18/11/2019 12h:50 CET | Actualisé il y a 21 heures
Hebba Selim
“Vous avez pratiquement répondu à ma place, vous m’avez déjà élu, je vous rappelle que je ne suis qu’un candidat….”. C’est un des moments étonnants du passage, lundi, du candidat à la Présidentielle Abdelmadjid Tebboune, ministre de 2000 à 2002 et de 2012 à 2017 (communication, collectivités locales, habitat et commerce) et éphémère Premier ministre, du 25 mai – 15 août 2017. La journaliste n’avait pourtant pas posé la question - embarrassante? - qui intrigue toute la presse au sujet du départ de son directeur de campagne Abdallah Baali et son remplacement par Mohamed Amine Messaïd, un homme qui a servi aussi bien Abdelmalek Sellal qu’Ahmed Ouyahia.
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Pourtant, l’interlocutrice de Tebboune finit encore par l’agacer en évoquant une autre fois la période Bouteflika. Ainsi quand la journaliste lui demande s’il allait respecter ses promesses de campagne d’ouvrir le champ aux jeunes, elle évoque le discours de Bouteflika à Sétif en 2012 où malgré son fameux “tab jnana” (nous sommes finis), il a été candidat en 2014, le candidat Tebboune n’apprécie pas. “ Vous m’excuserez, comparaison n’est pas raison, c’est un verdict, ce ne sont pas des promesses mais des engagements, les choses ont évolué..”
“Pourquoi vous comparez tout le temps!”
Le candidat Tebboune va de nouveau s’agacer quand on lui pose la question sur l’argent et la politique. “Si on n’élimine pas l’argent de la politique, les jeunes et les démunis n’ont plus aucune chance. Et encore plus quand c’est de l’argent sale”, dit-il. Quand la journaliste le relance par un “ce fut le cas par le passé?” Abdelmadjid Tebboune s’agace de nouveau: “Pourquoi vous comparez tout le temps, je n’aime pas ces sentences, je vous dis voilà ce que je vais faire”. La journaliste prend acte, “vous-vous projetez dans l’avenir?”.
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Ces deux moments où, presque involontairement, Tebboune a été rappelé à son passé de ministre de Bouteflika - il a soutenu le 5ème mandat après son limogeage du poste de Premier ministre - montrent la difficulté d’être un candidat de l’avenir quand on a été si longtemps associé à la gouvernance de Bouteflika.
Sur la plupart des sujets, les réponses de Tebboune aux questions étaient très générales. Il fera le “maximum” pour libérer la justice mais il relativise en déclarant qu’il y a un débat “philosophique” sur la question même en Europe de l’ouest où la démocratie est en place depuis un siècle. Mais il fera en sorte de “protéger le magistrat, de dépolitiser l’acte de justice” et d’oeuvrer en sorte que la “justice ne soit pas alourdie” et qu’il veillera à “l’alléger”. La liberté d’expression “sera protégée et encouragée” mais cela ne veut pas dire la “liberté d’insulter”. Tebboune cite comme exemple de “déviation” de la presse le fait de citer les noms des gens poursuivis alors qu’ils ne sont pas encore jugés. Une allusion au cas de son fils, placé en détention provisoire le 20 juin 2018, dans le cadre de l’affaire de saisie de 701 kg de cocaïne au port d’Oran? Mais ne pas parler des gens poursuivis pourrait s’étendre aussi à Sellal, Ouyahia et les autres…
Tebboune, sans surprise, n’est pas pour mettre le FLN au musée, c’est aux électeurs de le faire. La lutte contre la corruption “a commencé, il faut continuer”, mais il faut aussi s’occuper de“la petite corruption” qui n’est pas visible mais qui est énorme, car on on ne voit les grosses fortunes… Il faut “ moraliser la société, moraliser la gestion, moraliser la politique”, dit Tebboune. Mais comment en parler sans rappeler les deux décennies Bouteflika? C’est sans doute la quadrature du cercle de la campagne de Tebboune.
