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Le Coran : une autre histoire d’Adam, d’Eve et de la pomme

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  • Le Coran : une autre histoire d’Adam, d’Eve et de la pomme

    Le Coran : une autre histoire d’Adam, d’Eve et de la pomme







    Adam et Eve ont croqué la pomme interdite. Les pépins de l'amour ont commencé, dit-on... Dans la vision qu'offre le Coran, est-ce que la « pomme » défendue correspond à l’amour, au plaisir sexuel et à la connaissance ? Est-ce qu’Eve est la Tentatrice ? Est-ce qu’elle est « tirée de la côte d’Adam » ? D’où vient le mal sur terre ? Quel est le sens de la vie, du permis et de l’interdit ?



    Le Coran : une autre histoire d’Adam, d’Eve et de la pomme L’histoire de la création d’Adam et Eve ainsi que la scène du péché : c’est plus qu’une histoire littéraire ou scientifique. Ce n’est ni de la poésie ni de la biologie : c’est une histoire qui concentre en elle toute une série de sagesses sur :
    1. La nature de l’homme et de la femme
    2. Le sens de la vie, du permis et de l’interdit dans la vie de l’être humain
    3. La valeur de l’amour et du plaisir sexuel dans le couple
    4. La valeur de la connaissance
    5. La responsabilité du mal

    A travers le récit de la création d’Adam et Eve, on s’ouvre à l’islam comme vision de la vie et au Coran comme Livre de sagesse pour tous.




    1. La nature de l’homme et de la femme



    L’idée selon laquelle Eve est tirée de la côté d’Adam est très populaire. Elle s’accompagne d’une autre idée : la femme est inférieure à l’homme, elle n’a pas d’existence propre, elle n’est qu’un fragment d’homme… Cette image et cette idée populaires continuent à faire du tort à la femme.
    Dans le Coran, Dieu affirme qu’Il créé l’humanité à partir d’une âme unique :


    « Ô vous les hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être (min nafsin wâhidah ou d’une seule âme), et a créé de celui-ci son couple (zawjahâ), et qui de ces deux-là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d’hommes et de femmes. Craignez Dieu au nom duquel vous vous implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens du sang. Certes Dieu vous observe parfaitement »[1].




    Beaucoup de musulmans et parmi eux, certains savants, sans doute influencés par le récit biblique de la création, vont dire que Dieu a créé l’homme et qu’à partir de sa côte, Il a créé la femme. Ceci expliquerait pourquoi la femme serait naturellement inférieure à l’homme.


    Or, cette idée est étrangère au Coran.
    Par ailleurs, Eve – la femme – est-elle La Tentatrice ? Serait-elle naturellement plus disposée que l’homme à faire le mal ? Est-ce à cause d’elle que l’homme commet le mal ?
    Cette idée populaire est étrangère au Coran.
    Dans le récit coranique, ce n’est pas Eve (Hûwâ) qui tente Adam mais le diable qui a tenté le couple Adam et Eve et qui leur a fait commettre le péché :



    « Puis le Diable, afin de leur rendre visible ce qui leur était caché - leurs nudités - leur chuchota, disant : ‘‘Votre Seigneur ne vous a interdit cet arbre que pour vous empêcher de devenir des Anges ou d’être immortels’’ »[2].



    Tous deux ont été tentés par le diable, et tous deux vont commettre l’interdit :


    « Tous deux (Adam et Eve) en mangèrent. Alors leur apparut leur nudité. Ils se mirent à se couvrir avec des feuilles du paradis. Adam désobéit ainsi à son Seigneur et il s’égara »[3].



    Plus largement, toute personne, homme ou femme, est animée d’une double tendance vers le bien et le mal :
    « Et par l'âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée ;
    et lui a alors inspiré son immoralité, de même que sa piété !
    A réussi, certes, celui qui la purifie.
    Et est perdu, certes, celui qui la corrompt »[4].


    Et chacun responsable du bien et du mal qu’il réalise dans sa vie :


    « Quiconque fait une mauvaise action ne sera rétribué que par son pareil; et quiconque, homme ou femme, fait une bonne action tout en étant croyant, alors ceux-là entreront au Paradis pour y recevoir leur subsistance sans compter »[5].


