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Intégration maghrébine: Ce qu’en pense le patronat algérien

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    Intégration maghrébine: Ce qu’en pense le patronat algérien

    Par Khedidja BELHADI*

    Les acteurs économiques sont les mieux placés pour poser les jalons, pour élaborer les concepts de l’intégration économique de cette région qui dispose d’avantages comparatifs insoupçonnés. Et ils sont les mieux placés pour le faire! Rappelons-nous que le processus de construction européenne a eu pour moteur l’initiative des acteurs économiques européens, mieux conscients que tous de leurs complémentarités et des fortes synergies que dégagerait une action commune quant au renforcement de leur position concurrentielle.
    Ma conviction est que la construction de l’ensemble maghrébin sera, de même, le résultat de l’action quotidienne, rigoureuse, constante et innovante des acteurs économiques maghrébins.
    Rappelons-nous que la première initiative qui a ouvert la longue marche vers la construction de l’ensemble européen a été un regroupement autour des industriels du charbon et de l’acier, qui fut la première institution européenne. Parler de cohésion suppose que l’on a déjà franchi l’étape la plus importante et qui celle de la prise de conscience. Il reste à réfléchir ensemble pour construire des démarches novatrices tout en étant pragmatiques.
    Le manager, l’entrepreneur, dans son sens noble, est bien celui qui entreprend, prend des risques, engage ses ressources propres, pour créer de la richesse et des emplois, pour apporter le progrès à tous. En tant que femme manager, j’oserai insister sur ce noble rôle pour l’inscrire dans un élan vital voué à créer des solutions porteuses de futur, des solutions innovantes qui ouvriraient de réelles perspectives stratégiques pour nos pays.

    Challenges

    Le commerce est par essence un acte structurant qui interagit sur tous les autres composants de la vie économique. Il l’est aussi, car ce que l’on réalise restera après nous et influera sur ce qui va être bâti demain.

    Les Maghrébins ont devant eux, à mon avis, trois grands challenges: Le challenge de la mondialisation. On ne peut plus en effet poser les problèmes comme par le passé. Aujourd’hui, le monde est un grand village où les frontières n’ont plus guère de sens. La révolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication a achevé de connecter l’espace monde. Les Maghrébins doivent désormais ainsi inscrire leurs logiques productives dans une approche mondiale résumée par cette sentence: «Think global, act local.» Il faut penser monde et agir localement. Ainsi, l’ouverture de nos frontières doit être perçue non pas seulement à travers les menaces qu’elle porte mais aussi et surtout pour les opportunités qu’elle nous ouvrirait et qu’il convient de déceler et d’identifier. Le challenge de l’innovation et de la performance. La conséquence que ce que nous avons énoncé plus haut, est qu’il nous faut impérativement nous porter aux standards de performance et d’excellence managériale et technologique de par le monde.
    · Le challenge de la bonne gouvernance et de la citoyenneté d’entreprise. Le monde devient plus compétitif, mais aussi plus organisé, plus transparent. Il nous impose d’aller vers un nouveau modèle d’entreprise dont la dynamique de croissance se fonde sur les ressources internes et le potentiel créatif. Cette entreprise, dont la gestion sera transparente et respectueuse de l’éthique, saura respecter les femmes et les hommes qui l’animent, qui s’y épanouiront et la renforceront ainsi davantage encore; elle saura préserver l’environnement et contribuer au progrès économique et social. Ce sera une entreprise citoyenne.
    Il me semblait utile d’insister sur notre philosophie des affaires pour poser les termes d’une réelle cohésion entre les acteurs économiques maghrébins. Nous devons absolument sortir des sentiers battus et de la langue de bois pour ambitionner réellement, en valorisant nos synergies, de construire notre compétitivité internationale. Nous devons à l’avenir, nous distinguer par notre modernité et notre quête de l’excellence.
    Cela suppose la multiplication des espaces de concertation entre acteurs économiques maghrébins. Ces espaces seront, à l’image de ce qui s’est réalisé en Europe, préservés des enjeux politiques et porter sur les préoccupations concrètes des entrepreneurs.
    Les projets menés en commun devront, pour se multiplier, être réalistes et porteurs de futur. Nous devons être pragmatiques et multiplier les petites initiatives, faciles à mener, et dès lors les réussites auront un fort pouvoir pédagogique. A la faveur de celles-ci nous nous connaîtrons davantage et pourrons construire des approches et lancer des projets plus ambitieux.
    L’Algérie connaît un grand dynamisme de son secteur du bâtiment et des travaux publics. Le programme de réalisation d’un million de logement, mais aussi les grands projets d’infrastructure lancés par le gouvernement sont de nature à impulser sensiblement la croissance des entreprises du secteur tout en ouvrant des perspectives de partenariat avec d’autres entreprises maghrébines. Notre opinion est que l’Etat doit inscrire comme impératif stratégique le développement et la modernisation des capacités nationales de réalisation d’infrastructures. Il n’est pas possible d’ignorer cet aspect important du développement national en se focalisant uniquement sur l’atteinte des seuls objectifs coût/délai dans la réalisation de ces projets d’infrastructure. Le développement des moyens nationaux de réalisation, publics et privés, qui doivent trouver là une opportunité unique de modernisation et d’expansion, aura pour effets l’impulsion d’une dynamique d’accumulation hors hydrocarbures, condition nécessaire à une croissance autoentretenue, une accumulation d’expertise et la création d’emplois. L’Etat doit ainsi imposer aux soumissionnaires étrangers le recours à des partenariats avec des entreprises nationales. Notre conviction aussi est qu’il y ait réciprocité chez nos voisins maghrébins, qu’à l’échelle du Maghreb il y ait en quelque sorte un critère de «préférence maghrébine» dont bénéficieraient les entreprises de cette zone qui ouvrirait des opportunités d’affaires à tous.

