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L'algérianisation du corps enseignant : une trisomie

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  • L'algérianisation du corps enseignant : une trisomie

    Comment voulez vous reformer l'université avec ce genre de pratiques !!!
    Encore et toujours l'incompétence.
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    L'algérianisation du corps enseignant : une trisomie

    par Ali Derbala : Maître De Conférences à l'univ. d'Oran.

    Dans l'édition du 23 Janvier 2007 du journal «le Quotidien» (1), en page 14, dans la rubrique «Le quotidien des lecteurs», Madame ou Monsieur S.M.-ORAN, a publié un article qui s'intitule: ces chercheurs qui cherchent...à assurer leur retraite. Cet article m'interpelle à plus d'un titre puisqu' il ouvre un débat qui doit s'installer dans nos universités.

    J'essaye de contribuer dans l'ordre chronologique des idées de cet auteur à qui parfois je m'adresse dans ce texte. Dans un documentaire récent sur une chaîne de télé, j'ai su qu'à Lausanne, la ville Suisse, son responsable du service urbanisme n'est autre qu'un professeur d'architecture, chef de la «chaire d'urbanisme» à l'université. Dans quelle mairie algérienne a-t-on nommé de tels responsables? Beaucoup de ces responsables d'urbanisme des mairies ne sont pas des universitaires, et parmi les diplômés beaucoup le sont des «cours du soir» en Génie civil ou en topographie. D'où le génie civil n'est pas de niveau. Une complaisance de la part de ses services est aussi à incriminer. Seules les pluies les dénoncent.

    L'enseignant universitaire n'a pas encore le statut d'enseignant-chercheur mais seulement celui d'enseignant chargé de la pédagogie. Pour cela à l'université, un lieu du savoir et du haut savoir, les enseignants sont en grève depuis au moins 1991 pour un statut où leurs devoirs et leurs droits seront bien stipulés. Soit depuis seize années et ce statut n'a pas encore vu le jour. Je rappelle que le «professeur» est un grade. L'histoire contemporaine tend à démontrer que par la recherche et la science, des peuples ont mieux « réussi» que d'autres et leurs sont supérieurs. Ce n'est ni le hasard, ni la chance ni les aptitudes particulières et innées qui font qu'à un certain moment, une communauté humaine dépasse une autre et porte la civilisation à un degré plus élevé. Les peuples sont égaux en dignité, en valeur, en aptitude à avoir une recherche et à progresser. La recherche peut être qualifiée de produit élaboré par la chimie de l'intellectuel. A l'université, seul le savoir doit primer. Parmi tous les fléaux que l'université doit combattre, l'ignorance est, sans doute, le plus terrible. Vis à vis d'une nation inculte, les paroles sont vaines et les leçons stériles. Même l'analphabétisme a pris des ailes. De nos jours, il est analphabète tout individu qui ne sait pas lire, écrire, compter et utiliser un micro-ordinateur.

    L'instruction et la recherche ont été placées sous la sauvegarde d'un milieu d'enseignants qui ne font aucun effort pour suivre le rythme infernal que la science a pris ces derniers temps. Les universitaires de quelque valeur ont reculé devant les fonctions qui ne leur rapportaient rien de ce qu'ils étaient en droit d'attendre.

    Les chercheurs algériens sont de deux types, les chercheurs permanents dans des centres de recherche tels que celui des énergies nouvelles de Draria, des grandes cultures à El-Harrach etc... et les «chercheurs associés» des universités, recrutés par contrat annuel parmi les enseignants pédagogues. Pour ces derniers et s'ils disposent d'un projet de recherche agréé par le CNEPRU, organisme de recherche sous l'égide du MESRS, ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, les montants mensuels bruts des contrats sont de l'ordre de 8900 DA, 9900 DA, 10900 DA et 12600 DA respectivement pour un attaché de recherche, un chargé de recherche, un maître de Recherche et un directeur de recherche.

