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La mondialisation profite aux petits pays

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  • La mondialisation profite aux petits pays

    Les grandes puissances dominent l'agenda politique et économique. Mais la mondialisation profite à d'autres acteurs, plus rapides, ouverts et innovants, les petits pays. Dans le classement selon le revenu par habitant, un seul des vingt premiers pays compte plus de huit millions d'habitants. Il s'agit des Etats-Unis, dixième derrière l'Irlande, et leur forme est déclinante. L'Européen moyen se place encore plus loin, au 34e rang.

    Les centres financiers (la Suisse est 20e) et pétroliers ne participent pas aux discussions du G8, mais les revenus de leurs habitants sont les mieux dotés. Leur climat fiscal est modéré, mais leur savoir-faire dépasse la fiscalité: Les Bermudes abritent le centre mondial de la réassurance, le Luxembourg l'industrie des fonds de placement, l'Irlande un environnement favorable à l'investissement.

    Car la mondialisation profite non seulement aux plus compétitifs en termes de prix, mais de plus en plus aux régions qui attirent les talents et les technologies de l'information. Au classement du World Economic Forum des pays les plus capables à transformer l'innovation en source de prospérité («Networked Readiness Index 2007, NRI), c'est un raz de marée des petits pays, sous l'impulsion des pays nordiques et en premier lieu du Danemark. La Suisse et les Pays-Bas sont de la fête, alors que les Etats-Unis chutent du 1er au 7e rang en une année. Les 5 premiers sont les mêmes qu'au classement de la compétitivité internationale, mais dans un ordre différent. L'économie du savoir n'a que faire des effets de taille.

    Le rythme de l'innovation est époustouflant: le XIXe siècle avait engendré autant de progrès que les neuf siècles précédents. Les vingt premières années du XXe autant que l'ensemble du XIXe. Et le XXIe siècle verra autant de progrès technique que les 20000 années précédentes, selon le futurologue Ray Kurzweil. Les modèles traditionnels s'estompent, dans l'enseignement, la communication, l'organisation des entreprises, les modèles d'affaires.

    Comment voudriez-vous que du haut de leur tour d'ivoire quelques technocrates puissent anticiper correctement l'avenir des technologies et avancer une politique de la recherche adéquate? Les promesses de Bruxelles et son traité de Lisbonne, les politiques technologiques, ne peuvent que mourir dans les méandres technocratiques ou se tromper de direction. L'innovation méprise le pouvoir établi. D'ailleurs le pays qui progresse le plus en Europe, c'est l'Estonie, selon le WEF, passée devant l'Irlande et la France. Ce pays de l'Est, récemment indépendant, cet effronté qui a introduit la «flat tax», garantit l'accès Internet à tous ses citoyens comme un droit égal aux autres droits constitutionnels. Ce pays balte minimise la facture fiscale, mais cela ne l'empêche pas d'offrir des infrastructures de premier plan: des centaines de points d'accès à Internet sont publics et gratuits.

    Pendant ce temps, l'Union européenne subventionne à coups de milliards les infrastructures du Portugal, mais son PIB par habitant est inférieur à l'Estonie. Pourquoi tant de subventions, lorsque le pays qui, par habitant, profite le plus de l'aide européenne n'est pas un pays pauvre, mais le deuxième plus riche au monde, le Luxembourg? Le Duché est riche, mais mal placé sous l'angle technologique. Riche mais c'est le seul pays d'Europe où le taux de chômage est au plus haut depuis dix ans. La petite taille n'est donc pas une panacée.

    La tendance à l'ascension des petits est si forte que le WEF introduit un nouveau concept et parle de l'émergence de «local global players» (LPG). Ce n'est qu'un autre terme pour les métropoles et les centres économiques capables d'attirer les talents et les investissements.

    Et la Chine? L'exception qui confirmerait la règle? C'est effectivement devenu le premier exportateur de produits technologiques, et sa chaîne de valeur évolue dans le sens de la complexité. Mais elle profite d'un effet de rattrapage, d'une sortie d'un long hiver planificateur. Il lui reste beaucoup à faire. Le PIB par habitant est inférieur à la moyenne mondiale. Avec 7600 dollars, c'est le 109e du classement, derrière l'Algérie. Et dans l'économie du savoir, la Chine est certes un poids lourd du matériel informatique, mais de loin pas un leader du logiciel. L'intégration de la IT dans la vie quotidienne est encore modeste. Elle n'est que 59e selon le NRI, derrière la Roumanie et la Jordanie. Son économie, encore très centralisatrice, reste très dépendante des décisions de ses dirigeants.

    Les appels à la centralisation du pouvoir et aux grandes constructions à des fins économiques n'ont jamais été ressentis aussi faux qu'en ce moment.

    source : Le Temps
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