Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Il faut bénir la petite boîte de Richard Petri

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Il faut bénir la petite boîte de Richard Petri

    Cela cent vingt ans que la petite boîte de Richard Petri tient le haut du pavé dans tous les laboratoires de biologie du monde. Et en dépit des progrès scientifiques et des avancées techniques, c'est toujours l'un des instruments les plus utilisés par les laborantins. Rares sont les véritables puits de science d'aspect aussi banal mais aux possibilités aussi extraordinaires : la vérité est toujours au fond de la boîte de Petri.

    Cette boîte est une sorte d'« animalerie » pour micro-organismes. On y « élève » des millions de bactéries, levures ou champignons, mais aussi des cellules dites supérieures, animales, végétales ou humaines pour les caractériser, les analyser, découvrir leurs secrets. En verre ou en plastique transparent (on peut la placer sous un microscope), ronde ou carrée, d'un diamètre de quelques centimètres (en général entre 5 et 20), elle se compose d'un réceptacle et d'un couvercle. Elle est facilement manipulable, déplaçable, empilable et d'un faible coût... Elle assure à la fois stérilité et oxygénation à son contenu et est partiellement remplie d'un liquide nutritif gélifié pour le développement des colonies de cellules.

    C'est en 1887 que Richard Julius Petri (1852-1921), bactériologiste allemand, invente cette boîte qui ne mettra pas longtemps à s'imposer comme la reine des laboratoires de biologie. Il était alors assistant de Robert Koch (1843-1910), médecin allemand « découvreur » de l'agent responsable de la tuberculose, encore aujourd'hui appelé bacille de Koch (Mycobacterium tuberculosis). Prix Nobel de médecine en 1905, Koch est aussi le premier à avoir cultivé le bacille du charbon, Bacillus anthracis, et à avoir isolé l'agent microbien du choléra, Vibrio cholerae, le bacille virgule.

    Si l'homme utilise les micro- organismes depuis des milliers d'années (les Babyloniens faisaient déjà de la bière six mille ans avant J.-C.), ce n'est qu'au XVIIe siècle qu'ils sont pour la première fois observés. Rappelons que les bactéries, par exemple, invisibles à l'oeil nu, ont une taille de l'ordre du millionième de mètre alors que l'oeil humain a un pouvoir séparateur de 0,1 mm. Antonie Van Leeuwenhoek (1632-1733), mercier et drapier à Delft de son état, s'était pris de passion pour les premiers microscopes composés de lentilles doubles convexes maintenues entre des plaques d'argent. Il est ainsi arrivé à obtenir des grossissements de 50 ou 60 fois et observait tout ce qu'il pouvait. En plaçant des échantillons dans des gouttes d'eau et en l'éclairant à 45°, il put voir des micro- organismes qu'il appela « animalcules ». Il envoya d'ailleurs en 1673 ses observations, avec des dessins, à la Royal Society de Londres.

    Il faudra néanmoins attendre le XIXe siècle pour voir réellement naître la bactériologie. Louis Pasteur en est le fondateur. Si on connaissait les germes et les mi-crobes avant lui, il est le premier à établir formellement le lien entre les micro-organismes et les maladies. Il devra combattre plusieurs années pour vaincre les partisans de la « génération spontanée ». Il devra ainsi lutter contre un jeune journaliste, Georges Clemenceau. Médecin de formation, contrairement à Pasteur, il met en cause ses compétences et l'accuse de parti pris idéologique.

    Un extrait d'algue rouge

    Mais la « génération spontanée » est vaincue. En Allemagne, Robert Koch et son assistant perfectionnent les techniques de culture de germes. Une des premières méthodes utilisées par Koch est d'isoler ses bactéries à la surface de pommes de terre cuites et coupées. Les cultures ne se développaient pas toujours. Ils essayent également des techniques consistant à solidifier un milieu nutritif à l'origine liquide. Pour cela, on y ajoute de la gélatine ou du sérum sanguin qui coagule. Le seul défaut de ces préparations est que la gélatine se liquéfie à des températures supérieures à 28 °C. On ne peut donc l'utiliser pour cultiver des bactéries qui se développent à la température du corps humain.

    L'histoire dit qu'une amie de la femme de Robert Koch, Saly Hess, avait l'habitude de solidifier ses confitures avec une gélose appelée agar, un polymère de sucre (polysaccharide du galactose) extrait d'une algue rouge. C'est aujourd'hui le E 406 dans la liste des additifs alimentaires. Cinq à six grammes de poudre d'agar par kilo de fruit sont nécessaires. L'agar ne fond qu'à partir de 60 °C. Parallèlement donc, Richard Petri invente sa boîte et développe des milieux nutritifs mêlant agar, extraits de viande ou protéines digérées.

    Aujourd'hui, on continue à utiliser largement l'agar pour confectionner des milieux de culture synthétiques dont on maîtrise complètement la composition chimique.

    Les milieux de culture peuvent contenir des extraits de levure qui apportent des acides aminés, des vitamines et de l'azote, des extraits de malt comme source de carbone, des protéines animales, de poisson ou de caséine de lait qui fournissent l'azote organique. On peut à volonté réaliser des milieux qui ne permettent le développement que d'un type précis de bactéries ou au contraire qui autorisent tout type de germe. Merci Richard Petri.

    Par Le Figaro
Chargement...
X