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Les entreprises asiatiques se retirent d’Iran sous la pression américaine

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  • Les entreprises asiatiques se retirent d’Iran sous la pression américaine

    Benoit Faucon, Sune Engel Rasmussen et Laurence Norman 25 avril 2019

    Les responsables européens craignent que le retrait de l’Asie réduise l’incitation pour la République islamique à rester dans l’accord nucléaire


    Les entreprises asiatiques qui avaient servi de bouée de sauvetage à l’Iran après le retour des sanctions américaines l’année dernière se retirent du pays, ce qui nuit à l’économie iranienne et incité moins la République islamique à rester engagée au sein de l’accord nucléaire multilatéral, expliquent les diplomates occidentaux.

    Relations repensées. Les entreprises réagissent aux mesures prises ce mois-ci par l’administration Trump afin de réduire les exportations de pétrole iranien et d’imposer de classer comme terroristes les forces paramilitaires du régime. Parmi les entreprises asiatiques qui ont repensé leurs relations avec l’Iran figurent des banques, des compagnies pétrolières et des géants de la technologie, dont Huawei Technologies, Lenovo Group, LG Electronics et Samsung Electronics.

    De nombreux accords entre l’Iran et des entreprises chinoises « ont maintenant avorté, confie un conseiller d’une compagnie pétrolière chinoise en Iran. Personne ne veut prendre le risque de faire faillite. »

    L’année dernière, l’administration Trump est sortie de l’accord de 2015 qui avait levé les sanctions contre l’Iran en échange d’un contrôle renforcé de son programme nucléaire.

    Téhéran a placé ses espoirs dans la Chine et d’autres pays asiatiques lorsque les entreprises européennes ont commencé à se retirer de son économie avant que les Etats-Unis ne rétablissent leurs sanctions l’automne dernier. Au cours de la période de sanctions précédant l’approbation de l’accord nucléaire, la Chine a dépassé l’Europe en tant que principal fournisseur d’équipements industriels de l’Iran.

    Mais cette semaine, le principal moyen de paiement de l’Iran – l’échange direct de pétrole contre des biens et services – a été brusquement menacé lorsque le département d’Etat américain a déclaré qu’il allait mettre fin aux dérogations pour tous les acheteurs du pétrole iranien.

    Cette décision signifie que toute entreprise qui importerait du pétrole d’Iran après l’expiration, le 2 mai, de la série actuelle de dérogations pourrait être bloquée par le système bancaire américain.

    Jusqu’à présent, Washington avait autorisé huit Etats, dont la Chine, l’Inde et la Corée du Sud, à acheter du pétrole iranien pour autant qu’elles s’engagent à réduire leurs importations.

    Le durcissement de l’interdiction par l’administration Trump est intervenu deux semaines après que Washington a relevé le niveau des risques encourus pour les entreprises faisant affaire avec l’Iran en désignant le Corps des gardiens de la révolution islamique comme organisation terroriste. Cette force joue un rôle important dans l’économie iranienne, y compris dans l’industrie énergétique.

    La réaction des acheteurs de pétrole iranien a été mitigée. L’Inde a déclaré qu’elle respecterait probablement les règles américaines, mais le ministère des Affaires étrangères de la Chine a pris un ton provocateur, affirmant que Pékin « s’oppose constamment aux sanctions unilatérales des Etats-Unis ».

    Les experts s’attendent à ce que la Chine continue d’acheter du pétrole iranien, mais de nombreuses entreprises chinoises limitent leur exposition au pays. La Bank of Kunlun a déclaré lundi à ses clients qu’elle mettrait fin à tous les transferts avec l’Iran à partir du 1 mai, déclare Mostafa Pakzad, un consultant basé à Téhéran qui aide les entreprises à effectuer des paiements en Iran et à l’étranger.

    La banque, qui appartient à la China National Petroleum Corp. gérée par l’Etat, avait déjà interrompu ses transactions l’année dernière, mais avait repris le commerce de biens humanitaires dans l’espoir qu’ils pourraient être échangés contre du pétrole iranien.

    Les exportations mensuelles chinoises vers l’Iran s’élevaient à 629 millions de dollars en mars, en baisse par rapport à la moyenne mensuelle de 1,6 milliard de dollars de 2014 à début 2018, selon l’Administration générale des douanes de la Chine.

    La perspective d’une réduction des importations de pétrole en provenance d’Iran, conjuguée à la pression croissante des Etats-Unis, a entraîné une réduction d’ensemble des importations en provenance de Chine au cours des dernières semaines.

    A la fin du mois dernier, Pang Sen, l’ambassadeur chinois en Iran, et d’autres diplomates ont rencontré des hommes d’affaires iraniens à Téhéran, notamment des distributeurs d’électronique grand public. Le message, selon les hommes d’affaires iraniens informés sur ces rencontres : la Chine n’a aucun plan pour accroître son exposition à l’Iran.

    Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a déclaré qu’il n’était pas au courant des conversations de l’ambassadeur, mais a précisé que « la coopération normale entre la Chine et l’Iran doit être respectée et protégée ».

    Des projets de plusieurs milliards de dollars dans les champs pétroliers et gaziers ainsi que sur les chemins de fer accordés à des géants chinois gérés par l’Etat sont aujourd’hui menacés, selon des dirigeants iraniens d’entreprises et le conseiller de la compagnie pétrolière chinoise.

    Toujours en mars, Huawei, le deuxième fabricant mondial de smartphones, a licencié la plupart de ses 250 employés en Iran, selon des hommes d’affaires à Téhéran. Et Lenovo, le plus grand fabricant d’ordinateurs au monde, basé à Pékin, a interdit à ses distributeurs établis à Dubaï de vendre à l’Iran après un avertissement du département du Trésor américain, ont confié ces personnes.

    Une porte-parole de Lenovo a déclaré que l’entreprise a une politique ferme de respect des règlements d’exportation, mais a refusé de commenter davantage. Un porte-parole du Trésor a aussi refusé de commenter.

    Huawei a subi de fortes pressions de la part de Washington – qui allègue que l’entreprise a violé les sanctions bancaires internationales contre l’Iran – et le différend est devenu un point de litige majeur entre l’administration Trump et Pékin.

    Les géants sud-coréens de l’électronique grand public Samsung et LG ont déjà réduit leur exposition à l’Iran et consultent des représentants du gouvernement à Séoul pour déterminer s’ils doivent se retirer complètement du pays après la fin des dispenses américaines sur le pétrole, selon des hommes d’affaires à Téhéran qui travaillent avec ces sociétés.

    L’Iran finançait ses achats auprès des deux sociétés avec des fonds provenant de la vente de pétrole et de produits dérivés du pétrole brut.

    Un porte-parole de Samsung a dit qu’il ne pouvait pas commenter immédiatement. Huawei et LG n’ont pas répondu aux demandes de commentaires.

    Les responsables européens affirment que Pékin semble disposé à ralentir les échanges commerciaux avec l’Iran en échange de concessions de la part de Washington dans la lutte commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Pékin est engoncé dans un différend avec l’administration Trump au sujet des droits de douane commerciaux bilatéraux et de la propriété intellectuelle.

    « Les Chinois sont très attachés » au principe de l’accord nucléaire iranien, a déclaré un diplomate européen de haut rang. « Mais leur objectif primordial est bien sûr leur relation commerciale avec les Etats-Unis. »

    Shan Li, Kersten Zhang et Dominique Fong à Pékin ont contribué à cet article
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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