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Mohamed Tamalt:"La machine" à broyer les grandes gueules

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  • Mohamed Tamalt:"La machine" à broyer les grandes gueules

    Le blogueur et journaliste algérien Mohamed Tamalt est mort en détention ce dimanche 11 décembre 2016 après six mois de grève de la faim. Une semaine après, sa consoeur Ghania Mouffok lui écrit une longue lettre ouverte qui met directement en cause l'appareil d'Etat.

    La mort de Mohamed Tamalt n'est ni un accident, ni même une bavure, elle est inscrite dans le champs des possibles chaque fois que "La machine" à broyer les grandes gueules comme la sienne est mise en marche. "La machine" n'a rien de très sophistiqué. Sa seule force est d'avoir des droits infinis et indéfinis qu'elle affirme appliqués en vertu de la loi en toute justice, une justice rendue au nom du peuple et en public.

    Pour Mohamed Tamalt, 42 ans à peine, elle s'est mise en branle le jour même de son arrestation, le 27 juillet. Le jour où, arrêté, il est conduit comme un soldat dans une caserne de la police militaire, alors qu'il est journaliste et que personne ne l'accuse d'avoir porté atteinte à la sécurité intérieure. Il est juste accusé d'offense à presque tout les membres de l'appareil d'Etat, depuis leur mère jusqu'à leur fille. Des offensés dont il a eu le courage de citer les noms et les fonctions, mais qui jamais ne seront mêlés à cette affaire avec leurs corps et leurs os, laissant le soin à "La machine" de faire payer l'offense. Jamais ils ne déposent plainte, jamais ils ne se constituent en partie civile, laissant au procureur au nom de l'ordre public de traduire en justice l'accusé. Leur temps à eux est précieux ainsi que leur honneur, le temps des autres leur appartient.

    Dans cette caserne Mohamed Tamalt est interrogé, il y passe la nuit déjà affamé. Le premier bras de "La machine", l'appareil policier, a fait son travail qui consiste à mettre le cadre dans lequel sera désormais autorisé à se mouvoir son corps. L'officier de la police militaire connaît son travail et rédige son rapport dans lequel il propose comme première mesure de lui interdire de quitter le territoire national, de lui confisquer son passeport algérien, et le met de fait en détention provisoire. Son passeport britannique ne lui sera d'aucun secours, si tant est que les autorités anglaises l'aient jamais considéré comme un compatriote.

    Dés le lendemain, le 28 juin, c'est au second bras de "La machine" de se mettre en mouvement : l'appareil judiciaire. Mohamed Tamalt comparait devant le procureur de la justice civile qui, informé par le rapport de l'officier de police militaire, ordonne sans surprise l'interdiction de sortie du territoire et son passeport est déposé au greffe du tribunal, et sans surprise maintient la détention provisoire. Mohamed Tamalt est enfermé à la prison d'El Harrach. L'appareil militaro-policier a fixé le cadre, l'appareil judiciaire vient de le sceller, tout baigne dans l'huile.

    Deuxième jour de la grève de la faim. Une semaine plus tard, la première audience s'ouvre devant le tribunal de Sidi M'hamed, tout est en place, les robes noires et la balance de la justice, le drapeau, le public, le procureur, le greffier et madame le juge. La séance est ouverte. Mohamed Tamalt est poursuivi pour atteinte à la personne du président et offense à corps constitué en vertu des articles 144, 144 bis et 146 du code pénal. La défense est nombreuse, avec à sa tête maître Amine Sidhoum et maître Mechri, dans un tel cadre elle a choisi comme stratégie de défense de ne pas aller sur le fond, les écrits du prévenu étant jugés difficiles à défendre de l'avis de tous, Alger n'est pas Londres, mais de mettre en lumière la procédure pénale et de ses vices.


    Je n'ai pas de texte de loi qui me permet de le libérer.

    La juge

    Premier vice de forme : selon le code de procédure pénale, (art 51), la détention provisoire est possible dès lors que le crime ou le délit pour lequel est poursuivi le prévenu est passible d'une "peine privative de liberté". Or, ce n'est pas le cas, la peine maximale que risque alors Mohamed Tamalt est une amende. En conséquence, en concluent ses avocats, c'est en homme libre qu'il doit comparaître devant le tribunal et de demander sa libération avant qu'il ne soit jugé. Malheureusement, explique madame le juge : "Je n'ai pas de texte de loi qui me permet de le libérer". En effet, "La Constitution algérienne, modifiée en février 2016, interdit la détention arbitraire et insiste sur le caractère exceptionnel de la détention provisoire. Cependant, elle ne garantit pas l'accès à des voies de recours utiles pour contester devant un tribunal le bien-fondé de la détention et accorder une remise en liberté si elle est jugée illégale", note avec justesse Amnesty International qui suit de près le procès, en vain.

