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Une région du cerveau se concentre, une autre se distrait

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  • Une région du cerveau se concentre, une autre se distrait

    Chez les singes, l'attention et la distraction ne font pas appel aux mêmes régions du cerveau, selon une étude publiée vendredi dans le journal Science. Une découverte qui pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements des troubles de l'attention chez l'homme.

    "Dans le cerveau, la capacité à fixer délibérément son attention est séparée de celle de se laisser distraire par des choses qui attirent votre attention", explique Earl Miller, spécialiste de neurosciences, de l'Institut de technologie du Massachusetts, et responsable de l'étude. "Maintenant, nous savons que ces deux fonctions sont séparées, ce qui augmente la possibilité de les traiter séparément".

    Le cerveau a deux façons de se concentrer: soit délibérément, par une attention ciblée, comme quand on lit, soit de façon reflexe en réponse à des informations sensorielles, des bruits sourds, des couleurs ou des animaux effrayants. On observe par conséquent différents degrés de troubles de l'attention. Certaines personnes ont du mal à se concentrer, alors que d'autres ont plutôt du mal à se débarrasser des éléments de distraction.

    Les scientifiques savaient que l'attention impliquait de nombreuses régions du cerveau, mais sans savoir comment, les études, jusque-là, n'ayant été consacrées qu'à une région à la fois.

    Pour mener son expérience, Earl Miller a posé des électrodes indolores sur des singes de manière à suivre les réactions simultanées de deux régions-clés au moment où le cerveau de l'animal se concentre.

    On avait appris aux singes à faire attention à des tests sur un écran vidéo en échange d'un jus de pomme. Quelquefois, ils devaient se concentrer, choisir seulement le rectangle rouge de gauche parmi un ensemble de rectangles rouges, à la manière d'un être humain qui repère un visage dans la foule. D'autres fois, des rectangles de couleur vive, les "capteurs d'attention", clignotaient sur l'écran en face des singes.

    Quand les animaux se concentraient volontairement, le cortex préfrontal, le centre moteur situé en avant du cerveau était activé. Mais quand quelque chose détournait leur attention, c'était au tour du cortex pariétal, à l'arrière du cerveau, de s'allumer.

    Si les activités électriques de ces deux régions ont bien commencé à vibrer ensemble, c'était à deux fréquences différentes, presque comme deux stations de radio. Soutenir son attention implique une activité neuronale de basse fréquence. Alors que la distraction apparaît à un niveau de fréquence supérieur. Un jour, conclut Earl Miller, les scientifiques pourront peut-être trouver un traitement capable de diminuer le volume, voire de l'éteindre, dans le but de stimuler l'attention.

    Le fait que ces deux formes d'attention trouvent leur origine dans deux régions différentes s'explique par l'évolution: l'attention reflexe est un comportement primitif, alors que la concentration est un comportement plus élaboré. "Si quelque chose sort d'un bond d'un buisson dans ma direction, c'est très important et je dois réagir tout de suite. Notre cerveau est capable de remarquer des choses qui se détachent d'un environnement", souligne Earl Miller. "Il faut un animal vraiment intelligent pour comprendre ce qui est important et se concentrer dessus".

    Reste de nombreuses questions à élucider: face à un événement, quand notre cerveau choisit-il de n'en faire qu'une rapide analyse et quand choisit-il de fixer son attention. "Nous avons encore beaucoup de choses à apprendre", observe le Dr Debra Babcock, une neurologue de l'Institut national de la santé.

    Par AP
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