La crise libyenne se complexifie et risque de gagner en intensité. À défaut de trouver une solution, elle s’inscrit dans la durée et promet de rejaillir sur tout le sous-continent nord-africain.
• En 2011, l’Algérie est restée en marge des évènements qui secouaient le pays voisin. Huit années plus tard, elle est rattrapée par ses choix bancals. Elle s’agite sans disposer de marges de manœuvre et surtout sans avoir de réelles possibilités de peser sur les évolutions. Elle est réduite à assister à l’extension du brasier qui s’avance vers elle.
• C’est dans la nature même du système en place qu’il faut voir la cause fondamentale de cet échec algérien. Illégitime et de plus en plus coupé du peuple, le régime perdait progressivement sa capacité à peser à l’internationale. L’Algérie perd son rôle régional à mesure que s’accroissent les intérêts privés que ses gouvernants accumulent dans les capitales occidentales. Cette perte d’influence du pays a accompagné la stabilisation de la nature néo-patrimoniale du régime algérien. On ne peut pas planquer impunément fortunes et bien mal acquis chez les grands de ce monde. Ce ne sont donc pas des gens véreux qui peuvent garantir que l’Algérie s’affirme comme un acteur régional autonome. Tout au plus peuvent-ils jouer aux patriotards sur les écrans de télévisions domestiques.
• Ce caractère vénal du système en place, conduit naturellement à un effacement devant les prétentions impériales françaises ou autres. Ainsi dans la crise de l’Azawad ou celle de Libye, nos gouvernants ont été des facilitateurs de l’intervention étrangère. Sur ces questions aussi l’histoire finira par les dévoiler et c’est aussi, pour retarder ce moment fatidique qu’ils s’accrochent rageusement au pouvoir.
• La doctrine “non interventionniste” que d’aucuns cherchent à rattacher à la trahison d’Anouar Sadat découle plutôt de la prédominance du parasitisme au sein des centres décisionnels algériens. Elle sert les intérêts de ces milieux-là. En matière de sécurité nationale, l’Algérie n’est pas différente de tout autre pays. Sa sécurité nationale dépend aussi de la stabilité de son environnement immédiat. Mais, là nous touchons une autre fragilité. Les tenants du système conçoivent l’Algérie comme un greffon moyen-oriental sur le septentrion nord-africain. Ils s’attachent plus à suivre les situations syrienne ou palestinienne qu’à agir sur celle de Tamazgha. D’où leur attitude à se protéger de notre étranger immédiat. Cet isolationnisme bloque jusque-là l’intégration nord-africaine et dans les circonstances actuelles expose le pays à vivre une crise sécuritaire qui lui était évitable.
• Dans le cadre de l’UA L’Algérie aurait pu être un acteur majeur de la résolution de la crise libyenne. L’intensité des confrontations entre les Libyens aurait pu être maitrisée par une sécurisation précoce des dépôts d’armes de Kadhafi. De même que l’interventionnisme dans cette crise aurait pu être annihilé si l’UA par le biais de l’Algérie [et l’Égypte] avait garanti l’intégrité des espaces maritimes et aériens libyens. Mais nos généraux si inventifs lorsqu’il s’agit de nous mater ont laissé faire l’escalade à nos frontières. Toute projection de force n’est pas forcément belliqueuse et les peuples de la région auraient certainement soutenu l’action stabilisatrice de l’armée algérienne.
• Aujourd’hui, Erdogan et les Émirs émiratis (qui couvrent les combines de privatisation de pans entiers de notre économie) se font les acteurs de l’escalade en Libye. Le crypto Calife ottoman ne possède pas vraiment des capacités et des possibilités de déploiement militaire en Libye ; mais des moyens civils détournés peuvent lui permettre de déverser des milliers de terroristes islamistes sur le territoire libyen. Des troupes qui, si elles réussissent à garder Tripoli, vont vite tenter de reproduire dans la profondeur stratégique de la capitale libyenne ce qu’elles font dans le Rojava. Les montages de Nefoussa vont devenir un territoire de guerre. Ce qui a été tenté il y a quelques années à Ghardaïa.
• Les monumentales inepties idéologiques de ce régime plombent ses capacités d’anticipation stratégiques. Il s’est toujours obstine à présenter l’indépendance acquise en 1962 pour un recouvrement d’une souveraineté passée. S’agissant de renouer le fil avec les dynasties Amazighes Hafçide et Ziyanides la chose est tout à fait raisonnable ; elle est même vivement souhaitable ; mais la rattacher, comme c’est le cas, à la domination ottomane est une sotte attitude qui a un cout et Erdogan ne gêne pas pour nous le faire payer. C’est bien au nom de cette présence ottomane qu’il légitime son interventionnisme en Libye. Il est l’héritier des Ottomans et si la présences de ses ancêtres sur nos terres étaient légitimes alors la sienne aujourd’hui peut l’être aussi. Quelle réponse vont lui apporter ceux qui ont frelaté notre récit national ? ✍ Mohand Bakir / 31 décembre 2019
• En 2011, l’Algérie est restée en marge des évènements qui secouaient le pays voisin. Huit années plus tard, elle est rattrapée par ses choix bancals. Elle s’agite sans disposer de marges de manœuvre et surtout sans avoir de réelles possibilités de peser sur les évolutions. Elle est réduite à assister à l’extension du brasier qui s’avance vers elle.