    En clair, même si la loi n'est pas respectée, aucun recours ne permet de déjuger une injustice. Une omission bien utile pour rendre justice dans le cadre fixé et scellé par "La machine". "Vous n'aviez pas non plus de texte de loi, lui répond Maître Sidhoum, pour l'emprisonner. On ne peut pas cautionner ce genre de violations." La défense se retire. L'audience est renvoyée au 11 juillet, une semaine à peine. Mohamed Tamalt en est à son 15 jour de grève de la faim.

    Le jour même du jugement, se souvient Amine Sidhoum, le tribunal requalifie les faits, retire l'art 144 bis et le remplace par l'art 144, qui lui prévoit une peine de prison maximale de deux ans. D'une pierre deux coups, Mohamed Tamalt risque désormais de perdre sa liberté et le premier vice de procédure est évacué des débats. Mais il y a un autre vice et celui là il est énorme. Tellement énorme qu'aucune justice au monde qui se respecte ne peut refuser de le voir. "La machine" va le faire.

    Un mystère...
    Dès l'ouverture de la séance il est brandi par la défense : sur tous les documents de la police judiciaire transmis au procureur de la république on retrouve le cachet du DRS, avec signature de l'officier de police judiciaire et tampon. Or le service de police judiciaire du DRS a été dissous par décret présidentiel publié au JO en septembre 2013 et nous sommes en 2016. Les documents ne sont pas secrets, ils sont publics, "c'est un mystère", n'en revient toujours pas la défense de Mohamed Tamalt. Dans n'importe quel pays qui se respecte, un vice de forme aussi grossier aurait dû entraîner, si ce n'est la fin des poursuites, au moins un autre procès. Comment peut-on juger un homme sur la base de rapport d'un service de police judiciaire, fut-il militaire, qui n'existe plus ?

    Si la loi n'est pas une digue à l'arbitraire, qui pourra défendre Mohamed Tamalt ? Ses avocats se résignent à plaider. Mohamed Tamalt refuse pourtant de se soumettre. A ses écrits qu'il défend face à ses juges, il ne changera pas une virgule. Verdict sans surprise : deux ans de prison ferme, peine maximale, confirmé en appel. Jamais "La machine" ne se trompe. Quand au pourvoi en cassation déposé le 17 août il est désormais sans corps. A Amine Sidhoum, il avait confié à la prison d'El Harrach, après le premier renvoi : "Je n'arrêterai pas cette grève de la faim même si je meurs, je resterai sur leur conscience toute leur vie."

    Mission : défendre la caste dirigeante
    Mais ne le savait-il pas ? Mohamed Tamalt n'avait pas en face de lui des consciences avec les mêmes droits et les mêmes devoirs que lui, il avait en face de lui "La machine". "La machine" qui, quand elle se met en marche, met en mouvement tous les appareils à sa disposition, dressés avec une précision d'horloge pour exécuter le travail à travers des fonctionnaires sans illusions qui savent avec exactitude ce que l'on attend d'eux... Quoiqu'il arrive, quitte à transformer un hôpital en annexe de prison.

    Sa mission n'est pas de rendre la justice mais de la faire pour défendre une caste minuscule qui se donne le droit de vie et de mort sur la bagatelle de quelques dizaines de millions d'Algériens, tous suspects de comploter contre leur pays, l'Algérie, un pays qu'elle s'est asservie, tels des janissaires de passage. Le plus souvent, "La machine" se contente de voler le temps des autres, mais parfois, parce qu'elle n'est pas conçue pour reculer, presque par inadvertance, elle broie, elle vole la vie d'un seul, et c'est alors qu'elle apparaît : monstrueuse.

    Sous ses dehors anodins, normaux, familiers au point de devenir invisibles, en avalant la vie d'un seul, elle se révèle alors dans l'horreur de ce qu'elle représente, le pouvoir absolu. Totalement irresponsable. "La machine" porte un nom : dictature. Et Mohamed Tamalt n'était pas un prisonnier de droit commun mais un prisonnier politique auquel la Dictature n'a reconnu aucun droit, même pas celui de disposer de son corps. Sa seule arme, avec laquelle il espérait la combattre, si ce n'est la vaincre et qu'elle s'est contenté, derrière les murs du silence, de retourner contre lui. Si un jour il devait y avoir une enquête, ce sera celle que nous ferons... ou ne ferons pas.


    Par Ghania Mouffok
    البعره تدل على البعير

    Quand l’injustice devient la loi, la Résistance est un Devoir !✊🏼DZ

  • #2
    La machine" à broyer les grandes gueules
    C'est cette même machine qui veut se faire recycler avec les vieux voyous le 12.12 pour continuer a broyer de l'algérien.



    Ce Hirak est une indication que la machine du temps s'oriente vers l'avenir.


    Tab djnankoum
    البعره تدل على البعير

    Quand l’injustice devient la loi, la Résistance est un Devoir !✊🏼DZ

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    • #3
      Gallak le Hirak est violent




      "sauvons la liberté , la liberté sauve le reste"

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      • #4
        EL Mendjel baptise le tribunal



        "sauvons la liberté , la liberté sauve le reste"

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