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L’arrestation d’Omar Radi, dernier épisode d’une année difficile pour la liberté d’expression au Maroc

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  • L’arrestation d’Omar Radi, dernier épisode d’une année difficile pour la liberté d’expression au Maroc

    Placé en détention jeudi, le journaliste et militant marocain Omar Radi est poursuivi pour « outrage à magistrat » pour un tweet fustigeant l’indépendance de la justice

    Par Amine Saadani – RABAT, Maroc
    Date de publication: Vendredi 27 décembre 2019

    Après l’arrestation d’Omar Radi, journaliste et militant pour les droits humains, une vague d’indignation a submergé les réseaux sociaux.

    Convoqué jeudi 26 décembre par la police judiciaire, le Marocain de 33 ans a été déféré le même jour devant le procureur du roi qui l’a aussitôt placé en détention et décidé d’une comparution immédiate pour « outrage à magistrat ».

    #Maroc @RSF_inter dénonce la décision du procureur du Roi de placer en détention le journaliste @OmarRADI pour des tweets d'avril dernier où il dénonçait les lourdes condamnations par un juge, des leaders du Hirak rifain

    — RSF_Afrique-du-Nord (@RSF_NordAfrique) December 26, 2019
    « Un des substituts du procureur l’a interrogé, en présence de la défense, au sujet d’une opinion qu’il avait exprimée sur Twitter, il y a neuf mois, à propos du verdict rendu par un magistrat concernant des détenus du hirak du Rif », explique à Middle East Eye Me Saïd Benhammani, qui assure à ce stade la défense d’Omar Radi aux côtés de quatre autres avocats.

    « Le substitut lui a demandé ce qu’il voulait dire, si le tweet était bien le sien. Ensuite, il a été décidé de le poursuivre en détention pour outrage à magistrat en comparution immédiate. »

    En vertu de l’article 263 du code pénal, il risque un mois à un an de prison.

    #Maroc Le journaliste @OmarRADI vient d'être mis en détention par la BNPJ, et sera présenté cet après-midi au procureur du roi de Casablanca.
    L'affaire concerne des tweets sur la nulle indépendance des juges marocains. Une vérité qui dérange dans une autocratie pourtant assumée pic.twitter.com/BB3wVW2ef5

    — Ali Lmrabet (@Alilmrabet) December 26, 2019
    Lors de cette première audience, le tribunal a rejeté la demande de liberté provisoire présentée par la défense. « La demande a été refusée sans motif, alors qu’il dispose de toutes les garanties de représentation », regrette Me Benhammani.



    La prochaine audience a été fixée au 2 janvier.

    Le tweet sur « le bourreau de nos frères »

    « Lahcen Talfi, juge de la cour d’appel, bourreau de nos frères, souvenons-nous bien de lui. Dans beaucoup de régimes, les petits bras comme lui sont revenus supplier après en prétendant "avoir exécuté des ordres". Ni oubli ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité ! », écrivait, en avril, Omar Radi sur Twitter.

    J'ai reçu une convocation, orale puis écrite, de la part de la Brigade nationale de la police judiciaire(BNPJ). Je m'y présenterai demain. J'ignore les raisons de cette nouvelle convocation. Il y a 9 mois, j'avais été convoqué au même service de police pour une histoire de tweet. pic.twitter.com/Fe6l31VNiC

    — Omar Radi (@OmarRADI) December 25, 2019
    Ce tweet lui avait valu une première convocation la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), qui avait alors ouvert une enquête. Pourquoi a-t-il arrêté neuf mois plus tard ?

    « C’est une question importante. Pourquoi cela n’a pas été activé juste après le tweet ? Peut-être que ce n’était pas le bon contexte pour eux », s’interroge son avocat.

    « Ces dernières années, il s’est consacré à de nombreux sujets d’intérêt public, comme les expropriations des terres tribales, un sujet à la confluence de tous les pouvoirs, de toutes les prédations. Il en a parlé avec franchise sur les ondes d’une webradio algérienne quelques jours avant son arrestation. Est-ce pour cela que la justice a déterré un de ses vieux tweets pour le punir ? La question mérite d’être posée, car, sans aucun doute, un esprit de vengeance se tapit derrière son cas », suppute le journaliste Ali Amar dans un article publiée ce vendredi.

    Cette première convocation constituait en tout cas une épée de Damoclès au-dessus de la tête du journaliste qui avait décidé de ne pas se taire. Le 18 décembre, il s’interrogeait, réagissant au verdict rendu contre les passeurs de Hayat Belkacem.

    Sept Marocains et deux Espagnols venaient d’être condamnés à des peines allant jusqu’à dix ans de prison ferme pour un trafic de migrants ayant notamment entraîné la mort d’une étudiante marocaine de 22 ans en septembre 2018, au large du Maroc.

