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L’Inde se fracture sur la loi controversée de citoyenneté

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  • L’Inde se fracture sur la loi controversée de citoyenneté

    Caroline Vinet le 25/12/2019 à 17:51
    Mis à jour le 26/12/2019 à 10:41
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    Des milliers d’Indiens s’insurgent contre loi sur la citoyenneté défendue par le premier ministre Narendra Modi. Ils la jugent discriminante à l’égard des musulmans. Cette colère menace de se transformer en un mouvement général de contestation contre le pouvoir.

    L’Inde se fracture sur la loi controversée de citoyenneté


    Narendra Modi contre les musulmans d’Inde. Le premier ministre indien poursuit le bras de fer avec sa population. Depuis deux semaines, des milliers d’Indiens parcourent les rues pour crier leur colère contre le « Citizenship Amendment Act », la loi votée le 11 décembre pour faciliter l’accès à la citoyenneté indienne aux réfugiés d’Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh. Censée jouer en faveur des réfugiés, ses détracteurs y voient une attaque à l’égard de la communauté musulmane. La loi ne s’applique pas pour eux. De confession musulmane, ils sont considérés par le gouvernement indien en sécurité dans leurs pays musulmans.

    Hindous contre musulmans
    Pour Syed Azharuddin, étudiant qui se présente comme l’un des leaders de la protestation estudiantine à New Delhi, « c’est de la discrimination envers un groupe particulier de citoyens. Nous manifestons pour protéger les valeurs constitutionnelles et sauver la diversité de l’Inde », s’indigne-t-il.

    En Inde, la fronde des étudiants s’intensifie

    Le BJP (Bharatiya Janata Party), le parti au pouvoir, est connu pour ses nombreuses attaques contre la communauté musulmane. « Sa stratégie est d’approfondir la fracture entre la majorité hindoue du pays, et la minorité musulmane », confirme Gilles Verniers, professeur en sciences politiques à l’université privée Ashoka de Delhi. Les musulmans ne représentent que 14 % de la population, et donc une part négligeable de l’électorat.

    D’abord pacifiques, les manifestations ont rapidement dégénéré et provoqué la mort d’au moins 25 personnes. L’État de l’Uttar Pradesh (nord), qui compte 20 % de la population musulmane du pays, a été le plus sévèrement touché par les violences policières. De quoi attiser la colère des manifestants. « Ce n’est pas un hasard si les violences policières se concentrent dans cet État, analyse Gilles Verniers, le BJP essaye de leur donner une couleur confessionnelle. »

    Un recensement pour les séparer tous
    « L’une des craintes avec cette loi, c’est que cela débouche sur une autre promesse de campagne du gouvernement, à savoir le Registre national de citoyenneté », explique Gilles Boquérat, chercheur associé à la fondation pour la Recherche Stratégique (FRS). Il s’agirait d’un recensement au cours duquel les résidents indiens devraient prouver leur citoyenneté sous peine d’être déclarés étrangers, et par extension apatrides. Dans une tentative de conciliation, le chef du gouvernement a assuré dimanche 22 décembre aux 200 millions de musulmans indiens qu’ils « n’ont pas à s’inquiéter » et qu’aucune discussion sur le sujet n’était en cours.

    Les manifestations s’amplifient en Inde

    Mais le discours ne semble pas prendre. Lundi 23 décembre, le parti de Narendra Modi a tout de même perdu l’élection dans le Jharkhand (est), un État clé acquis jusque-là au BJP. C’est le 5e État à basculer de l’autre côté de l’échiquier politique depuis un an. Malgré une victoire écrasante lors des élections législatives de mai, le pouvoir peine à garder son assise au niveau local.

    Une colère plus profonde contre la politique du gouvernement
    Le principe de laïcité mis à mal par le gouvernement est l’un des fondements de la Constitution indienne. « C’est la première fois depuis longtemps que les citoyens expriment ainsi leur attachement aux valeurs de la Constitution, du pluralisme et de la laïcité », renchérit le professeur en sciences politiques.

    « C’est un phénomène de rejet beaucoup plus large que le pense le gouvernement. Même chez les soutiens du BJP de Narendra Modi on entend beaucoup de doutes et de critiques à l’encontre de ce projet de loi. » Alors que le chef du gouvernement fait montre d’une inflexibilité face aux critiques, les manifestations n’ont de cesse de s’étendre.

    Face à l’augmentation des violences policières, Gilles Verniers craint que le gouvernement « se dirige plutôt vers une répression systématique », et non vers un dialogue et une volonté d’apaisement. La Cour Suprême devra juger en janvier si le texte est conforme à la Constitution.
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