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Alors que les sidérurgistes interpellent le nouveau ministre de l’industrie : Le haut-fourneau à l’arrêt

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  • Alors que les sidérurgistes interpellent le nouveau ministre de l’industrie : Le haut-fourneau à l’arrêt

    L’enquête sur sept dossiers ayant trait à la gestion et les marchés au complexe sidérurgique Sider El Hadjar n’a toujours pas abouti

    MOHAMED FAWZI GAIDI 08 JANVIER 2020

    Le haut-fourneau n°2 de Sider El Hadjar entame la nouvelle année 2020 avec un sérieux problème qui l’a mis à l’arrêt total.

    En effet, après deux semaines d’arrêt programmé en novembre de la zone chaude et un redémarrage «réussi», selon le staff dirigeant, le haut-fourneau a démenti toutes les assurances.

    «Il est en arrêt depuis déjà cinq jours et toutes les tentatives pour le redémarrer ont jusque-là échoué», affirme un fondeur sur place. A rappeler que ce HF a été réhabilité entièrement il y a à peine deux années !

    Depuis, il a été sujet à plusieurs arrêts et blocages, mettant en ruine un important investissement en millions de dollars. En septembre 2018, le gouvernement a pris des mesures d’urgence pour traiter les interminables problèmes du complexe Sider El Hadjar.

    Parmi ses décisions, il a sommé la Banque extérieure d’Algérie (BEA) de traiter rapidement une demande de prêt d’un milliard de dinars et deux autres milliards de dinars en facilités de caisse à l’effet de lui permettre de faire face à ses dépenses financières.

    C’est le cas des différents gouvernements algériens qui ont injecté vainement des centaines de millions de dollars dans ce complexe, à commencer par Ahmed Ouyahia, puis Abdelmalek Sellal, et dernièrement Noureddine Bedoui. «Ce complexe, le plus médiatisé en Algérie, est un véritable gouffre financier.

    Il a englouti plusieurs centaines de millions de dollars, dont la dernière enveloppe accordée à cette vieille usine est du temps de Abdelmalek Sellal, alors Premier ministre. Aucun résultat probant n’a été constaté après la consommation de cet argent en devise forte. Au contraire, sa situation empire d’une année à l’autre.

    Ce qui confirme que son mal est ailleurs. C’est-à-dire son management est à revoir en urgence, sinon la même crise se reproduira éternellement», estime, dans une déclaration à El Watan, un haut cadre de Sider El Hadjar.

    Des enquêtes qui durent sans aboutir

    Au lieu de mettre Sider El Hadjar entre les mains de compétences avérées dans le management des grandes entreprises et s’imposer en qualité et quantité sur le marché national, l’ex-gouvernement Bedoui et son ministre de l’Industrie ont décidé de maintenir le complexe dans sa médiocrité en mobilisant d’importants fonds pour renflouer ses caisses une énième fois. Enclenchée depuis octobre 2018 par la brigade de recherches de la Gendarmerie nationale de Annaba, l’enquête sur sept dossiers ayant trait à la gestion et les marchés au complexe sidérurgique Sider El Hadjar n’a toujours pas abouti.

    Les sidérurgistes n’arrivent pas à comprendre la lenteur dans le traitement de ces dossiers, les uns aussi compromettants que les autres. Ils s’impatientent de voir les mis en cause, dont le staff dirigeant, comparaître devant la justice et rendre compte de leurs méfaits. «Toutes les enquêtes, plus importantes que celles de Sider El Hadjar, ont été achevées et les accusés présentés devant la justice. Après l’audition de 37 cadres et employés, rien n’a filtré depuis.

    Il s’agit de marchés conclus de gré à gré, de paiements préalables de marchés avant leur achèvement, trafic de sable, achat d’équipements obsolètes, etc. Désormais, on s’interroge et s’inquiète sérieusement sur le sort de ces enquêtes qui ont duré plus de 14 mois.

    Les mis en cause sont-ils au-dessus de la loi ?» s’interrogent plusieurs cadres de Sider El Hadjar. A défaut de la justice, ces derniers s’orientent vers le nouveau ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali.

    Ils l’exhortent de dépêcher des enquêteurs indépendants pour effectuer un audit dont l’expertise révélera la nature d’une gabegie de grande envergure, dénoncée vainement à plusieurs reprises. En octobre 2018, l’ex-procureur général près la cour de justice de Annaba, M. Nahnouh, avait donné son feu vert aux enquêteurs de la Gendarmerie nationale locale pour la perquisition de l’administration du complexe sidérurgique Sider El Hadjar.

    Contacté suite à la signature d’un contrat de gré à gré avec la société Tonic portant sur la location de matériel de manutention, dont le montant est de 100 milliards de dinars, selon le bon de commande en notre possession, Chemseddine Maâtallah, le PDG du groupe Sider, a déclaré que «Sider El Hadjar n’est pas soumise au code des marchés».

    Au lendemain de l’ouverture de cette enquête, un autre scandale similaire avait fait surface. Il s’agit, selon nos sources, d’un marché ayant trait à l’importation de six poches tonneaux, destinées au transport, par voie ferrée, de la fonte liquide, depuis le haut-fourneau vers les autres unités de transformation.

    Elles se sont avérées non conformes par rapport aux équipements du complexe sidérurgique d’El Hadjar. D’une valeur de plus de trois millions de dollars (500 millions de dinars), ce marché a été conclu en juillet 2016 avec une société chinoise de fabrication de machines lourdes, Dalian Huarui Heavy Industry Co. Group Ltd (DHHI). Au début de l’année 2017, les poches tonneaux chinoises ont été expédiées depuis l’usine de DHHI en plusieurs lots et montées au niveau du complexe d’El Hadjar par des ingénieurs chinois en l’absence des Algériens. L’opération a été achevée en septembre 2017 sous garantie de 12 mois.

    Cependant, les essais n’étaient pas concluants pour des raisons techniques et de sécurité. Actuellement, les six poches tonneaux chinoises sont exposées à la dégradation et leur sort demeure incertain.

    Malgré le fait que ce complexe ait englouti plus d’un milliard de dollars, il n’a jamais donné un rendement satisfaisant. La mauvaise gestion, la dilapidation des biens publics, les trafics de marchés et les contrats douteux de sous-traitance ont siphonné sa trésorerie.

    On est ainsi loin des annonces politiques en grande pompe d’alimenter l’industrie automobile et l’électroménager en produits plats, de la production du coke…

    «L’actuel staff dirigeant doit rendre des comptes et surtout justifier toute la trésorerie du complexe, dont les centaines de millions de dollars octroyés par Ouyahia et Sellal pour un plan de redressement dont les objectifs n’ont pas souvent été atteints. Les pannes récurrentes en sont la preuve», insistent les sidérurgistes. A suivre…
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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