Algérie : inquiétante vague d’arrestations d’opposants
La répression contre ceux qui critiquent les méthodes autoritaires du pouvoir prend une ampleur inégalée en Algérie depuis la guerre civile des années 1990. Manifestants, journalistes, militants des droits de l’homme, acteurs politiques : la liste des prisonniers d’opinion s’allonge dangereusement
Nour el Houda, étudiante incarcérée à la prison d’El Harrach à Alger, a été arrêtée lors d’une manifestation contre le pouvoir
Par Middle East Eye
Date de publication: Mercredi 16 octobre 2019 - 14:45
C’est un extrait d’une lettre évoquant le désarroi d’un avocat qui découvre une jeune étudiante de 22 ans raflée lors d’une manifestation, plongée dans une profonde détresse causée par sa nouvelle condition de « prisonnière politique ». À la jeune fille, Nour el Houda Dahmani, paralysée par la honte et la terreur de se trouver en prison, l’avocat écrit : « Tu n’as pas à avoir honte, tu es pour nous le sens même de l’honneur ».
Sa photo fait désormais partie des dizaines de milliers d’autres reproductions de portraits de détenus politiques que les manifestants en Algérie brandissent chaque mardi et chaque vendredi pour réclamer leur libération.
Des contenus jugés attentatoires au « moral » de l’armée
Ils sont près de 140 Algériens, pour certains depuis quatre mois, à être en prison pour avoir ouvertement critiqué le pouvoir pour avoir manifesté, ou pour avoir publié sur leur compte Facebook ou Twitter des contenus jugés attentatoires au « moral » de l’armée.
Depuis quelques semaines, la cadence des arrestations politiques en Algérie s’est accélérée et prend les allures d’une campagne à large échelle contre la contestation d’où qu’elle vienne, incluant y compris les journalistes qui couvrent et rapportent cette contestation.
Le 10 octobre, Abdelouahab Fersaoui, président du Rassemblement action jeunesse (RAJ), une des figures du hirak, a été arrêté durant un sit-in en soutien aux détenus d’opinion organisé devant un tribunal au centre-ville d’Alger. Cinq membre de la même ONG ont été incarcérés une semaine auparavant.
Fersaoui est poursuivi pour « atteinte à l’intégrité du territoire national » et « incitation à la violence».
Le 14 octobre, le journaliste Adel Azeb Cheikh de Radio Oued, la radio locale de la ville d’El Oued dans le sud-est de l’Algérie, a été incarcéré pour avoir, selon le HuffPost Algérie, publié sur son compte Facebook personnel les images d’un rassemblement de protestation des chômeurs de la ville d’El Oued devant l’agence de l’emploi.
Le journaliste a été emprisonné en même temps que trois jeunes protestataires après que le directeur de l’agence de l’emploi a déposé plainte pour « publication d’images sans autorisation de l’auteur, injures et insultes ».
Le 15 octobre, le journaliste Said Boudour est emprisonné à son tour à Oran.
Said Boudour, qui est aussi membre du bureau de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme d’Oran, avait été arrêté auparavant, le 6 octobre, placé en garde à vue et présenté le lendemain devant le procureur puis remis en « liberté provisoire ». Puis emprisonné le 15 Octobre. Il est accusé, lui aussi, d’« atteinte au moral de l’armée ».
La répression contre ceux qui critiquent les méthodes autoritaires du pouvoir prend une ampleur inégalée en Algérie depuis la guerre civile des années 1990. Manifestants, journalistes, militants des droits de l’homme, acteurs politiques : la liste des prisonniers d’opinion s’allonge dangereusement
Nour el Houda, étudiante incarcérée à la prison d’El Harrach à Alger, a été arrêtée lors d’une manifestation contre le pouvoir
Par Middle East Eye
Date de publication: Mercredi 16 octobre 2019 - 14:45
« Le corps chétif… L’humeur sombre… Les gestes lourds… Les yeux tristes… L’esprit distrait… Elle ne lève presque pas le visage du sol et ne répond que par un oui ou un non… »
« Tu n’as pas à avoir honte, tu es pour nous le sens même de l’honneur »
- Lettre d’un avocat à l’étudiante Nour el Houda Dahmani
- Lettre d’un avocat à l’étudiante Nour el Houda Dahmani
Des contenus jugés attentatoires au « moral » de l’armée
Ils sont près de 140 Algériens, pour certains depuis quatre mois, à être en prison pour avoir ouvertement critiqué le pouvoir pour avoir manifesté, ou pour avoir publié sur leur compte Facebook ou Twitter des contenus jugés attentatoires au « moral » de l’armée.
Depuis quelques semaines, la cadence des arrestations politiques en Algérie s’est accélérée et prend les allures d’une campagne à large échelle contre la contestation d’où qu’elle vienne, incluant y compris les journalistes qui couvrent et rapportent cette contestation.
Le 10 octobre, Abdelouahab Fersaoui, président du Rassemblement action jeunesse (RAJ), une des figures du hirak, a été arrêté durant un sit-in en soutien aux détenus d’opinion organisé devant un tribunal au centre-ville d’Alger. Cinq membre de la même ONG ont été incarcérés une semaine auparavant.
Fersaoui est poursuivi pour « atteinte à l’intégrité du territoire national » et « incitation à la violence».
Le 14 octobre, le journaliste Adel Azeb Cheikh de Radio Oued, la radio locale de la ville d’El Oued dans le sud-est de l’Algérie, a été incarcéré pour avoir, selon le HuffPost Algérie, publié sur son compte Facebook personnel les images d’un rassemblement de protestation des chômeurs de la ville d’El Oued devant l’agence de l’emploi.
Le journaliste a été emprisonné en même temps que trois jeunes protestataires après que le directeur de l’agence de l’emploi a déposé plainte pour « publication d’images sans autorisation de l’auteur, injures et insultes ».
Le 15 octobre, le journaliste Said Boudour est emprisonné à son tour à Oran.
Said Boudour, qui est aussi membre du bureau de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme d’Oran, avait été arrêté auparavant, le 6 octobre, placé en garde à vue et présenté le lendemain devant le procureur puis remis en « liberté provisoire ». Puis emprisonné le 15 Octobre. Il est accusé, lui aussi, d’« atteinte au moral de l’armée ».
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