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    Parcours

    Le formation universitaire, Khedija Belhadi fut la première femme membre fondatrice du premier patronat algérien en 1989. Dans une Algérie qui découvrait à peine l’économie de marché, rien ne prédestinait cette femme, patronne dans le secteur du bâtiment, à d’abord se positionner dans l’entrepreneuriat et ensuite conduire les destinées du monde des affaires de ce pays. «Si ce n’est la volonté de prouver qu’une femme avait les mêmes capacités d’entreprendre», confie-t-elle à L’Economiste. Cette détermination l’aidera d’ailleurs à l’emporter sur les nombreuses difficultés: bureaucratie, accès au financement…
    Son entreprise, Edecor, amorcera un tournant en 1996 en s’alliant à la multinationale Monda, premier fabricant mondial de revêtement de sol sportif. Edecor sera d’ailleurs la première entreprise en Algérie à avoir réalisé et réussi des infrastructures sportives, notamment les pistes d’athlétismes construites selon des standards internationaux. Belhadi intègre la chambre de commerce et de l’industrie, où elle fut élue dans la section études et construction en 1986.
    A cette époque, l’Algérie n’autorisait pas le secteur privé à s’ouvrir sur le monde économique extérieur, et les difficultés étaient nombreuses en matière de respect des normes de construction notamment. Elle occupera différentes fonctions au sein des groupes et associations d’entreprises algériennes: Conseil national consultatif de la promotion pour la PME/PMI, membre fondateur et présidente de l’Association des Algériennes managers & entrepreneurs (l’équivalent de l’Afem), Association pour la création et la promotion de l’entreprise, Conseil national économique et social.
    Belhadi était présente au Forum pour le développement de l’Afrique du Nord qui s’est tenu au mois de février à Marrakech.



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    Nouvelles approches

    En règle générale, notre grande ambition devra être d’aller vers les capacités d’intervention à forte valeur ajoutée. Nous devons viser les actions de partenariat et de coopération requérant un haut niveau. Seules ces actions pourront distinguer les concurrents à l’avenir, et seules celles-ci peuvent assurer la pérennité maghrébine qui sont de plus en plus concurrencées sur leur marché domestique par des concurrents venant de plus en plus loin et dont le marché domestique ne suffit plus à assurer la viabilité.
    La concurrence sera encore plus féroce à l’avenir avec l’ouverture des frontières nationales dans le cadre des accords internationaux conclus par nos pays. Et ce n’est pas forcément un mal. Il ne suffit donc pas de se regrouper; il faut aller vers de nouvelles approches, viser un niveau qualitatif supérieur dans notre organisation, notre fonctionnement et atteindre l’excellence dans nos prestations. Tout un programme ! Je dois ajouter que je suis optimiste! Peut-être est-ce le trait caractéristique d’une femme manager!
    Je fais plein de fautes d'ortoghraphes : soyez indulgeants
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