Marc André
Dans Revue historique 2014/1 (n° 669),
1« Les groupes de choc du FLN n’ont heureusement pas toujours le temps de justifier leur “appellation”. À peine formés, ils se voient “décapités” par les forces de l’ordre [1]
[1]
Dernière Heure Lyonnaise, 8 février 1961, p. 4. » : ce diagnostic d’un journaliste anonyme, le 8 février 1961, dans la chronique judiciaire du quotidien régional Dernière Heure Lyonnaise relève d’une évidence trompeuse.
2Phénomène médiatique, le groupe de choc s’ancre progressivement dans les colonnes des journaux lyonnais à partir de 1957 jusqu’à atteindre une fréquence pluri-hebdomadaire. Phénomène social, il appartient à la « branche militaire » de la Fédération de France du FLN (Front de libération nationale). Deux groupes armés s’y rattachent : d’une part, les groupes de choc, en charge de surveiller la migration algérienne et bras armés du FLN dans la lutte contre le parti adverse – le MNA (Mouvement national algérien) – dépendent de l’organisation politico-administrative [2]
[2]
Ils opèrent à l’échelon « zone » et « région ». (OPA). D’autre part, l’Organisation spéciale, indépendante de l’OPA, assume davantage des missions stratégiques contre les installations économiques, policières et militaires françaises. Décapités : le mot connote une hiérarchisation de ces groupes toujours mouvants, mais revêt une sinistre résonance sous la plume du journaliste : à cette date, douze responsables de groupes de choc ont été guillotinés dans l’enceinte de la prison militaire de Lyon (Montluc) [3]
[3]
Il s’agit du nombre le plus élevé d’Algériens exécutés en…. Car les groupes de choc sont tôt devenus un phénomène sinon juridique du moins judiciaire [4]
[4]
Quatre cent soixante-dix-huit membres de groupes de choc….
3Ainsi, journalistes, juges, cadres et militants du FLN, tous parlent des « groupes de choc », appelés également « groupes armés » ou encore « commandos de choc ». Chacune de ces désignations voudrait connoter un caractère combattant, organisé, hiérarchisé et le FLN n’en a ni la paternité ni l’exclusivité [5]
[5]
Chaque guerre clandestine sécrète ce type de groupes. Plus…. Toutefois, par sa labilité et son incessante renaissance, le groupe de choc recouvre un phénomène social complexe que ce label générique maquille. Avant d’être des groupes de choc, ce sont des groupes de gens dont la genèse, les modalités de recrutement, les types d’action n’ont pas encore fait l’objet d’une enquête historique.
4En effet, si l’histoire de la guerre d’indépendance algérienne est aujourd’hui relativement bien connue sur le versant algérien, avec des travaux portant sur l’organisation du FLN [6]
[6]
Gilbert Meynier, Histoire intérieure du FLN. 1954-1962, Paris,…, sur les modalités de l’action armée en ville comme dans les maquis [7]
[7]
Ce sont d’une part les études de terrorisme : Martha Crenshaw,…, ou encore sur la répression judiciaire [8]
[8]
Sylvie Thénault, Une drôle de justice. Les magistrats dans la…, elle l’est moins sur le versant métropolitain, champ historiographique plus récent [9]
[9]
En témoigne l’ouvrage dirigé par Raphaëlle Branche et Sylvie…. L’Organisation spéciale a bénéficié récemment d’une étude spécifique mais partielle, puisqu’elle repose essentiellement sur des sources orales et ne couvre pas toute la France, notamment pas la région lyonnaise [10]
[10]
Daho Djerbal, L’Organisation Spéciale de la Fédération de…. Quant aux groupes de choc, ils ne sont généralement évoqués qu’à travers le prisme de la répression policière [11]
[11]
En dernier lieu : Emmanuel Blanchard, La Police parisienne et…. Or, leur reconstitution suppose un positionnement à la croisée des chemins, entre une histoire sociale, une histoire judiciaire et une histoire médiatique.
