A Uttenhoffen, village alsacien qui a voté à près de 44% pour Jean-Marie Le Pen au 1er tour des présidentielles 2002, l'extrême-droite fait peur, mais la gauche encore plus. Et c'est toujours l'autre qui vote Front national.
Seul Frédéric, 18 ans, technicien d'usinage en apprentissage, affirme sans détour qu'il votera Le Pen le 22 avril prochain.
"
C'est Le Pen qui propose le plus de choses pour les ouvriers", explique le jeune apprenti.
Le message sécuritaire du président du Front national, Jean Marie Le pen lui convient aussi: "Je suis contre le vandalisme et le désordre. Je veux plus de discipline en France: le pays est à la dérive".
Dans ce village de 180 habitants, presque tous expliquent qu'ils ont choisi Le Pen en 2002 "pour protester" contre les partis traditionnels, mais qu'ils voteront blanc, ou Nicolas Sarkozy, ou peut-être François Bayrou à la prochaine élection présidentielle.
Cette fois-ci, assurent-ils, ils ne voteront pas pour Le Pen parce qu'il "fait peur", qu'il "vieillit mal" ou qu'"il n'a pas l'expérience du gouvernement". Mais ils voteront encore moins pour la gauche jugée trop laxiste avec les immigrés et les délinquants et trop gourmande avec des impôts qui servent, selon eux, à financer des "assistés" aux dépens de la classe laborieuse.
Madeleine Schweitzer, 65 ans, grand-mère de Frédéric, explique qu'elle est allergique à Le Pen "car en Alsace, on a déjà eu l'expérience de l'extrême-droite pendant la guerre et on a vu que ça craint".
Pour René Urban, adjoint au maire d'Uttenhoffen, l'une des raisons du vote extrémiste du village en 2002 est la communauté gitane sédentarisée qui vit dans des caravanes et des maisons dégradées, près du champ de tir de Mertzwiller, à six kilomètres de là. "Ils zigzaguent comme des fous avec leurs voitures à travers le village et ne respectent pas les lois", explique-t-il. Il rappelle aussi que le supermarché de Mertzwiller n'a rouvert ses portes qu'avec des vigiles en raison des vols et de l'insécurité.
Dans ce village qui paraît tout juste sorti d'un album du dessinateur Hansi, le vote extrémiste s'explique aussi par le désespoir des gens qui ont des salaires et des retraites minuscules.
"Beaucoup d'agriculteurs retraités votent à l'extrême droite parce qu'ils ont une toute petite retraite", selon M. Urban, ancien éleveur de moutons.
"On n'a pas le moral: les gens en ont marre de ne pas avoir de pognon, ils en ont marre des promesses jamais tenues de la droite et de la gauche", renchérit Joseph Roth, 50 ans, agent de sécurité incendie dans un hôpital, qui travaille depuis l'âge de 14 ans.
Thierry Roessler, 45 ans, témoigne lui aussi du "gros désespoir" des salariés qui, comme lui, s'appauvrissent. Ce boucher fait chaque semaine 400 km pour travailler en Suisse, "parce que les bouchers allemands et français qui bossaient en Allemagne à 2.000 € sont remplacés par des Polonais ou des Russes payés à 800 EUR".
"Avant, il y avait des riches, des moyens et des pauvres, mais maintenant, il n'y a plus que des riches et des pauvres", explique-t-il.
"Je vais voter blanc, car Ségolène et Sarkozy, c'est du blablabla pour les crétins", s'énerve-t-il. Pour ce boucher lourdement endetté, il n'y aura bientôt pas d'autre solution que de vendre sa maison de Mertzwiller, et de s'expatrier avec sa copine au Canada.
Par AFP
Seul Frédéric, 18 ans, technicien d'usinage en apprentissage, affirme sans détour qu'il votera Le Pen le 22 avril prochain.
"
C'est Le Pen qui propose le plus de choses pour les ouvriers", explique le jeune apprenti.
Le message sécuritaire du président du Front national, Jean Marie Le pen lui convient aussi: "Je suis contre le vandalisme et le désordre. Je veux plus de discipline en France: le pays est à la dérive".
Dans ce village de 180 habitants, presque tous expliquent qu'ils ont choisi Le Pen en 2002 "pour protester" contre les partis traditionnels, mais qu'ils voteront blanc, ou Nicolas Sarkozy, ou peut-être François Bayrou à la prochaine élection présidentielle.
Cette fois-ci, assurent-ils, ils ne voteront pas pour Le Pen parce qu'il "fait peur", qu'il "vieillit mal" ou qu'"il n'a pas l'expérience du gouvernement". Mais ils voteront encore moins pour la gauche jugée trop laxiste avec les immigrés et les délinquants et trop gourmande avec des impôts qui servent, selon eux, à financer des "assistés" aux dépens de la classe laborieuse.
Madeleine Schweitzer, 65 ans, grand-mère de Frédéric, explique qu'elle est allergique à Le Pen "car en Alsace, on a déjà eu l'expérience de l'extrême-droite pendant la guerre et on a vu que ça craint".
Pour René Urban, adjoint au maire d'Uttenhoffen, l'une des raisons du vote extrémiste du village en 2002 est la communauté gitane sédentarisée qui vit dans des caravanes et des maisons dégradées, près du champ de tir de Mertzwiller, à six kilomètres de là. "Ils zigzaguent comme des fous avec leurs voitures à travers le village et ne respectent pas les lois", explique-t-il. Il rappelle aussi que le supermarché de Mertzwiller n'a rouvert ses portes qu'avec des vigiles en raison des vols et de l'insécurité.
Dans ce village qui paraît tout juste sorti d'un album du dessinateur Hansi, le vote extrémiste s'explique aussi par le désespoir des gens qui ont des salaires et des retraites minuscules.
"Beaucoup d'agriculteurs retraités votent à l'extrême droite parce qu'ils ont une toute petite retraite", selon M. Urban, ancien éleveur de moutons.
"On n'a pas le moral: les gens en ont marre de ne pas avoir de pognon, ils en ont marre des promesses jamais tenues de la droite et de la gauche", renchérit Joseph Roth, 50 ans, agent de sécurité incendie dans un hôpital, qui travaille depuis l'âge de 14 ans.
Thierry Roessler, 45 ans, témoigne lui aussi du "gros désespoir" des salariés qui, comme lui, s'appauvrissent. Ce boucher fait chaque semaine 400 km pour travailler en Suisse, "parce que les bouchers allemands et français qui bossaient en Allemagne à 2.000 € sont remplacés par des Polonais ou des Russes payés à 800 EUR".
"Avant, il y avait des riches, des moyens et des pauvres, mais maintenant, il n'y a plus que des riches et des pauvres", explique-t-il.
"Je vais voter blanc, car Ségolène et Sarkozy, c'est du blablabla pour les crétins", s'énerve-t-il. Pour ce boucher lourdement endetté, il n'y aura bientôt pas d'autre solution que de vendre sa maison de Mertzwiller, et de s'expatrier avec sa copine au Canada.
Par AFP
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