Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Tunisie, première démocratie imparfaite du monde arabe ?

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Tunisie, première démocratie imparfaite du monde arabe ?

    La Tunisie s'est toujours vue vantée être le seul Etat laïque du Maghreb. Reste à savoir si la laïcité est un élément essentiel à la démocratie? Pas sûr.

    Actuellement, une majorité de Tunisiennes et Tunisiens regrettent les temps sous le dictateur de Ben Ali.

    - La Tunisie a émergé comme le seul succès des soulèvements du Printemps arabe de 2011. Alors que la Libye, le Yémen et la Syrie ont sombré dans la guerre civile et que l’Égypte est devenue une dictature militaire, la Tunisie a plutôt opté pour la transition et le maintien de sa démocratie.

    Sa transition a bénéficié de plusieurs avantages structurels, notamment une population homogène, une armée politiquement faible, une société civile forte et un rapport de forces relatif entre islamistes et laïcs. La transition tunisienne reste toutefois fragile. Au cours des dernières années, le public tunisien a été déçu de la démocratie pour son incapacité à améliorer l’économie. Entre-temps, les élites dirigeantes ont adopté une série de lois et de mesures problématiques indiquant un retour en arrière.

    Le cas Essebsi

    Essebsi a contribué à unir un environnement politique instable. Il était laïciste mais s’efforçait de gouverner au nom de tous les tunisiens. Il a également navigué dans une coalition délicate avec le mouvement politique islamiste modéré.

    Après la destitution de Ben Ali, les plaintes concernant l’état de la démocratie en Tunisie se sont poursuivies. En réponse, Essebsi a fondé le Comité des libertés individuelles et de l’égalité en 2017. Le Comité était chargé d’identifier les lois inconstitutionnelles et de proposer des réformes.
    En collaboration avec les organisations de défense des droits de l’homme et de la société civile, le comité a recommandé des modifications majeures aux lois limitant l’égalité des sexes. Celles-ci incluent notamment l’égalité des droits en matière d’héritage et le droit d’épouser des non-musulmans. Au moment de la mort d’Essebsi, de nouvelles lois sur l’héritage étaient sur le point d’entrer en vigueur.

    L’ancien président a également pris des mesures pour améliorer la liberté de la presse. Selon les évaluations annuelles de Reporters sans frontières, le classement de la Tunisie dans le domaine de la liberté de la presse est passé de 164 sur 180 pays évalués à 72 sous le régime d’Essebsi.

    Le mandat d’Essebsi n’était cependant pas sans défaut. La Tunisie a connu des difficultés économiques depuis 2014. Le pays est également confronté à une grave crise sécuritaire sous la forme d’une insurrection djihadiste violente. Le tourisme, une pierre angulaire de la croissance économique, a diminué en raison du terrorisme et de l’instabilité qui en a résulté.

    Les réformes qui ont valu à Essebsi de larges éloges en Occident ont souvent provoqué une forte réaction de la part d’éléments conservateurs en Tunisie. Et malgré le fait de donner plus de liberté à la presse, les journalistes et autres Tunisiens ont continué de vivre sous la surveillance du gouvernement. Leurs libertés d’expression sont toujours restreintes.
    (…).
    Désillusion

    La désillusion a contribué à la radicalisation des jeunes Tunisiens. Environ 30 000 d’entre eux ont tenté ou réussi à se rendre sur les champs de bataille en Syrie et en Irak pour le compte de Daech. Beaucoup cherchent maintenant à revenir. Tunis, la capitale, a été secouée par deux attentats suicides à la bombe perpétrés en juin et revendiqués par le groupe État islamique.

    Pourtant, la transition de la Tunisie vers la démocratie s’est révélée plus résiliente que certains ne le prévoyaient. La campagne électorale en grande partie pacifique a suscité l’espoir que le pays réalisera son transfert de la présidence d’un dirigeant élu à un autre, considéré comme un obstacle majeur au développement des jeunes démocraties.

    La course a été assaillie de controverses et de surprises. Le leader présumé, Karoui, un nabab des médias, a été emprisonné en août dans une affaire controversée d’évasion fiscale, mais reste sur le bulletin de vote. Le parti conservateur du président défunt s’est brisé dans une rivalité entre ses anciens dirigeants, tandis que le principal parti islamiste modéré du pays a présenté un candidat pour la première fois.

    Deux douzaines de candidats se sont disputés la grande course, y compris les vestiges de l’ancien régime autocratique et le premier candidat tunisien ouvertement homosexuel.

    Beaucoup attribuent le succès de la Tunisie à un esprit de compromis des factions politiques disparates du pays, qui ont conclu un pacte en 2013 pour éviter le destin de l’Égypte. Le pays avait également mis en place une commission vérité(Instance Vérité et Dignité (IVD) qui a fait la lumière sur les abus du gouvernement passé dans un esprit de justice transitionnelle.

    Le président défunt, Beji Caid Essebsi, a guidé la transition de la Tunisie vers la démocratie, alors qu’il était un haut responsable de l’ancien régime, il a poursuivi des réformes juridiques et a fait de son parti une coalition gouvernementale avec un parti islamiste.

    M. Essebsi n’a pas laissé de successeur en poste et, depuis son décès, plusieurs candidats se disputent la circonscription conservatrice laïque qu’il représentait, parmi lesquelles le Premier ministre Youssef Chahed et le ministre de la Défense, Abdelkarim Zbidi.

    Ennahda, le parti islamiste modéré avec lequel il travaillait, a nommé M. Mourou, après avoir précédemment évité la présidence par crainte des pressions que pourrait subir un gouvernement islamiste. Sa candidature rappelle la façon dont la Tunisie a réussi à éviter le sort de l’Égypte, qui a élu le président islamiste Mohammed Morsi en 2012 et a ensuite vu sa brève expérience de la démocratie se terminer par un coup d’État militaire-.

    Article 19.ma ((extraits)
Chargement...
X