Pourquoi le Messager, paix et bénédiction sur lui, a-t-il été autorisé à prendre jusqu’à 9 épouses, alors l’Islam autorise l’homme à prendre 4?
Réponse du Docteur Yûsuf Al-Qaradâwî
L’autorisation d’avoir quatre épouses et le mauvais usage fait de cette permission
Avant l’avènement de l’Islam, les gens épousaient les femmes qui leur plaisaient sans restriction ni condition. On a ainsi mentionné que David - paix sur lui - possédait trois cents femmes (épouses et concubines) et que Salomon en possédait sept cents.
L’Islam, à son avènement, a imposé une limite à cette polygamie, et il y a posé une condition.
En ce qui concerne la limite, l’Islam a fixé le nombre maximum d’épouses à quatre, nombre qui ne peut en aucun cas être dépassé : « Il est permis d’épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent » [1]. Lorsqu’un homme, de la tribu de Thaqîf, ayant dix femmes, a embrassé l’Islam, le Messager lui a ordonné de choisir quatre parmi elles, puis de divorcer avec les autres.
La condition, quant à elle, correspond à la confiance qu’a l’homme en sa capacité à être équitable. Si cette condition n’est pas remplie, il lui est interdit d’épouser une autre femme : « mais, si vous craignez de n’être pas justes avec celles-ci, alors une seule » [2].
À ceci s’ajoutent naturellement les autres conditions qui doivent être remplies pour n’importe quel mariage : la capacité à entretenir le ménage et la capacité à remplir les devoirs conjugaux.
L’Islam a autorisé la polygamie parce qu’il est une religion réaliste, qui ne plane pas dans des idéaux utopiques, délaissant les problèmes de la vie quotidienne sans remède possible. Le deuxième mariage peut en effet résoudre des problèmes chez l’homme dont l’épouse ne peut avoir d’enfants, ou dont l’épouse a des règles trop longues, alors que lui-même a un puissant instinct sexuel, ou encore celui dont la femme est atteinte d’une maladie chronique mais qui veut rester avec elle, ne souhaitant pas le divorce, etc. Le deuxième mariage peut également résoudre des problèmes chez la veuve qui n’espère pas se remarier avec un jeune homme célibataire. Il en est de même pour la jeune femme divorcée, surtout si elle possède un ou plusieurs enfants. Le deuxième mariage peut enfin résoudre des problèmes au niveau de la société dans son ensemble. C’est le cas lorsque le nombre de femmes aptes au mariage est supérieur au nombre d’hommes aptes au mariage. Cette situation apparaît régulièrement, et est d’autant plus accentuée après les guerres par exemple.
Que pouvons-nous donc faire du surplus de femmes ? Trois possibilités s’offrent à nous :
Soit elles passent toute leur vie interdites de vie conjugale et de maternité, ce qui constitue un préjudice pour elles.
Soit elles satisfont leurs instincts sexuels derrière le dos de la religion et des vertus morales, et cela constitue pour elles une perdition.
Soit elles acceptent d’épouser un homme déjà marié, capable de les entretenir et de préserver leur chasteté, confiant en sa capacité à être équitable envers ses épouses. Et cela est la solution convenable.
Pour ce qui est de la mauvaise utilisation de cette permission ou de ce droit, combien de droits sont mal utilisés, et dont la pratique est abusive, sans que cela ne conduise à leur abolition ni à leur annulation ?
Le droit au premier mariage lui-même connaît de nombreux abus, devons-nous donc l’abolir ? Le droit à la liberté, quand bien même serait-il mal utilisé, devons-nous l’abolir ? Le droit de vote, quand bien même serait-il mal utilisé, devons-nous l’abolir ? Le pouvoir, quel qu’il soit, peut être mal utilisé. Devons-nous l’abolir et vivre dans l’anarchie ?
Plutôt que d’appeler à abolir la polygamie, il vaut mieux poser des restrictions à son utilisation, et punir ceux qui abusent de ce droit, dans la mesure du possible.
La sagesse qui réside dans l’exception prophétique
Pourquoi le Messager - paix et bénédiction sur lui - a-t-il conservé neuf épouses, alors qu’il limitait les autres Musulmans à quatre épouses, maximum autorisé pour la polygamie, si bien que le Prophète, paix et bénédiction sur lui, ordonnait à celui qui se convertissait à l’Islam, en ayant dix épouses par exemple, d’en choisir quatre et de se séparer des autres ?