    Ces montants ne sont crédités que si le chercheur a obtenu un avis favorable à la reconduction de son projet pour une autre année de recherche. Cette reconduction se fait sur un nombre de points minimal de production scientifique (publication dans les journaux, participation aux conférences, encadrement de magistérants, de doctorants,...) de l'ordre de cinq par chercheur. Avec l'imposition du fisc et la valeur très faible du dinar en face de l'euro, moins de 100 euros par mois est à percevoir par le meilleur professeur associé. Vous convenez que ce n'est pas de la richesse et ce n'est pas un stimulus pour la recherche. Pour les chercheurs de Sonatrach, je n'ai aucun ordre d'idées sur leur rémunération. Sauf que la valeur du point indiciaire chez la dite entreprise du pétrole et du gaz, est de l'ordre de quarante (40) dinars. Celui des universités, de la fonction publique, elle est de dix neuf (19) DA. Pour l'anecdote, en 1996, une femme de ménage de cette société percevait le même salaire qu'un maître de conférences à l'université. Actuellement le meilleur professeur à l'université algérienne et le plus aguerri perçoit un salaire d'un ingénieur à Hydra, siège de l'entreprise, avec une ancienneté moyenne. Nous n'osons même pas nous comparer à celui du sud saharien. Je vous assure que je n'ai pas entendu parler de son futur centre de recherches. On ne se bouscule pas, rassurez vous.

    Vous dites qu'en réalité il n'y a jamais eu de recherche en Algérie. Je ne partage pas cet avis. Si vous insinuez qu'il n'y a jamais eu de projet de construction d'un TGV, d'une fusée POLARIS, d'un grand paquebot « L'ALGERIE» etc. oui, je le confirme. Ce genre de projets relève en général du politique. Mais de la recherche fondamentale, la base de toute recherche appliquée, se fait mais insuffisamment.

    Je vous invite à utiliser des bases de données ou des moteurs de recherches et vous allez confirmer qu'il y a des algériens qui produisent des articles scientifiques. Dans la recherche, l'essentiel est de proposer ou soulever les problèmes et de leur apporter des solutions même provisoires. Les sujets ne doivent pas effrayer les chercheurs. Avec une conquête on sait toujours comment cela commence, et quels sont les buts et les visées, mais on ne peut déduire à l'avance la connaissance en profondeur. Ce sont les conséquences des grands événements qui apparaissent.

    Que les pouvoirs publics et les journalistes après investigation osent publier les salaires de tous les algériens des autres secteurs et pas seulement des enseignants. Vous allez voir que celui d'un professeur à l'université, qui a au moins vingt années d'expérience, qui est de l'ordre de 50 000 DA, bien après l'augmentation du mois de Juillet 2006 de l'ordre de 5500 DA, est dérisoire. Le salaire est une fin en soi. La majorité des gens ne considèrent pas le profit économique comme un but en soi, mais comme un moyen d'atteindre des buts plus essentiels: la sécurité, le confort, le prestige etc. Croyez-vous qu'on mangera du papier qu'on n'arrive même pas à se procurer pour rédiger nos rapports? L'enseignant n'a jamais demandé à vivre comme un «prince» mais qu'il ne soit pas humilié. Un minimum de respect dans la dignité de vivre, à survivre, pour réfléchir, est à garantir.

    Avec l'inflation croissante, notre pouvoir d'achat s'amenuise et se rétrécit. L'universitaire ne peut pas produire et relever des défis. Je suis d'avis pour partager les difficultés du pays, mais on ne culpabilise pas un corps d'élite de la nation. Un pays riche qui ne distribue pas sa rente équitablement, ce n'est qu'une honte.

