui des études d’exécution et la réalisation du transfert des eaux à partir du barrage de Kef Eddir dans la wilaya de Tipaza, pour un montant de 20,5 milliards DZD. Et ce, en mars 2017, soit deux mois avant la nomination de Tebboune comme Premier ministre.
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