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Opinion: Gaïd Salah ira-t-il jusqu’à réprimer violemment le hirak ?

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  • Opinion: Gaïd Salah ira-t-il jusqu’à réprimer violemment le hirak ?

    Ce qui suit est une opinion sur un aspect particulier du plan de Gaïd Salah et de ses alliés pour mater le hirak par une répression violente et de grande échelle. Le danger est bien perçu par de nombreux hirakistes. Alerter dessus, à défaut de l’éliminer permet de relativement mieux l’affronter.
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    Gaïd Salah ira-t-il jusqu’à réprimer violemment le hirak ?

    Depuis le 22 février, Gaïd Salah et ceux dont il est le porte-drapeau, sont sérieusement démangés par l’envie de réprimer férocement le hirak. Ils n’en ont été empêchés jusqu’à aujourd’hui que par l’ampleur du mouvement, par son caractère non violent, sûrement aussi par le refus de l’option répressive par une partie du commandement de l’ANP et surtout par le large consensus à tous les niveaux autour du refus d’un cinquième mandat et d’en finir avec les fléaux de la hogra, de la corruption et de la prédation. Tout cela a même obligé Gaïd Salah à déclarer, entre deux menaces à l’adresse du hirak, qu’il était «aux cotés du peuple».

    Gaïd Salah (*) s’est donc attelé à créer les conditions pour rendre possible cette répression en réduisant au minimum les risques de contestation de son action au sein de l’ANP, dans les autres appareils du pouvoir et parmi la population.

    Le premier élément du plan : avoir la haute main sur les appareils judiciaires civil et militaire. Chose relativement aisée au vu de la tradition bien ancrée de soumission des représentants de ces institutions aux détenteurs du pouvoir exécutif (malgré la fronde de quelques magistrats qui se sont solidarisés avec le hirak et la sourde grogne d’autres). L’arrestation de Saïd Bouteflika, des généraux Médiene et Tarrag a constitué le premier épisode de ce scénario. Ordre a été donné à la justice militaire de les incarcérer sous une inculpation cousue de fil blanc. Bien sûr que ces personnes méritent d’être jugées et condamnées pour tous les délits et crimes commis par elles et pour les graves préjudices qu’ils ont causés aux Algériens et au pays. Toutefois, la forme et le processus de ces arrestations est à dénoncer parce qu’ils perpétuent une pratique que le hirak exige d'éradiquer complètement : l’instrumentalisation de la justice aux fins de règlements de comptes et de manœuvres inavouables.
    Si on réclame avec force l’instauration d’un Etat de droit, il faut commencer par exiger le respect des droits de toute personne, y compris ceux des pires criminels. Par ces arrestations, Gaïd Salah a signifié à tout le monde, même à ceux qui se targuaient d’un semblant de puissance politique, qu’il peut ordonner l’arrestation de quiconque pour n’importe quel vrai ou faux prétexte. Le message était surtout destiné à la justice civile. Il a donc été facile à Gaïd Salah d’ordonner au parquet, en violation des dispositions du code de procédure pénale, l’arrestation de Ali Haddad, des Kouninef, de Tahkout, de Rebrab puis ceux de ministres et autres hommes influents durant l’ère Bouteflika. Idem pour ceux-là, même s’ils méritent amplement de passer devant la justice, cela devait et doit se faire dans le strict respect des législation et réglementation en vigueur.

    Toutes ces arrestations, présentées comme visant la satisfaction de la revendication populaire de lutte contre la corruption et la prédation, ont été accueillies par «la rue» avec une satisfaction mitigée parce que jugées insuffisantes et même soupçonneuse chez certains. Malheureusement :

    1./ Elles ont eu pour effet pervers de «peopoliser» («dépolitiser») la lutte contre la corruption et la prédation en la réduisant de phénomène indissociable par son ampleur de la nature du système bouteflikien (dont Gaïd Salah est un des principaux piliers et bénéficiaires), à un ensemble de faits divers jetés comme un os au peuple algérien et d’où les aspects essentiels de hogra et abus de pouvoirs ont été médiatiquement occultés ou minimisés.

    2./ peu nombreux ont été ceux qui y ont vu le fait qu’elles préparaient le terrain pour des arrestations arbitraires et même criminelles sous de fallacieuses accusations pour affaiblir le mouvement populaire : Bouregaa, porteurs de l’emblème amazigh, Karim Tabbou et d’autres ainsi que celles qui vont certainement suivre. Ces arrestations, contrairement à l’attente de Gaïd Salah, n’ont pas affaibli le mouvement, elles ont au contraire prouvé que les élections présidentielles qu’il veut «dans les plus brefs délais» ne sont, entre autres, qu’un moyen pour maintenir en place un pouvoir haggar, corrompu et corrupteur, et qui tend même à devenir au service d’intérêts étrangers qui visent à renvoyer le pays au Moyen-âge et à plonger les Algériens dans la misère.

    Aujourd’hui, tous les appareils de pouvoir en Algérie (ANP, exécutif, justice, services de sécurité, administration publique, etc.) ont été mis au pas par Gaïd Salah. Même les médias publics et la majorité des médias privés ont été mobilisés au service de sa propagande et tendent à instaurer le culte de sa personnalité. Ses décisions ne souffrent aucune contestation de la part de ses «supérieurs hiérarchiques» (les intérimaires illégitimes d’El Mouradia et du Palais du gouvernement). Par ailleurs, Gaïd Salah fait tout pour tuer dans l’œuf toute tentative de structuration d’un contre-pouvoir.

    Il y a aussi les diverses tentatives pour diviser le mouvement notamment par la répression sélective qui a touché les porteurs de l’emblème amazigh. Celles-ci ont manifestement fait long feu.

    L’autre fait accompli qu’il cherche à imposer est que la loi c’est lui. En même temps qu’il affirme l’exigence du strict respect des dispositions constitutionnelles, chacune de ses sorties, de ses prises de parole et des ses décisions est un viol caractérisé de la Constitution.

    Il me semble qu’il considère que le moment est venu de passer à la phase ultime de préparation de la répression de grande envergure du hirak : faire perdre à celui-ci son caractère de «silmi» (non violent). Il voudrait ne lui laisser pour seule alternative de survie que la violence. L’organisation d’élections présidentielles sans l’acceptation et sans la réalisation du moindre préalable à celles-ci posé par le hirak représente une attitude de mépris envers le mouvement populaire de la part du pouvoir. On a là, la même attitude qui a été l’un des principaux déclencheurs du soulèvement entamé le 22 février. On peut donc s’attendre à ce que le scrutin pour l’élection présidentielle soit violemment empêché ou perturbé par le hirak, ce qui fournira à Gaïd Salah le prétexte pour le réprimer violemment.

    Toute la question pour moi est de savoir comment contrer ce plan qui est désastreux pour les Algériens et dévastateur pour le pays et qui, au minimum, perpétuera la gouvernance par la hogra sous ses diverses facettes.

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    Note :
    (*) Ses consultants surtout, même s’il ne faut pas sous-estimer ses capacités de ruse et de manœuvres tortueuses pour défendre ses intérêts personnels et ceux de ses entourages, alliés et affidés.
    Dernière modification par benam, 13 septembre 2019, 11h57.
    "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence
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