    Je vous parle de notre institution, qu'est l'université scientifique qui dépend du MESRS, qu'il me semble connaître. Une administration qui montre sa richesse ostentatoirement et conseille à ses subordonnées de la rigueur et de l'austérité. Dans plusieurs interventions télévisées, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique dit que la fonction publique que je qualifierai de royale et impériale, ne peut pas augmenter un enseignant ou un travailleur de 1000DA avant la publication du statut de la fonction publique. Pour le statut particulier, on nous demande de patienter jusqu'à probablement le mois de septembre 2007. Ces derniers jours, beaucoup d'enseignants sont terrassés par des crises cardiaques et contractent des maladies chroniques dues à leur mal vie. Comment monsieur le ministre a trouvé de l'argent pour payer des véhicules Renault Clio classique de huit cent mille dinars (800 000DA) à chaque doyen de faculté, des véhicules Renault Kangoo ou Peugeot Partner d'une valeur de un million de dinars (1000 000DA) à des vice-recteurs et un véhicule luxueux flambant neuf, une Peugeot 407, toutes options au prix de deux millions huit cent mille dinars pour un recteur (2 800 000DA) ? Soit, sept années de salaire d'un maître assistant chargé de cours, qui a vingt ans d'expérience à l'université. C'est de l'abus des biens sociaux. C'est un délit condamnable. En France, pays qu'on connaît, les responsables provinciaux des institutions universitaires, pour se déplacer au ministère de l'éducation à Paris, empruntent le TGV et se font rembourser leurs billets. Pourquoi ces responsables d'universités algériennes ne vont-ils pas contracter des prêts auprès des banques et qu'ils achètent leur véhicule auprès des concessionnaires qui sont sur la place? L'université a mis à leur disposition gracieusement et généreusement des véhicules neufs cités auparavant pour se déplacer à leur lieu de travail.

  • #2
    suite...

    Je crois que j'ai décelé les problèmes qui paralysent l'université et son épanouissement. Faire connaître les difficultés est un moyen de commencer à les résoudre...Nous sommes des universités récentes mais qui ont de l'âge. Celui de l'USTHB est de trente trois ans. L'université de Rostock, en Allemagne et celle de Tours, en France d'où sont originaires mes anciens directeurs de thèses respectivement du magister et du Doctorat d'Etat datent de 1419 et de 1969. L'Université François-Rabelais de Tours proprement dite est de formation récente. Elle a été créée par agrégation des facultés et collèges universitaires qui existaient déjà à Tours avant 1969 et qui ont constitué les U.F.R du nouvel établissement. L'histoire a retenu que Tours a souvent été un centre actif d'enseignement et que celui de la Médecine y est de tradition, depuis l'époque gallo-romaine, aux IIIe et IVe siècles, où Gatien, l'évêque de la ville qui s'appelait alors Caesarodunum, avait créé une Académie médicale. Au Haut Moyen-Age, l'enseignement de la Médecine se réfugiait dans une école épiscopale, puis dans les couvents, notamment à l'Abbaye de Marmoutier sur la rive droite de la Loire, où l'on amenait de fort loin les malades. A l'époque de Charlemagne, l'évêque Alcuin créa à Tours une Ecole de Rhétorique, lointain ancêtre des enseignements littéraires et philosophiques (2). Cela ne justifie rien, mais c'est à prendre en considération. Je ne démontre rien, des traditions, un savoir et un savoir faire sont acquis chez ces pays européens qui ont fait leur révolution industrielle dès le 18ème siècle. En aucun cas je ne peux prétendre dépasser mes maîtres.

    En 2007, la démocratisation de la vie à l'université s'impose. Je ne suis pas pour l'élection des responsables mais je suis pour leur plébiscite sur la base d'un curriculum vitae formé dans l'ordre, de la recherche, du pédagogique et de l'administratif.

    Les responsables actuels sont tous nommés sans appel d'offre, dans le flou absolu et généralement ils ne sont pas les meilleurs ou les plus compétents. Ils faut qu'ils affichent leur CV sur les sites Web de leur université. Récemment, au mois de Juin 2006, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique n'a pas pu choisir un responsable à nommer parmi au moins cinquante professeurs et cent maîtres de conférences disponibles dans notre université. Il a nommé un professeur d'un centre de recherche, qui n'est pas pédagogue au sens où il n'évolue pas dans une université. Il est un ancien cadre du ministère.

    Y-a-t-il au ministère une «caste d'individus», investis d'un droit divin, destinés qu'à la responsabilité? Ne vont-ils jamais à la fonderie de l'université pour se mettre en face du «creuset» du savoir? Des enseignants qui prétendaient à la magistrature de notre université se sentaient frustrés. Ils ne peuvent pas cueillir les fruits de leur labeur et de leur engagement. Beaucoup d'entre eux ont une expérience de plus de deux décennies. Ils ont participé à la construction et l'essor de notre université. Ils y ont cru un certain temps. L'herbe a été coupée sous leurs pieds. Par cette décision qui n'engage que le ministre, un sentiment d'inutilité se fait sentir chez eux. Ce qu'on qualifie de «saper le moral des troupes».

