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Un mystérieux continent pourrait être caché sous la surface de Mars

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  • Un mystérieux continent pourrait être caché sous la surface de Mars

    Marine Benoit


    Grâce à une série de données gravimétriques leur ayant permis de calculer l'épaisseur de la croûte martienne, une équipe de chercheurs franco-américaine émet l'hypothèse selon laquelle un continent ancien serait caché sous la surface de la planète Rouge.
    Si Mars recèle encore de nombreux mystères, le plus grand reste incontestablement l’origine de sa fameuse "dichotomie". En effet, il règne sur la planète Rouge une très nette opposition entre l’hémisphère nord, terre de vastes plaines lisses à basse altitude, et l’hémisphère sud, où d’imposants volcans et de profonds cratères d’impact façonnent un paysage plus perturbé. Aujourd’hui, pour expliquer ce contraste, deux hypothèses cohabitent sans prédominance de l’une sur l’autre : un impact géant survenu au Nord aurait tout bonnement "aplani" le terrain, ou un volcanisme d’ampleur au Sud aurait fini par recouvrir de lave cette partie de la planète, l’habillant ainsi d’une épaisse "coquille".

    Mais cette énigme soulève une question plus vaste encore : comment la planète Mars s’est-elle formée ? Pour tenter de mieux cerner sa genèse, une équipe de planétologues français et américains s’est intéressée à la manière dont a pu se constituer la croûte de la planète Rouge. Ses recherches l’ont conduite à émettre une étonnante hypothèse : un véritable continent primitif pourrait bien être tapi sous la surface de Mars. Lundi 6 janvier 2019, ces résultats faisait l'objet d'un article dans la revue Nature Geosciences.

    Remonter le temps de Mars
    Rappelons qu’à notre connaissance, la Terre est la seule planète du système solaire à être pourvue de continents. Le fait de détecter sur Mars des vestiges d’une telle formation vient donc non seulement remettre en question nos connaissances sur l’histoire géologique de notre rubiconde voisine, mais aussi laisser entendre qu’elle et notre planète Terre ont peut-être un passé bien plus semblable qu’on ne le pensait. "Jusqu’à maintenant, nous considérions que tous les terrains de l’hémisphère sud s’étaient formés en même temps. Pour vérifier cette théorie, nous nous sommes demandés à quoi ressemblait Mars avant la formation des grands bassins d’impact et des édifices volcaniques, autrement dit il y a 4,2 milliards d’années", a expliqué à Sciences et Avenir Sylvain Bouley, enseignant-chercheur au Laboratoire de géosciences Paris-Saclay (GEOPS – Université Paris-Saclay/CNRS) en charge de l’étude.

    En "gommant" les traces laissées par les plus importants épisodes géologiques martiens – le bassin d’Hellas, une cuve de 2.500 kilomètres de diamètre, ou encore le dôme de Tarsis, édifice volcanique le plus important du système solaire –, les chercheurs ont ainsi pu se faire une idée de la topographie originelle de la planète. "Notre méthode a consisté, en quelque sorte, à 'reboucher' les trous et soustraire les masses grâce à nos estimations de l’épaisseur crustale", détaille Sylvain Bouley (voir les figures e et f ci-dessous).


    Sur les figures a et b, la topographie de Mars. Les figures c et d montre son épaisseur crustale actuelle, quand les figure e et f simulent l'épaisseur crustale martienne sans reliefs ni creux (GEOPS–Université Paris-Saclay/CNRS).

    À l’issue de cette simulation, les géologues ont alors détecté une drôle d’anomalie : si l’ensemble de l’hémisphère sud ne semblait former qu’un vaste aplat de croûte d’environ 40 kilomètres d’épaisseur, une "petite" zone, elle, se montrait plus épaisse d’environ 10 ou 15 kilomètres (indiquée en pointillés sur les figures e et f).

    Des indices concordants
    Plus intriguant encore, dans cette même "petite" zone, la roche avait enregistré plus que partout ailleurs des traces de champ magnétique. À une époque, Mars en possédait un, mais celui-ci a fini par disparaître. Sur Terre, cette signature du champ magnétique se retrouve justement sur ce qu'on appelle les cratons continentaux, autrement dit les portions les plus stables des continents. "Ces caractéristiques similaires ont commencé à nous convaincre que nous avions sans doute bien affaire à un continent caché", raconte le chercheur. Un dernier indice, chimique cette fois, a achevé de pointer le curseur vers la possibilité du continent caché : dans cette zone, on constate une abondance en potassium et en thorium, deux éléments propres aux roches granitiques de nos continents.

    Paradoxalement, cette découverte soulève encore plus de questions qu'auparavant. "On se demande bien sûr aujourd'hui ce que peut bien être ce continent. S'est-il formé de la même façon que les continents terrestres ? Y avait-il une tectonique de plaques primitive sur Mars ? Nous avons encore beaucoup de choses à comprendre et explorer."
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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