    Ainsi


    « La femme, en islam, n’est pas la source du mal. Elle n’a pas tenté Adam. Le diable et la mort, qu’ils soient physiques ou moraux, ne sont pas venus au monde par sa cause. L’histoire coranique d’Adam et Eve ne mentionne pas Eve dans l’acte de désobéissance. (…) La condamnation de la femme par Saint-Paul comme véhicule à travers lequel la mort est venue au monde, qu’elle soit physique ou morale, est totalement absente en islam »[6]


    En somme, Adam et Eve sont de même nature. Ils sont embarqués dans la même aventure : vivre, jouir de toutes les bonnes choses, tout en prenant le risque d’être confrontés au mal qui vient du fait que chacun est libre d’agir comme il le désir. Hommes et femmes sont alliés dans l’épreuve de la vie, pour comprendre le monde, pour rechercher la sagesse et la connaissance, pour cultiver l’amour et le plaisir dans le couple, pour jouir des bonnes choses et pour résister contre les injustices


    2. Le sens de la vie, de l’interdit et du permis



    Adam et Eve avaient le paradis pour « sakan », Maison. Dieu les invite à jouir de toutes les bonnes choses qui leur sont offertes, tout en respectant un seul interdit :
    « O Adam, habite le Paradis, toi et ton épouse ; et mangez tous deux, à votre guise ; et n’approchez pas l’arbre que voici ; sinon, vous seriez du nombre des injustes »[7].
    Mangez de toutes choses, à l’exception de cet arbre uniquement. Tout est permis, sauf cet arbre. Telle était leur épreuve.
    Le récit de la création nous forme à bien comprendre le sens de l’interdit et du permis. Ce n’est pas le récit du « péché originel » mais de « la permission originelle ». A l’origine, dans la Maison du Paradis comme dans notre Maison commune – la Terre – tout est bon à l’exception de ce que Dieu a interdit afin de contenir en l’homme les excès et les injustices dont ce dernier est capable.
    En effet, Dieu a créé tout ce qui est sur terre pour que l’homme puisse en jouir dans sa vie. La permission est la règle générale tandis que l’interdiction n’est qu’une exception. A l’origine, tout est permis : c’est ce que les savants musulmans classiques appellent le principe de « la permission originelle » (al-ibâha aslîyah), principe que l’on peut déduire notamment de ces versets :


    « C’est Lui qui a créé pour vous tout ce qui est sur la terre (…) »[8].
    « Ne voyez-vous pas que Dieu a mis à votre service ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre ? Il a répandu sur vous des bienfaits apparents et cachés... ».[9]
    L’islam est un Appel universel à jouir de toutes les bonnes choses de la vie : l’amour, le plaisir partagé avec une femme ou un homme, les bonnes nourritures, etc. Il n’y a aucun péché originel, aucune culpabilité dont nous serions héritiers : tout est bon dans la vie, à l’exception de ce que Dieu a interdit afin de protéger l’homme contre ses propres excès et injustices :
    « (…) Mangez et buvez de ce que Dieu vous accorde ; et ne semez pas de troubles sur la terre comme des fauteurs de désordre ».[10]

    Ainsi, le récit de la création d’Adam et Eve illustre le sens de la vie : on est dans un univers où chacun est libre et où tout est permis, à l’exception de quelques limites nécessaires à la vie en société. Chacun est confronté au combat entre le bien et le mal qui a lieu à l’intérieur de lui et dans la vie en société.


    .../...


    Conclusion
    Le récit de la création, tel que nous l’offre le Coran, est plein de sagesses utiles pour nous aujourd’hui :
    • Chacun d’entre nous est confronté au grand combat de la vie : le combat entre le bien et le mal qui se déroule à l’intérieur de lui et autour de lui. Chacun est invité à bien connaître le monde pour bien résister contre les voix qui séduisent et poussent vers le mal.
    • Tout est permis dans la vie, à l’exception de quelques limites dont la finalité est de préserver contre un excès, un mal, ou une injustice.
    • L’homme et la femme sont égaux dans ce combat de la vie, ils sont alliés, partenaires, ils ont besoin l’un de l’autre pour réussir l’épreuve de la vie.
    • L’être humain ne peut pas à la fois aimer autant le pouvoir d’être libre et imputer la responsabilité du mal à Dieu ou au diable. Etre libre, c’est avoir aussi le pouvoir de réaliser le mal sur terre.
    • Pas besoin de sortir de la religion ou de réformer la religion pour jouir et cultiver les bonnes choses de la vie : l’amour, le plaisir sexuel, la connaissance, la recherche scientifique ou intellectuelle… L’amour, le plaisir et la recherche de la connaissance sont des bonnes actions, des actes d’adoration, au même titre que la prière, le jeûne, le don, etc.



    Source :


    mediapart.fr/





    Notes :
    [1] Coran 4 : 1
    [2] Coran 7 : 20
    [3] Coran 20 : 121
    [4] Coran 91 : 7-10
    [5] Coran 40 : 40
    [6] Ismâ’îl Râjî al-Fârûqî, Islam. Religion, practice, culture & world order, IIIT, Washington, 2012, p59
    [7] Coran 7 : 19
    [8] Coran 2 : 29
    [9] Coran 31 : 20
    [10] Coran 2 : 60.
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