    Le doyen de notre faculté n'a pas évolué dans nos départements, bien qu'il soit un enseignant de notre université. Il était installé un certain 18 Juillet, il y a au moins quatre années de cela, quand tous les enseignants sont partis en vacances. A la rentrée, au mois de septembre, on se faisait culpabiliser en disant qu'au moins lui, il travaillait quand nous, on était en vacances. De ce fait, on n'a pas osé protester.

    Le décret exécutif n°03-279 du 23 Août 2003 fixe les missions et les règles particulières d'organisation et de fonctionnement de l'université. Dans son titre III: de l'organisation et du fonctionnement, chapitre 2: du rectorat et l'article 27, il est stipulé que le recteur veille à l'application de la législation et de la réglementation en vigueur en matière d'enseignement et de scolarité. Les vice-recteurs et doyens sont nommés par décret, sur proposition du ministre chargé de l'enseignement supérieur, après avis du recteur, parmi les enseignants justifiant du grade de professeur ou, à défaut, celui de maître de conférences ou docent comme stipulé dans l'article 29 et l'article 52, de la section3.

    Certains vice-recteurs, et vice-doyens n'ont pas ces grades et ne sont que des chargés de cours. Le recteur doit intervenir pour estomper cette situation.

    Des vice-recteurs, doyens et vice-doyens ont survécu à deux ou trois recteurs. Dès la nomination d'un nouveau recteur, ils doivent démissionner tout en assumant leur fonction jusqu'à la nomination d'une nouvelle équipe dirigeante. Le nouveau recteur aura l'occasion de nommer de nouveaux responsables. Les anciens responsables, peuvent être reconduits s'ils sont les meilleurs. A l'origine, ces responsables sont appelés à assumer une charge pédagogique et scientifique et non à se maintenir en poste de responsables. D'autres enseignants auront la chance d'évoluer et d'enrichir leur CV.

    Beaucoup de chefs de département sont nommés parmi des enseignants qui n'ont jamais encadré des étudiants de fin de cycle, n'ont jamais participé à des séminaires hebdomadaires ou des conférences, n'ont jamais participé à des projets de recherche finalisés ou publié des articles dans des revues scientifiques. Forcément, ils n'ont aucune politique ou perspective pour le département à court, moyen ou long terme. La majorité sont nommés depuis plus de trois années, eu égard aux textes en vigueur, ci dessus cité, il est temps qu'ils cèdent la place à d'autres enseignants pour qu'ils puissent donner un nouveau souffle à la vie universitaire.

    Jamais les deux prédécesseurs et l'actuel recteurs de notre université, ne se sont réunis avec nous les enseignants ( ce dernier recteur dés son installation au mois de Juin, a appelé les enseignants à une réunion qu'on a décliné car on était en grève). L'avant dernier et l'actuel recteur, je ne les ai même pas vu une fois. Depuis son installation, jamais le doyen de notre faculté ne s'est réuni avec nous les enseignants, même pas au début des années universitaires ou aux clôtures des années, sauf la dernière fois au mois d'avril 2006, quelques jours avant le début de la grève de mai pour nous annoncer que le nouveau système LMD(licence, master et doctorat) sera entamé où les enseignants vont être beaucoup plus chargés en volume horaire sans nous garantir nos droits. Une autre réunion, en présence du vice-recteur chargé de la pédagogie, a eu lieu en ce mois de décembre 2006, pour toujours demander aux enseignants d'adopter le LMD qui n'est nullement une émanation des enseignants algériens. Même des expressions de ce système sont importés crûment sans aucune réflexion. Parmi les enseignants, un «tuteur» est attribué à chaque étudiant. C'est exactement l'expression utilisée dans les nouveaux textes. On veut faire de l'étudiant un «orphelin» ou un «enfant de la DAS» (Direction de l'action sociale). Les importateurs de ce système n'ont même pas fait l'effort de changer ce nom à consonance péjoratif chez beaucoup d'algériens.



    (1) www.lequotidien-oran.com
    (2) tiré du site www.univ-tours.fr

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