Nous répondons comme suit. En lui accordant ce droit, Dieu le Très-Haut a privilégié Son Messager - paix et bénédiction sur lui - pour une raison et une sagesse connues. En effet, les épouses du Prophète ont des commandements spécifiques et des particularités qui ne concernent pas les autres femmes de la Communauté. Ainsi, parmi ces commandements spécifiques, il leur est interdit de se remarier avec quiconque après le Messager de Dieu — paix et bénédiction sur lui — conformément à ce que dit le Très-Haut : « Vous ne devez pas faire de la peine au Messager de Dieu, ni jamais vous marier avec ses épouses après lui ; ce serait, auprès de Dieu, un énorme péché. » [3]
Or, toute femme divorcée a le droit de se remarier avec n’importe quel Musulman après son divorce. Dieu le Très-Haut les a donc honorées en leur permettant de rester les épouses de Son Prophète. Il s’agit d’une exception et d’une particularité qui ne concernent qu’elles. Parallèlement, le Prophète ne pouvait plus épouser d’autres femmes, ni les quitter pour en épouser d’autres. Leur nombre devait rester tel quel. A ce sujet, le Très-Haut s’adresse à Son Prophète — paix et bénédiction sur lui : « Il ne t’est plus permis désormais de prendre d’autres femmes, ni de changer d’épouses, même si leur beauté te plaît ; - à l’exception de ce que possède ta dextre. Et Dieu observe toute chose. » [4]
De plus, lorsque les épouses du Messager — paix et bénédiction sur lui — ont réclamé une augmentation de leurs revenus pour l’entretien de leur ménage et une amélioration de leur niveau de vie, Dieu — Exalté soit-Il — lui a ordonné de leur donner le choix entre Dieu, Son Messager et la Demeure dernière avec ce que cela implique de privations matérielles et de vie ascétique d’une part et entre un divorce sans préjudice et une séparation convenable d’autre part. Toutes ont préféré Dieu, Son Messager et la Demeure dernière. Ainsi, le Très-Haut dit : « Ô Prophète ! Dis à tes épouses : ‹Si c’est la vie présente que vous désirez et sa parure, alors venez ! Je vous donnerai les moyens d’en jouir et vous libérerai par un divorce sans préjudice. Mais si c’est Dieu que vous voulez et Son Messager ainsi que la Demeure dernière, Dieu a préparé pour les bienfaisantes parmi vous une énorme récompense. » [5]
Si toutes ont choisi Dieu, Son Messager et la Demeure dernière et ont accepté une vie sobre et ascétique avec le Noble Prophète, laquelle d’entre elles le Messager va-t-il quitter ? Gardons à l’esprit que la séparation avec l’une d’elles serait une punition sévère à son encontre, alors qu’elle n’aurait rien commis qui appelât la punition ? Elle serait de surcroît privée de sa qualité de Mère des Croyants.
Réponse du Docteur Yûsuf Al-Qaradâwî
L’autorisation d’avoir quatre épouses et le mauvais usage fait de cette permission
Avant l’avènement de l’Islam, les gens épousaient les femmes qui leur plaisaient sans restriction ni condition. On a ainsi mentionné que David - paix sur lui - possédait trois cents femmes (épouses et concubines) et que Salomon en possédait sept cents.
L’Islam, à son avènement, a imposé une limite à cette polygamie, et il y a posé une condition.
En ce qui concerne la limite, l’Islam a fixé le nombre maximum d’épouses à quatre, nombre qui ne peut en aucun cas être dépassé : « Il est permis d’épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent » [1]. Lorsqu’un homme, de la tribu de Thaqîf, ayant dix femmes, a embrassé l’Islam, le Messager lui a ordonné de choisir quatre parmi elles, puis de divorcer avec les autres.
La condition, quant à elle, correspond à la confiance qu’a l’homme en sa capacité à être équitable. Si cette condition n’est pas remplie, il lui est interdit d’épouser une autre femme : « mais, si vous craignez de n’être pas justes avec celles-ci, alors une seule » [2].
À ceci s’ajoutent naturellement les autres conditions qui doivent être remplies pour n’importe quel mariage : la capacité à entretenir le ménage et la capacité à remplir les devoirs conjugaux.
L’Islam a autorisé la polygamie parce qu’il est une religion réaliste, qui ne plane pas dans des idéaux utopiques, délaissant les problèmes de la vie quotidienne sans remède possible. Le deuxième mariage peut en effet résoudre des problèmes chez l’homme dont l’épouse ne peut avoir d’enfants, ou dont l’épouse a des règles trop longues, alors que lui-même a un puissant instinct sexuel, ou encore celui dont la femme est atteinte d’une maladie chronique mais qui veut rester avec elle, ne souhaitant pas le divorce, etc. Le deuxième mariage peut également résoudre des problèmes chez la veuve qui n’espère pas se remarier avec un jeune homme célibataire. Il en est de même pour la jeune femme divorcée, surtout si elle possède un ou plusieurs enfants. Le deuxième mariage peut enfin résoudre des problèmes au niveau de la société dans son ensemble. C’est le cas lorsque le nombre de femmes aptes au mariage est supérieur au nombre d’hommes aptes au mariage. Cette situation apparaît régulièrement, et est d’autant plus accentuée après les guerres par exemple.