• C’est dans la nature même du système en place qu’il faut voir la cause fondamentale de cet échec algérien. Illégitime et de plus en plus coupé du peuple, le régime perdait progressivement sa capacité à peser à l’internationale. L’Algérie perd son rôle régional à mesure que s’accroissent les intérêts privés que ses gouvernants accumulent dans les capitales occidentales. Cette perte d’influence du pays a accompagné la stabilisation de la nature néo-patrimoniale du régime algérien. On ne peut pas planquer impunément fortunes et bien mal acquis chez les grands de ce monde. Ce ne sont donc pas des gens véreux qui peuvent garantir que l’Algérie s’affirme comme un acteur régional autonome. Tout au plus peuvent-ils jouer aux patriotards sur les écrans de télévisions domestiques.
• Ce caractère vénal du système en place, conduit naturellement à un effacement devant les prétentions impériales françaises ou autres. Ainsi dans la crise de l’Azawad ou celle de Libye, nos gouvernants ont été des facilitateurs de l’intervention étrangère. Sur ces questions aussi l’histoire finira par les dévoiler et c’est aussi, pour retarder ce moment fatidique qu’ils s’accrochent rageusement au pouvoir.
• La doctrine “non interventionniste” que d’aucuns cherchent à rattacher à la trahison d’Anouar Sadat découle plutôt de la prédominance du parasitisme au sein des centres décisionnels algériens. Elle sert les intérêts de ces milieux-là. En matière de sécurité nationale, l’Algérie n’est pas différente de tout autre pays. Sa sécurité nationale dépend aussi de la stabilité de son environnement immédiat. Mais, là nous touchons une autre fragilité. Les tenants du système conçoivent l’Algérie comme un greffon moyen-oriental sur le septentrion nord-africain. Ils s’attachent plus à suivre les situations syrienne ou palestinienne qu’à agir sur celle de Tamazgha. D’où leur attitude à se protéger de notre étranger immédiat. Cet isolationnisme bloque jusque-là l’intégration nord-africaine et dans les circonstances actuelles expose le pays à vivre une crise sécuritaire qui lui était évitable.
• Dans le cadre de l’UA L’Algérie aurait pu être un acteur majeur de la résolution de la crise libyenne. L’intensité des confrontations entre les Libyens aurait pu être maitrisée par une sécurisation précoce des dépôts d’armes de Kadhafi. De même que l’interventionnisme dans cette crise aurait pu être annihilé si l’UA par le biais de l’Algérie [et l’Égypte] avait garanti l’intégrité des espaces maritimes et aériens libyens. Mais nos généraux si inventifs lorsqu’il s’agit de nous mater ont laissé faire l’escalade à nos frontières. Toute projection de force n’est pas forcément belliqueuse et les peuples de la région auraient certainement soutenu l’action stabilisatrice de l’armée algérienne.
• Aujourd’hui, Erdogan et les Émirs émiratis (qui couvrent les combines de privatisation de pans entiers de notre économie) se font les acteurs de l’escalade en Libye. Le crypto Calife ottoman ne possède pas vraiment des capacités et des possibilités de déploiement militaire en Libye ; mais des moyens civils détournés peuvent lui permettre de déverser des milliers de terroristes islamistes sur le territoire libyen. Des troupes qui, si elles réussissent à garder Tripoli, vont vite tenter de reproduire dans la profondeur stratégique de la capitale libyenne ce qu’elles font dans le Rojava. Les montages de Nefoussa vont devenir un territoire de guerre. Ce qui a été tenté il y a quelques années à Ghardaïa.
• Les monumentales inepties idéologiques de ce régime plombent ses capacités d’anticipation stratégiques. Il s’est toujours obstine à présenter l’indépendance acquise en 1962 pour un recouvrement d’une souveraineté passée. S’agissant de renouer le fil avec les dynasties Amazighes Hafçide et Ziyanides la chose est tout à fait raisonnable ; elle est même vivement souhaitable ; mais la rattacher, comme c’est le cas, à la domination ottomane est une sotte attitude qui a un cout et Erdogan ne gêne pas pour nous le faire payer. C’est bien au nom de cette présence ottomane qu’il légitime son interventionnisme en Libye. Il est l’héritier des Ottomans et si la présences de ses ancêtres sur nos terres étaient légitimes alors la sienne aujourd’hui peut l’être aussi. Quelle réponse vont lui apporter ceux qui ont frelaté notre récit national ? ✍ Mohand Bakir / 31 décembre 2019
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