Dans Revue historique 2014/1 (n° 669),
1« Les groupes de choc du FLN n’ont heureusement pas toujours le temps de justifier leur “appellation”. À peine formés, ils se voient “décapités” par les forces de l’ordre [1]
[1]
Dernière Heure Lyonnaise, 8 février 1961, p. 4. » : ce diagnostic d’un journaliste anonyme, le 8 février 1961, dans la chronique judiciaire du quotidien régional Dernière Heure Lyonnaise relève d’une évidence trompeuse.
2Phénomène médiatique, le groupe de choc s’ancre progressivement dans les colonnes des journaux lyonnais à partir de 1957 jusqu’à atteindre une fréquence pluri-hebdomadaire. Phénomène social, il appartient à la « branche militaire » de la Fédération de France du FLN (Front de libération nationale). Deux groupes armés s’y rattachent : d’une part, les groupes de choc, en charge de surveiller la migration algérienne et bras armés du FLN dans la lutte contre le parti adverse – le MNA (Mouvement national algérien) – dépendent de l’organisation politico-administrative [2]
[2]
Ils opèrent à l’échelon « zone » et « région ». (OPA). D’autre part, l’Organisation spéciale, indépendante de l’OPA, assume davantage des missions stratégiques contre les installations économiques, policières et militaires françaises. Décapités : le mot connote une hiérarchisation de ces groupes toujours mouvants, mais revêt une sinistre résonance sous la plume du journaliste : à cette date, douze responsables de groupes de choc ont été guillotinés dans l’enceinte de la prison militaire de Lyon (Montluc) [3]
[3]
Il s’agit du nombre le plus élevé d’Algériens exécutés en…. Car les groupes de choc sont tôt devenus un phénomène sinon juridique du moins judiciaire [4]
[4]
Quatre cent soixante-dix-huit membres de groupes de choc….
3Ainsi, journalistes, juges, cadres et militants du FLN, tous parlent des « groupes de choc », appelés également « groupes armés » ou encore « commandos de choc ». Chacune de ces désignations voudrait connoter un caractère combattant, organisé, hiérarchisé et le FLN n’en a ni la paternité ni l’exclusivité [5]
[5]
Chaque guerre clandestine sécrète ce type de groupes. Plus…. Toutefois, par sa labilité et son incessante renaissance, le groupe de choc recouvre un phénomène social complexe que ce label générique maquille. Avant d’être des groupes de choc, ce sont des groupes de gens dont la genèse, les modalités de recrutement, les types d’action n’ont pas encore fait l’objet d’une enquête historique.
4En effet, si l’histoire de la guerre d’indépendance algérienne est aujourd’hui relativement bien connue sur le versant algérien, avec des travaux portant sur l’organisation du FLN [6]
[6]
Gilbert Meynier, Histoire intérieure du FLN. 1954-1962, Paris,…, sur les modalités de l’action armée en ville comme dans les maquis [7]
[7]
Ce sont d’une part les études de terrorisme : Martha Crenshaw,…, ou encore sur la répression judiciaire [8]
[8]
Sylvie Thénault, Une drôle de justice. Les magistrats dans la…, elle l’est moins sur le versant métropolitain, champ historiographique plus récent [9]
[9]
En témoigne l’ouvrage dirigé par Raphaëlle Branche et Sylvie…. L’Organisation spéciale a bénéficié récemment d’une étude spécifique mais partielle, puisqu’elle repose essentiellement sur des sources orales et ne couvre pas toute la France, notamment pas la région lyonnaise [10]
[10]
Daho Djerbal, L’Organisation Spéciale de la Fédération de…. Quant aux groupes de choc, ils ne sont généralement évoqués qu’à travers le prisme de la répression policière [11]
[11]
En dernier lieu : Emmanuel Blanchard, La Police parisienne et…. Or, leur reconstitution suppose un positionnement à la croisée des chemins, entre une histoire sociale, une histoire judiciaire et une histoire médiatique.
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