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Pierre Vermeren : « Alger est l’œil qui regarde Paris, sa mauvaise conscience »

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  • Pierre Vermeren : « Alger est l’œil qui regarde Paris, sa mauvaise conscience »

    Pierre Vermeren est indéniablement le meilleur connaisseur du Maghreb et ses analyses sont autrement plus crédibles que celles de Benjamin Stora and Co.

    Donc, la France complice de la junte militaire algérienne?

    - Toujours promptes à s’enflammer au nom des libertés, les autorités françaises se drapent dans le silence lorsqu’il s’agit de l’Algérie. La mort de Gaïd Salah, le chef d’état-major de l’armée, peut-elle changer la donne ? Pas si sûr, affirme l’historien dans une tribune au « Monde ».

    « Y penser toujours, n’en parler jamais », déclarait Léon Gambetta il y a cent quarante-huit ans à propos de l’Alsace-Lorraine. Les dirigeants français sont, depuis 1962, dans les mêmes dispositions d’esprit vis-à-vis de l’Algérie, cet autre territoire « national » perdu dans des conditions si dramatiques qu’il fallut à nouveau rebâtir nos institutions. Pas question de revenir en arrière cette fois ; toute volonté d’effacer l’histoire serait dérisoire. Mais une immense gêne, aussi profonde que rémanente, parcourt les sphères du pouvoir français quand il faut parler à Alger. La mort du chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, le général Gaïd Salah, faiseur de roi d’Abdelmadjid Tebboune, peut-elle changer l’affaire quand un silence est déjà perceptible ?

    Paris a pourtant tout tenté, une fois la colonie et la guerre perdues : l’oubli, l’amnésie et l’amnistie ; la coopération administrative, militaire et économique ; les échanges culturels et académiques ; l’immigration libre, puis de moins en moins ; la clause de la nation la plus favorisée, puis la normalisation des relations ; l’endiguement pendant la « guerre civile », puis l’assistance ; le partenariat, Jacques Chirac proposant en vain un traité de paix et d’amitié. Depuis vingt ans, les gros contrats mâtinés d’une dose de repentance sont au programme, sur fond de coopération antiterroriste et de contrôle de l’islam. Paris accueille bien volontiers un haut personnel politique et militaire qui a pris ses habitudes en France, s’y fait soigner, y passe sa retraite ou y installe sa famille. Pourtant, cette histoire ne passe pas. Alger est maîtresse dans l’art de décevoir Paris, reculant sans cesse l’horizon d’une normalisation espérée.

    " A Alger, les brevets de vertu des élites françaises n’impressionnent personne"

    Depuis 1962, la République algérienne populaire et démocratique a instauré un régime militaire plébiscitaire et prétorien, qui n’a pas de comptes à rendre à son peuple. Très politisés et volontiers révoltés, les Algériens ont gagné le droit de dire son fait à leur régime autoritaire : mais fort de sa légitimité héritée de la « glorieuse » guerre révolutionnaire, ce dernier ne se sent aucune responsabilité démocratique. C’est un contentieux avec Paris, qui se voit en pays des droits de l’homme. Mais l’argument ne pèse d’aucun poids à Alger, où l’on accroît sans cesse la liste des dénis de démocratie du colonialisme en Algérie, et des « crimes » des « cinq guerres coloniales » que la France y a menées.

    Le Monde.fr
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