Annonce

Réduire
Aucune annonce.

france-Violences policières : nouvelle année, nouveau mort

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • france-Violences policières : nouvelle année, nouveau mort

    Le décès du livreur Cédric Chouviat, dimanche, dont le larynx avait été fracturé lors d’une interpellation, fait suite à une année 2019 déjà marquée par de nombreuses dérives des forces de l’ordre.



    Place de la République, mercredi.
    Photo Martin Colombet
    L’année commence bien mal pour la police nationale. Le 9 janvier à peine arrivé, voilà l’institution plombée par la mort d’un citoyen, Cédric Chouviat, à la suite d’une interpellation aussi brève que violente. Un drame qui survient après une année 2019 où le débat autour des violences policières a pris une ampleur inédite dans la société française.

    Mardi, sans que les deux événements n’aient de lien direct, le directeur général de la police nationale, Eric Morvan, a quitté ses fonctions. Pressenti depuis l’été, le départ de ce préfet à la carrière accomplie (quarante-trois ans de service) résulte d’un spleen lancinant, doublé de lourdes divergences de points de vue, notamment sur la réforme en cours de la préfecture de police de Paris (Libération du 30 novembre).

    Quel qu’il soit, son successeur ouvrira donc son mandat dans un contexte explosif, alourdit plus encore par les derniers soubresauts de la réforme des retraites. Mardi, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a estimé, fait rare, que l’interpellation de Cédric Chouviat soulevait «des questions légitimes auxquelles des réponses devront être apportées en toute transparence». Mercredi, en marge des vœux du syndicat Unsa Police, il a aussi évoqué «des éléments qui interrogent gravement». Des déclarations suffisamment claires pour Matignon, qui a estimé que tout était dit. Même Eric Morvan a réagi à la mort de Cédric Chouviat au détour d’un entretien accordé à l’Opinion sur les circonstances de son départ à la retraite : «La conséquence est extrêmement grave et les constatations médico-légales sont sans appel sur l’enfoncement du larynx [lire ci-contre]. C’est pourquoi une enquête judiciaire a été ouverte [du chef d’homicide involontaire par le parquet de Paris, ndlr]. Je ne dis pas que tout s’est bien passé.»

    Malaise

    Malgré tout, le malaise autour des méthodes employées par les forces de l’ordre s’accentue chaque jour un peu plus au sein de la classe politique. En effet, et même si la mort de Cédric Chouviat ne résulte pas d’une opération de maintien de l’ordre, la France est abreuvée de vidéos de violences policières, pour certaines édifiantes, depuis quatorze mois. Si le nombre de blessés et de mutilés a explosé avec le mouvement des gilets jaunes, Zineb Redouane à Marseille et Steve Maia Caniço à Nantes, sont, eux, morts à la suite d’une opération de police.

    Au sein même de la majorité, certains parlementaires se sont montrés offensifs sur le cas Chouviat, confessant une possible «bavure policière». «La rupture du larynx, ça n’arrive pas juste en tombant, s’interroge Didier Paris, ancien sous-préfet et député LREM. Cela mérite des investigations complètes.» Sur LCI, le candidat LREM à la mairie de Paris Cédric Villani s’est dit «choqué et horrifié».

    Conférence citoyenne

    Plus sibyllin, Aurélien Taché a estimé sur Twitter que «personne ne devrait mourir comme cela, [notre responsabilité] est de faire en sorte que cela ne se reproduise jamais». Aux yeux des parlementaires LREM, interdire la technique du plaquage ventral, suspectée d’avoir conduit à la mort de Cédric Chouviat (lire page 4), n’est donc pas exclu : «Il faudra peut-être tirer les conséquences de l’enquête s’il s’avère que la technique est dangereuse», préempte Didier Paris.

    En février, La France insoumise avait déjà demandé son interdiction dans une proposition de loi rejetée depuis. L’un de ses inspirateurs, le député Ugo Bernalicis, dénonce «un climat de tension exacerbé par le ministre de l’Intérieur et le préfet de police de Paris [Didier Lallement], pas seulement dans les manifestations, mais aussi lors d’un banal contrôle routier». Pourtant, c’est bel et bien une confirmation des tactiques employées sur le terrain ces derniers mois que la Place Beauvau s’apprête à entériner. D’ici peu, le ministère annoncera un nouveau schéma national du maintien de l’ordre, qui selon un document de travail consulté par Libération en décembre, ne devrait remettre en cause ni la doctrine ni l’usage des armes décriées, telles que les grenades assourdissantes ou les lanceurs de balle de défense (LBD). Samedi, une conférence citoyenne est néanmoins organisée à Beauvau, «un exercice de démocratie directe inédit sur ce type de sujets», explique-t-on au cabinet de Castaner. Pas sûr que cela suffise à apaiser la tension ambiante. Lundi, un policier de la brigade anticriminalité a été mis examen à Bordeaux. Il est suspecté d’être l’auteur du tir de LBD qui a grièvement blessé à la tête le pompier Olivier Béziade le 12 janvier 2019.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
Chargement...
X