Que pouvons-nous donc faire du surplus de femmes ? Trois possibilités s’offrent à nous :
Soit elles passent toute leur vie interdites de vie conjugale et de maternité, ce qui constitue un préjudice pour elles.
Soit elles satisfont leurs instincts sexuels derrière le dos de la religion et des vertus morales, et cela constitue pour elles une perdition.
Soit elles acceptent d’épouser un homme déjà marié, capable de les entretenir et de préserver leur chasteté, confiant en sa capacité à être équitable envers ses épouses. Et cela est la solution convenable.
Pour ce qui est de la mauvaise utilisation de cette permission ou de ce droit, combien de droits sont mal utilisés, et dont la pratique est abusive, sans que cela ne conduise à leur abolition ni à leur annulation ?
Le droit au premier mariage lui-même connaît de nombreux abus, devons-nous donc l’abolir ? Le droit à la liberté, quand bien même serait-il mal utilisé, devons-nous l’abolir ? Le droit de vote, quand bien même serait-il mal utilisé, devons-nous l’abolir ? Le pouvoir, quel qu’il soit, peut être mal utilisé. Devons-nous l’abolir et vivre dans l’anarchie ?
Plutôt que d’appeler à abolir la polygamie, il vaut mieux poser des restrictions à son utilisation, et punir ceux qui abusent de ce droit, dans la mesure du possible.
La sagesse qui réside dans l’exception prophétique
Pourquoi le Messager - paix et bénédiction sur lui - a-t-il conservé neuf épouses, alors qu’il limitait les autres Musulmans à quatre épouses, maximum autorisé pour la polygamie, si bien que le Prophète, paix et bénédiction sur lui, ordonnait à celui qui se convertissait à l’Islam, en ayant dix épouses par exemple, d’en choisir quatre et de se séparer des autres ?
Nous répondons comme suit. En lui accordant ce droit, Dieu le Très-Haut a privilégié Son Messager - paix et bénédiction sur lui - pour une raison et une sagesse connues. En effet, les épouses du Prophète ont des commandements spécifiques et des particularités qui ne concernent pas les autres femmes de la Communauté. Ainsi, parmi ces commandements spécifiques, il leur est interdit de se remarier avec quiconque après le Messager de Dieu — paix et bénédiction sur lui — conformément à ce que dit le Très-Haut : « Vous ne devez pas faire de la peine au Messager de Dieu, ni jamais vous marier avec ses épouses après lui ; ce serait, auprès de Dieu, un énorme péché. » [3]
Or, toute femme divorcée a le droit de se remarier avec n’importe quel Musulman après son divorce. Dieu le Très-Haut les a donc honorées en leur permettant de rester les épouses de Son Prophète. Il s’agit d’une exception et d’une particularité qui ne concernent qu’elles. Parallèlement, le Prophète ne pouvait plus épouser d’autres femmes, ni les quitter pour en épouser d’autres. Leur nombre devait rester tel quel. A ce sujet, le Très-Haut s’adresse à Son Prophète — paix et bénédiction sur lui : « Il ne t’est plus permis désormais de prendre d’autres femmes, ni de changer d’épouses, même si leur beauté te plaît ; - à l’exception de ce que possède ta dextre. Et Dieu observe toute chose. » [4]
De plus, lorsque les épouses du Messager — paix et bénédiction sur lui — ont réclamé une augmentation de leurs revenus pour l’entretien de leur ménage et une amélioration de leur niveau de vie, Dieu — Exalté soit-Il — lui a ordonné de leur donner le choix entre Dieu, Son Messager et la Demeure dernière avec ce que cela implique de privations matérielles et de vie ascétique d’une part et entre un divorce sans préjudice et une séparation convenable d’autre part. Toutes ont préféré Dieu, Son Messager et la Demeure dernière. Ainsi, le Très-Haut dit : « Ô Prophète ! Dis à tes épouses : ‹Si c’est la vie présente que vous désirez et sa parure, alors venez ! Je vous donnerai les moyens d’en jouir et vous libérerai par un divorce sans préjudice. Mais si c’est Dieu que vous voulez et Son Messager ainsi que la Demeure dernière, Dieu a préparé pour les bienfaisantes parmi vous une énorme récompense. » [5]
Si toutes ont choisi Dieu, Son Messager et la Demeure dernière et ont accepté une vie sobre et ascétique avec le Noble Prophète, laquelle d’entre elles le Messager va-t-il quitter ? Gardons à l’esprit que la séparation avec l’une d’elles serait une punition sévère à son encontre, alors qu’elle n’aurait rien commis qui appelât la punition ? Elle serait de surcroît privée de sa qualité de Mère des Croyants.
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