Maghreb : bloqué entre ciel et terre
Par : Mustapha Hammouche
Lu : (281 fois)
À la dernière réunion des ministres des Transports du Maghreb, le représentant de l’Algérie a refusé la proposition d’ouverture du ciel maghrébin aux compagnies des pays de l’UMA. Maghlaoui appréhende, en effet, “les effets pervers” d’une telle ouverture.
Les usagers ont compris depuis bien longtemps que le contrôle de l’espace aérien constitue un moyen efficace d’assurer la rentabilité de la compagnie nationale. Il suffit de faire dépendre le prix du billet du coût du siège et d’obliger ensuite les voyageurs à financer la place d’avion en fonction de son prix de revient. Pas besoin donc de gestion puisque le tarif est imposé d’autorité, même aux concurrents. Ce qui fait que le premier “effet pervers” de ce refus de libérer le ciel national à la concurrence est de faire profiter du monopole d’Air Algérie toutes les compagnies qui veulent bien ouvrir des lignes vers notre pays. Il se trouve que, pour l’essentiel, les voyageurs, à partir et à destination du pays, sont des Algériens. Mais le choix est fait. Un choix souverain qui ne tient pas compte du client captif. Le propos n’est d’ailleurs pas de le discuter. Mais le ministre n’aurait peut-être pas dû ajouter qu’il fallait “se préparer” à cette ouverture et aussi “prendre en charge les intérêts des compagnies dont on doit assurer la rentabilité dans le cadre concurrentiel au profit des citoyens, par la baisse de prix et par une plus grande fluidité des transports aériens”.
On ne refait pas les lois de la nature, dont celles du marché. L’intérêt du consommateur, sauf à financer le produit, est dans la concurrence. Si l’Algérien paie un Alger-Paris au prix de deux Paris-New York, aujourd’hui, c’est qu’aujourd’hui il a besoin des “effets pervers” de la libéralisation du transport aérien.
Si la compagnie nationale ne peut affronter le marché, c’est qu’elle souffre d’un problème de gestion que d’autres, de par le monde, ont su régler ; si l’entreprise publique d’aéronautique a besoin de profiter de l’oligopole pour financer a posteriori le renouvellement de sa flotte, c’est qu’elle n’a pu le faire, par le passé, par l’exploitation de la flotte réformée. Et c’est à l’usager de combler le déficit historique de notre aviation civile. Et “se préparer” revient à gagner du temps.
Les ministres maghrébins ont cependant convenu d’un TGV maghrébin. Tout se passe comme si c’est plus aisé d’envisager le virtuel que de décider du possible. À moins qu’il ne soit plus facile d’engager un investissement financier que de prendre une décision organisationnelle qui ne coûte pas au Trésor. Il ne paraît pas très à propos, en effet, de passer de rien à un TGV. Avec une frontière terrestre fermée qui plus est. Nous sommes déjà passés de rien à une autoroute Est-Ouest ; peut-être faut-il attendre de constater la pertinence de l’idée avant d’en arriver au train à très grande vitesse.
Laisser le ciel fermé alors qu’il est — gratuitement – ouvrable et dépenser dans l’ouverture d’une frontière terrestre qu’on a délibérément fermée ! N’est-ce pas là le paradoxe d’un Maghreb qui, décidément, fait dans le cynisme ?
M. H.
Par : Mustapha Hammouche
Lu : (281 fois)
À la dernière réunion des ministres des Transports du Maghreb, le représentant de l’Algérie a refusé la proposition d’ouverture du ciel maghrébin aux compagnies des pays de l’UMA. Maghlaoui appréhende, en effet, “les effets pervers” d’une telle ouverture.
Les usagers ont compris depuis bien longtemps que le contrôle de l’espace aérien constitue un moyen efficace d’assurer la rentabilité de la compagnie nationale. Il suffit de faire dépendre le prix du billet du coût du siège et d’obliger ensuite les voyageurs à financer la place d’avion en fonction de son prix de revient. Pas besoin donc de gestion puisque le tarif est imposé d’autorité, même aux concurrents. Ce qui fait que le premier “effet pervers” de ce refus de libérer le ciel national à la concurrence est de faire profiter du monopole d’Air Algérie toutes les compagnies qui veulent bien ouvrir des lignes vers notre pays. Il se trouve que, pour l’essentiel, les voyageurs, à partir et à destination du pays, sont des Algériens. Mais le choix est fait. Un choix souverain qui ne tient pas compte du client captif. Le propos n’est d’ailleurs pas de le discuter. Mais le ministre n’aurait peut-être pas dû ajouter qu’il fallait “se préparer” à cette ouverture et aussi “prendre en charge les intérêts des compagnies dont on doit assurer la rentabilité dans le cadre concurrentiel au profit des citoyens, par la baisse de prix et par une plus grande fluidité des transports aériens”.
On ne refait pas les lois de la nature, dont celles du marché. L’intérêt du consommateur, sauf à financer le produit, est dans la concurrence. Si l’Algérien paie un Alger-Paris au prix de deux Paris-New York, aujourd’hui, c’est qu’aujourd’hui il a besoin des “effets pervers” de la libéralisation du transport aérien.
Si la compagnie nationale ne peut affronter le marché, c’est qu’elle souffre d’un problème de gestion que d’autres, de par le monde, ont su régler ; si l’entreprise publique d’aéronautique a besoin de profiter de l’oligopole pour financer a posteriori le renouvellement de sa flotte, c’est qu’elle n’a pu le faire, par le passé, par l’exploitation de la flotte réformée. Et c’est à l’usager de combler le déficit historique de notre aviation civile. Et “se préparer” revient à gagner du temps.
Les ministres maghrébins ont cependant convenu d’un TGV maghrébin. Tout se passe comme si c’est plus aisé d’envisager le virtuel que de décider du possible. À moins qu’il ne soit plus facile d’engager un investissement financier que de prendre une décision organisationnelle qui ne coûte pas au Trésor. Il ne paraît pas très à propos, en effet, de passer de rien à un TGV. Avec une frontière terrestre fermée qui plus est. Nous sommes déjà passés de rien à une autoroute Est-Ouest ; peut-être faut-il attendre de constater la pertinence de l’idée avant d’en arriver au train à très grande vitesse.
Laisser le ciel fermé alors qu’il est — gratuitement – ouvrable et dépenser dans l’ouverture d’une frontière terrestre qu’on a délibérément fermée ! N’est-ce pas là le paradoxe d’un Maghreb qui, décidément, fait dans le cynisme ?
M. H.
Commentaire