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Affaire Khalifa: fâqou ou le bon goût des couleuvres !

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  • Affaire Khalifa: fâqou ou le bon goût des couleuvres !

    Combien êtes-vous à avoir cru vraiment à ce... - comment d’ailleurs le qualifier ? Combien êtes-vous à être satisfaits par le verdict de ce «procès du siècle» ? Combien êtes-vous, intellectuels, personnalités politiques, cadres, en activité, au placard ou à la retraite, à y souscrire ? Allez-vous réagir ? Faire entendre votre voix, et dire que tout cela est scandaleux ? Ou alors, allez-vous perpétuer cette habitude bien algérienne qui consiste à n’en penser pas moins mais surtout, surtout, à ne rien en dire de plus ?

    Que me dites-vous ? Qu’il faut faire semblant et attendre de meilleurs jours... Que ce n’est pas la première fois qu’un tel fiasco s’abat sur le pays ? Ce serait donc la solution: attendre en se disant que les choses changent puisque, dans l’histoire de l’Algérie indépendante, les situations ont toujours fini par évoluer, les puissants du jour n’étant pas forcément les maîtres de demain.

    Soit. Faisons semblant d’y croire. Croyons dur comme fer que c’est la procédure habituelle d’une investigation que de détruire des documents liés à une instruction et restons dans de bonnes dispositions d’esprit en ne voyant rien d’anormal à ce que quelqu’un qui a reconnu avoir usé d’un faux devant une cour de justice ne soit pas inquiété outre mesure.

    Et puisqu’on est bien partis, cessons d’accorder le moindre crédit aux rumeurs à propos de cette agence de la Khalifa Bank qui était située à Koléa. Et toujours à propos de radio trottoir, on fera aussi l’impasse sur ces histoires d’appartements parisiens en espérant que la justice française qui enquête sur cette affaire va elle aussi adopter notre profil très conciliant...

    On va donc faire semblant de croire qu’Abdelwahab Keramane, l’homme qui a conduit les négociations - longues et difficiles - avec le Fonds monétaire international au sujet du rééchelonnement de la dette extérieure - époque où l’Algérie tendait la sébile parce que les caisses étaient vides et que le terrorisme ensanglantait le pays - n’a rien trouvé de mieux que de s’acoquiner avec un trabendiste, aussi mégalomane qu’incompétent, pour gagner quelques misérables argents. Il suffit de parler de cet homme aux fonctionnaires des grandes institutions internationales pour comprendre sa stature. «C’est à désespérer de l’Algérie», a été le commentaire d’une grande figure du FMI.

    On va faire semblant aussi de croire qu’Abdenour Keramane, l’homme qui était au premier rang lorsque Boudiaf fut assassiné et qui est reconnu par ses pairs comme étant l’un des meilleurs experts des enjeux énergétiques du bassin méditerranéen - et fondateur de surcroît d’une revue de haute facture sur ces questions - avait besoin d’une quelconque tchippa pour arrondir sa retraite de haut serviteur de l’Etat algérien. Déjà victime en son temps de la «dé-boumedianisation», il vient de découvrir que services rendus au pays ne valent pas médaille.

    On va faire semblant de croire que Khalifa, sorti de nulle part au début des années 1990, s’est fait tout seul. Que personne ne lui a pris la main, que personne n’a passé d’ordre pour l’aider, que personne, mais vraiment personne, n’a ordonné à des patrons d’entreprises publiques ou d’organisme sociaux de placer leurs avoirs dans la banque du dit monsieur, que les coups de fils d’injonction sont une invention des journalistes et des ennemis de l’Algérie...

    On va faire semblant de croire, que Khalifa est l’exemple unique en matière de génération spontanée d’un banquier voyou. Et on va croire que le seul et unique problème dans cette affaire fut l’agrément de sa banque. Mieux, on va faire semblant d’oublier ce prix de meilleur manager attribué au désormais fugitif londonien par des sénateurs algériens. Ouais, on va faire semblant...

    Mais, à bien y réfléchir, je ne vais pas faire semblant d’y croire. Ce procès qui vient de s’achever n’a été rien d’autre qu’une mascarade. Il sauve la peau d’intrigants qui ont bien couvert leurs arrières mais il ne réglera pas les problèmes de l’Algérie pas plus qu’il ne rendra justice aux milliers d’épargnants spoliés par Khalifa Bank. Comme disent les Anglo-Saxons : «I don’t buy it». Je n’achète pas ces couleuvres que l’on veut nous faire avaler. «Le procès du siècle»... Tu parles, Bekhta !

    Dans les coulisses, il y a quelques fripouilles, donneuses de leçons de patriotisme à deux sous, qui rient aux éclats car leur business sur le dos de l’Algérie continue. Loin des regards et des polémiques, ils vont mener leurs petites affaires pour ensuite aller glaner le gain de leurs forfaitures. A Paris, Genève ou à Washington, leurs sociétés-écrans, leurs bureaux d’études de pacotille, leurs intermédiaires continueront à empocher commissions et tchippates.

    L’histoire balbutie. Dix ans à peine après la scandaleuse affaire Sider - souvenez-vous du «vous avez été victime des circonstances» lancé quelques années plus tard aux accusés, futurs acquittés, par un dirigeant de l’époque - des commis de l’Etat ont encore été condamnés, boucs émissaires idéaux dans une affaire qui n’a finalement livré aucun secret.

    Oui, je sais ce que vous allez me dire. Comment puis-je émettre le moindre jugement à distance ? Je ne fais que vous restituer mes conclusions basées sur ce que j’ai lu et entendu durant ces dernières semaines. La presse algérienne a rapporté, parfois même sans s’en rendre compte, les incohérences de ce procès et cela me suffit à forger une «plus que conviction».

    Et s’il y a une dose subjective, je la revendique haut et fort, mais non pas pour les personnes citées ci-dessus, mais pour deux autres accusés. Réda A. est mon ami et j’aimerais que l’on m’explique comment et pourquoi quelqu’un de son niveau et de son éducation avait besoin de truander le monde pour les beaux yeux d’un patron qui ne lui arrivait pas à la plante des pieds.

    Quant à Sakina T., on ne me fera pas avaler qu’une experte de sa valeur, rentrée au pays pour «y faire quelque chose», quand tous ou presque le fuyaient, n’est qu’une vulgaire criminelle.

    Et quoique tous aient fait, avoir été condamné à l’issue de ce... - décidément je ne trouve pas mes mots - est déjà, et de toutes les façons, une première réhabilitation. En un mot: fâqou !

    Par Akram Belkaïd, Le Quotidien d'Oran

  • #2
    je pense qu'un autre octobre 88, mais pacifique et plus persistant, est necessaire

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