    Et ses assassins ? https://t.co/BOSYePnvbu

    — Omar Radi (@OmarRADI) December 18, 2019
    L’arrestation du journaliste intervient au moment où une commission spéciale a été nommée par le roi Mohammed VI pour dessiner les contours d’un nouveau modèle de développement, le modèle actuel ayant échoué.

    Pilotée par l’ambassadeur du Maroc à Paris, Chakib Benmoussa, l’équipe a pourtant promis, dans un communiqué diffusé le 24 décembre, « dans sa volonté d'interaction et d’ouverture (…) des rencontres sur le terrain afin d’écouter les citoyens et les différentes composantes de la société marocaine ».

    L'artiste et chroniqueur Reda Allali (Zakaria Boualam) apporte son soutien aux prisonniers politiques pic.twitter.com/m8f0wjsxx9

    — Free Omar Radi (@FreeOmarRadi) December 27, 2019
    Après la première nuit passée par Omar Radi en prison, des voix au sein de la commission commencent déjà à s’élever contre l’état des libertés.

    L’islamologue et politologue Rachid Benzine a réagi ce vendredi sur Twitter.

    La mise en détention d’@OmarRADI nous interpelle et nous rappelle qu’aucun modèle de développement ne saurait être défendable ni viable sans la garantie de la liberté d’expression et d’information. Le développement implique la critique et le débat d’idées, ou il n’est pas. pic.twitter.com/hO9FCbZ2Ax

    — Rachid Benzine (@BenzineRachid) December 27, 2019
    Karim Tazi, homme d’affaires et militant désigné par Mohammed VI membre de la commission spéciale sur le modèle de développement, s’est lui aussi exprimé.

    « Je suis tenu à une obligation de réserve avec les personnes et les institutions avec lesquelles je suis engagé. Cette obligation de réserve s’applique à la communication externe de travaux ou atmosphères qui pourrait nuire à la marche de l’action commune (…) L’obligation de réserve ne peut toutefois m’amener à taire mes positions ou à mettre en veilleuse mes autres activités sur ce qui ne touche pas directement la cuisine interne de ces collectif », défend-il sur Médias 24.

    « Un des préalables que j’ai toujours défendus, publiquement et dans les apartés, est que le respect des libertés [voire une large tolérance pour certains écarts à travers une politique pénale conciliante] sont des exigences impérieuses pour donner du crédit à la volonté de changer de cap et de s’engager sur une voie réellement novatrice et inclusive. »


    Maroc : du code de la presse au code pénal pour museler la presse
    Lire
    Un nouveau code de la presse ne prévoyant plus de peines de prison est entré en vigueur en 2016, mais les journalistes continuent d’être poursuivis selon le code pénal.

    Plusieurs ONG internationales s’inquiètent des condamnations de journalistes en vertu du code pénal.

    Mi-octobre, la journaliste Hajar Raissouni avait été condamnée à un an de prison pour « avortement illégal et sexe hors mariage » avant d’être graciée par le roi dans la foulée.

    Dans son dernier classement annuel sur la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF) a classé le Maroc 135e sur 180 pays.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    pas pour rien qu'on pointe à la 135ème place du classement RSF.

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    • #3
      attaquer un juge en citant son nom, sans avoir de preuves, c'est direction prison même dans les pays les plus libres du monde.

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      • #4
        Le problème du maroc est qu'ils ont trop de Doubab électroni. Impossible de réussir un soulèvement.
        La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.

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        • #5
          tu t'y connais bien dans le web marocain ??? ou bien c'est juste les marocains de FA qui font office de référence???

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          • #6
            Le problème du maroc est qu'ils ont trop de Doubab électroni. Impossible de réussir un soulèvement.
            Si tu prends comme référence ce forum, effectivement, on pourra croire que la "doubaberie" est omniprésente.

            Je suis devenu très méfiant et je prends le temps d'observer les marocains dans la vraie vie pour éviter les "3iyachas", les "chekkamas", les "nationaleux" qui amalgament l'amour d'un pays et la défense d'un régime voleur...etc.

            J'avoue qu'ils ne sont pas nombreux ceux qui sortent du lot !

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            • #7
              Pilotée par l’ambassadeur du Maroc à Paris, Chakib Benmoussa, l’équipe a pourtant promis, dans un communiqué diffusé le 24 décembre, « dans sa volonté d'interaction et d’ouverture (…) des rencontres sur le terrain afin d’écouter les citoyens et les différentes composantes de la société marocaine ».
              Le Makhzen conscient de son échec et du désespoir qui touche de plus en plus la population considérée comme "classe moyenne", pour gagner du temps et cacher son incompétence chronique intrinsèque au système, crée une nième commission pour proposer un nouveau modèle économique.

              A quoi sert alors le votre pour élire un gouvernement ?

              La réponse est connue évidement : la façade d'un régime makhzénien despotique.

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