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Akram Kharief, journaliste et spécialiste en défense et sécurité : «Il y aura un avant et un après Gaïd Salah»

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  • Akram Kharief, journaliste et spécialiste en défense et sécurité : «Il y aura un avant et un après Gaïd Salah»

    Par Leïla Zaïmi -24 décembre 20198


    Reporters : Avant sa mort, l’ancien chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, a eu un rôle politique majeur dans la crise qu’a connue le pays depuis février 2019 et dans le processus qui a mené l’Algérie à l’élection d’un nouveau président de la République, le 12 décembre. Pour certains, il a été l’homme qui a accompagné le Hirak, pour d’autres, il a été celui qui a mené campagne contre lui pour imposer sa solution de sortie de crise par la tenue d’un scrutin. Quel bilan peut-on faire en cet instant de l’action de Gaïd Salah durant cette séquence de l’histoire algérienne contemporaine ? Est-ce que ce bilan peut évoluer sensiblement ?


    Akram Kharief : Le bilan est double, il est à la fois positif, car Ahmed Gaïd Salah a fait en sorte qu’il n’y ait pas de déploiement de l’armée ou d’utilisation de la violence contre les manifestants, mais il a aussi été négatif, car son obstination à mener son plan jusqu’au bout a complètement verrouillé la scène politique et médiatique ; il a aussi à son compte plusieurs emprisonnements personnels comme ceux des généraux Ghediri et Benhadid ou de Lakhdar Bouregaâ, qui avaient commis le crime de lèse-majesté de le critiquer ouvertement. Il reste qu’en définitive, l’action de Gaïd Salah a permis d’éviter la confrontation et donc de permettre à l’avenir un déblocage de la situation.

    Dans son action de mener campagne pour la solution présidentielle, le général de corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah, s’est distingué par de fréquentes visites auprès des sièges des régions militaires dans le pays. Quelle explication peut-on donner à ces déplacements ?

    Ces visites avaient pour but de démontrer que l’ANP est une institution qui travaille et qui ne souffre pas de la crise politique. Cela a été pour lui une tribune idéale pour lancer ses discours et dérouler sa feuille de route. Cela lui a aussi permis d’occuper physiquement l’actualité des différents médias qui, petit à petit, se sont mis à attendre ses sorties.

    On parle du chef d’état-major décédé comme du chef militaire qui a mis la main sur les services de renseignements et d’avoir opéré une véritable purge à l’intérieur de l’ANP et des services, avec des mises à la retraite et des emprisonnements de hauts gradés. Quelle appréciation avez-vous là-dessus ?

    C’est tout à fait le cas, il a changé l’ensemble des chefs de région militaire et, à plusieurs reprises, les patrons des différents appareils du renseignement et a influé sur le changement de DGSN deux fois. Il est très dur d’affirmer qu’il a instauré une stabilité au sein de l’appareil sécuritaire depuis une année, bien au contraire.
    L’intérim à l’état-major est assuré par un haut officier issu de l’infanterie, comme le défunt Ahmed Gaïd Salah. Y a-t-il, dans l’Armée algérienne, une tradition pour que ce soit des chefs des forces terrestres qui se retrouvent à la tête de l’état-major ?
    Oui, c’est le cas, c’est une sorte de loi non écrite qui prédestine les commandants des forces terrestres au poste de Chef d’état-major, et ce, pour des raisons logiques de nombre. Il y a bien plus d’officiers et de soldats dans l’armée de terre que dans les autres corps, et les commandants ont beaucoup plus de troupes à gérer.

    Peut-on considérer qu’avec la mort d’Ahmed Gaïd Salah, l’Armée algérienne tourne une grande page de son histoire ?

    Oui, il y aura un avant et un après Gaïd Salah pour sûr. L’homme a consacré beaucoup d’efforts à professionnaliser et à rééquiper l’Armée algérienne, mais a, malheureusement, à mon sens, raté l’opportunité de démocratiser l’Armée et de la rendre redevable de comptes envers les représentants politiques du peuple, il a aussi raté la bataille de la transparence.
    reporters.dz
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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