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L'écriture berbère adaptable aux temps modernes

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  • L'écriture berbère adaptable aux temps modernes

    Un colloque international sur le tifinagh, la plus ancienne transcription de la langue amazighe, a eu lieu jeudi 22 mars à Alger. Initié par le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA), ce sommet a regroupé d’éminents spécialistes, linguistes, historiens, anthropologues et sociologues venus du Niger, Maroc, Tunisie et de France. Ces experts se sont penchés sur l’usage de cet alphabet et sur son écriture ainsi qu’à sa sauvegarde en tant qu’héritage culturel.

    La rencontre s’inscrivait dans le cadre des missions assignées au HCA qui s’attèle à la réhabilitation de la langue Tamazight en Algérie. Pendant deux jours, les participants ont présenté des documents sur les origines et l'histoire de cette langue libyco-berbère, et ont échangé leurs points de vue sur l'usage de la graphie tifinagh.

    Mme Malika Hachid, préhistorienne, a plaidé pour la réappropriation des caractères libyques, « de création autochtone et témoins historiques premiers » de l’écriture dans cette partie du monde. Elle affirme qu’ils « sont tout à fait adaptables aux temps modernes ». Elle estime, en outre, que ne plus les utiliser "amputerait notre patrimoine historique de l’une de ses plus belles pages".

    L'historienne Karima Ouazar Merzouk a présenté une nouvelle théorie sur l’origine locale de l’alphabet libyque, qui met fin au principe selon lequel cet alphabet serait une variante de l’alphabet phénicien. "Si cette théorie venait à être vérifiée, elle changerait toutes les doctrines existantes sur l’origine de l’écriture, non seulement en Afrique du Nord, mais dans le monde."

    Confortant la thèse de la conférencière qui l’avait précédé, le sociolinguiste Said Toudji a développé la thèse des origines des écritures libyco-berbères et de leurs récentes évolutions, indiquant que les inscriptions les plus anciennes "ont pu être datées du VIème siècle avant J.C.". Cela démontre, selon lui, que l’alphabet berbère a perduré en Afrique du Nord au moins jusqu’à la fin du monde antique.

    L’archéologue français Jean-Pierre Laporte a plaidé pour l’exploitation efficiente de la documentation disponible, afin de permettre une connaissance parfaite des langues libyques. Il a parlé des différentes méthodes mises en oeuvre pour accéder à une connaissance des langues libyques à travers des filières d’études linguistiques. "Malheureusement, ces filières communiquent peu entre elles, ce qui induit des lacunes quant à une compréhension exacte des origines de ces langues", a-t-il conclu.

    Hacene Halouene, chercheur et linguiste amazighe, a développé le thème de l’usage du tifinagh dans l’espace public en Kabylie. Après s’être exprimé sur l’affirmation identitaire à travers l’usage du berbère, il a déploré le fait que l'enseignement de l'alphabet tifinagh "n'a, à ce jour, pas été pris en charge par une institution officielle".

    Fatima Boukhris, directrice du Centre d'Aménagement Linguistique au Maroc, a présenté l'action d'aménagement de la graphie tifinagh, réalisée par l'Institut Royal de la Culture Amazighe, qui établit le tifinagh comme alphabet officiel de la langue amazighe au Maroc. Elle a souligné a cet effet que depuis quelques années, le tifinagh est devenu le code consacré pour l'écriture et la publication de manuels scolaires et d'autres livres en langue amazighe.

    Modi Issouf, du Ministère de l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation au Niger, a soulevé la question de l'utilisation des caractères tifinagh dans la norme Unicode. Il a déclaré que "l'informatisation des langues nationales exige une compatibilité dans les modes d'encodage des langues pour une meilleure diffusion". Il a ajouté qu'en 1992, le Consortium Unicode avait élaboré une table universelle dans laquelle doivent se retrouver tous les caractères des langues parlées dans le monde.

    Par Lyes Aflou pour Magharebia
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