Hebba Selim
“Vous avez pratiquement répondu à ma place, vous m’avez déjà élu, je vous rappelle que je ne suis qu’un candidat….”. C’est un des moments étonnants du passage, lundi, du candidat à la Présidentielle Abdelmadjid Tebboune, ministre de 2000 à 2002 et de 2012 à 2017 (communication, collectivités locales, habitat et commerce) et éphémère Premier ministre, du 25 mai – 15 août 2017. La journaliste n’avait pourtant pas posé la question - embarrassante? - qui intrigue toute la presse au sujet du départ de son directeur de campagne Abdallah Baali et son remplacement par Mohamed Amine Messaïd, un homme qui a servi aussi bien Abdelmalek Sellal qu’Ahmed Ouyahia.
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Pourtant, l’interlocutrice de Tebboune finit encore par l’agacer en évoquant une autre fois la période Bouteflika. Ainsi quand la journaliste lui demande s’il allait respecter ses promesses de campagne d’ouvrir le champ aux jeunes, elle évoque le discours de Bouteflika à Sétif en 2012 où malgré son fameux “tab jnana” (nous sommes finis), il a été candidat en 2014, le candidat Tebboune n’apprécie pas. “ Vous m’excuserez, comparaison n’est pas raison, c’est un verdict, ce ne sont pas des promesses mais des engagements, les choses ont évolué..”
“Pourquoi vous comparez tout le temps!”
Le candidat Tebboune va de nouveau s’agacer quand on lui pose la question sur l’argent et la politique. “Si on n’élimine pas l’argent de la politique, les jeunes et les démunis n’ont plus aucune chance. Et encore plus quand c’est de l’argent sale”, dit-il. Quand la journaliste le relance par un “ce fut le cas par le passé?” Abdelmadjid Tebboune s’agace de nouveau: “Pourquoi vous comparez tout le temps, je n’aime pas ces sentences, je vous dis voilà ce que je vais faire”. La journaliste prend acte, “vous-vous projetez dans l’avenir?”.
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Ces deux moments où, presque involontairement, Tebboune a été rappelé à son passé de ministre de Bouteflika - il a soutenu le 5ème mandat après son limogeage du poste de Premier ministre - montrent la difficulté d’être un candidat de l’avenir quand on a été si longtemps associé à la gouvernance de Bouteflika.
Sur la plupart des sujets, les réponses de Tebboune aux questions étaient très générales. Il fera le “maximum” pour libérer la justice mais il relativise en déclarant qu’il y a un débat “philosophique” sur la question même en Europe de l’ouest où la démocratie est en place depuis un siècle. Mais il fera en sorte de “protéger le magistrat, de dépolitiser l’acte de justice” et d’oeuvrer en sorte que la “justice ne soit pas alourdie” et qu’il veillera à “l’alléger”. La liberté d’expression “sera protégée et encouragée” mais cela ne veut pas dire la “liberté d’insulter”. Tebboune cite comme exemple de “déviation” de la presse le fait de citer les noms des gens poursuivis alors qu’ils ne sont pas encore jugés. Une allusion au cas de son fils, placé en détention provisoire le 20 juin 2018, dans le cadre de l’affaire de saisie de 701 kg de cocaïne au port d’Oran? Mais ne pas parler des gens poursuivis pourrait s’étendre aussi à Sellal, Ouyahia et les autres…
Tebboune, sans surprise, n’est pas pour mettre le FLN au musée, c’est aux électeurs de le faire. La lutte contre la corruption “a commencé, il faut continuer”, mais il faut aussi s’occuper de“la petite corruption” qui n’est pas visible mais qui est énorme, car on on ne voit les grosses fortunes… Il faut “ moraliser la société, moraliser la gestion, moraliser la politique”, dit Tebboune. Mais comment en parler sans rappeler les deux décennies Bouteflika? C’est sans doute la quadrature du cercle de la campagne de Tebboune.
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