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Quand Kamel Daoud enterre la contestation algérienne

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  • Quand Kamel Daoud enterre la contestation algérienne

    L’écrivain algérien apporte sa caution brillante, mais très discutable, à la propagande du régime algérien.

    Cela fait près d’un an que des foules d’Algériennes et d’Algériens défilent pour exiger une transition démocratique digne de ce nom. Près d’un an que le régime cherche au moins une figure intellectuelle pour relayer les rengaines officielles. Il vient enfin d’atteindre cet objectif, avec l’éloge funèbre de la contestation algérienne, tout récemment publié par Kamel Daoud sur cinq pages dans « Le Point ». Ce ralliement de fait est d’autant plus appréciable que l’auteur de « Meursault contre-enquête », le roman qui l’a rendu mondialement célèbre en 2015, avait vigoureusement dénoncé le système Bouteflika. La place éminente de Daoud dans le débat d’idées, sans doute plus en France qu’en Algérie, rend dès lors nécessaire l’analyse de ses arguments.

    UN SEUL HEROS, LE CHEF D’ETAT-MAJOR ?

    Le romancier ouvre son manifeste par les obsèques nationales du général Gaïd Salah, décédé le mois dernier, après quinze années à la tête des armées algériennes. Il décrit cet « enterrement digne d’un chef d’Etat », mais omet d’ajouter qu’un tel faste consacre à titre posthume le statut du chef d’état-major comme véritable maître du pays. Non, Daoud préfère voir dans ces funérailles « l’émotion manquante pour souder un nouveau consensus politique ». Il reconnaît pourtant que c’est une fois encore l’armée qui se voudrait au coeur d’un tel « consensus », cette armée qu’il pare des « artifices d’une nouvelle épopée messianique », sans chercher à démonter de tels « artifices ». Il brosse au contraire un tableau haut en couleurs de la « vraie guerre imaginaire contre la France », osant même affirmer que le clivage entre tenants du régime et contestataires du Hirak est aujourd’hui moins important que la contradiction entre pro et anti-Français. Emporté par son élan, il assène que « la contestation a déjà signé l’irréversibilité de la dictature ».

    Kamel Daoud, tout à la mise en scène du grand récit du régime, n’a pas un mot pour la « nouvelle indépendance » que réclament depuis 48 vendredis les manifestants algériens dans des dizaines de villes du pays, cette « nouvelle indépendance » post-dictatoriale tant attendue depuis l’indépendance post-coloniale de 1962. Il occulte l’immense travail de mémoire accompli par ces manifestants depuis un an pour se réapproprier l’histoire authentique de la lutte de libération anti-française. Il ne juge pas bon de rappeler leurs slogans « Un Etat civil, et non militaire » et « Un pays ne se gouverne pas comme une caserne ». Il accrédite en revanche la fable d’une armée qui aurait « accompagné le soulèvement sans verser une goutte de sang ». Or l’armée est demeurée cantonnée depuis un an, laissant policiers et gendarmes en première ligne face à des défilés dont le Hirak, par sa détermination pacifiste, a seul garanti le caractère non-violent, et ce malgré les provocations répétées.

    BOUTEFLIKA ETAIT-IL LE SEUL PROBLEME ?

    Kamel Daoud demeure cohérent avec sa participation au tout début du Hirak, quand il dénonçait depuis Oran le « royaume tentaculaire » de la présidence Bouteflika. Il n’a en revanche jamais mis en cause l’emprise de Gaïd Salah et des « décideurs » militaires, prêt qu’il était à accepter que la chute de Bouteflika et la purge de son clan marquent la fin de la contestation. La sincérité des convictions du romancier est en soi respectable, même si elle creuse son décalage croissant avec la mobilisation populaire. Il en est réduit à fustiger « l’ultranarcissisme » de « certains militants de la rue algéroise », opposant une « Algérie profonde » au « ghetto politique » que serait devenu « l’urbain ». Et tant pis si la cité/polis constitue la racine même du politique et si le taux d’urbanisation de l’Algérie dépasse les 70%! Daoud ne craint d’ailleurs pas la polémique en accusant les dirigeants du Hirak d’être « incapables de sortir de la capitale » et « d’imaginer un leadership décentralisé », alors même que la contestation algérienne est mise en cause pour sa structuration trop souple, plutôt que trop rigide. Il apparaît plus clairvoyant lorsqu’il souligne « la montée vigoureuse du néo-islamisme qui propose déjà à l’armée d’être son bras politique ».

    L’historien, dans son travail de lucidité et d’interprétation, se heurte souvent aux invocateurs des mythes, prompts à réduire un peuple ou une culture à une essence. Kamel Daoud a certes prouvé, dans une intervention mémorable à Sciences Po, qu’il pouvait conférer à un mythe, celui de Jonas, une dimension universelle. Il est aujourd’hui bien moins convaincant quand il place au centre de son pays le « lien oedipien avec l’armée, figure de paternité sécurisante »: « en boucle, l’Algérie, c’est le fils qui s’aveugle en tuant le père et le père qui tue le fils en l’égarant dans le labyrinthe des revendications ». La jeunesse algérienne n’a que faire de ces clichés freudiens, dont on voit mal pourquoi ils s’appliqueraient plus à cette société qu’à une autre. Elle entend bien vivre libre et digne sur sa terre, une revendication qu’elle exprime avec force au nom de sa « nouvelle indépendance ». Et c’est ce message d’espoir qu’elle continue d’adresser au monde en 2020, n’en déplaise à Kamel Daoud.

    Par Jean-Pierre Filiu
    Le Monde
    19 janvier 2020
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

  • #2
    Très bonne réponse de Jean-Pierre Filiu à Kamel Daoud.

    Jean-Pierre Filiu est professeur des universités en histoire du Moyen-Orient contemporain à Sciences Po.

    Il a raison. Pourquoi Kamel Daoud ne critique jamais Gaid Salah ou les décideurs militaires qui sont le vrai problème de l'Algérie ?

    Il n’a en revanche jamais mis en cause l’emprise de Gaïd Salah et des « décideurs » militaires, prêt qu’il était à accepter que la chute de Bouteflika et la purge de son clan marquent la fin de la contestation
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

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    • #3
      Je n'ai pas fait la même lecture de la tribune de K Daoud.

      Mais vraiment pas.

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      • #4
        Je n'ai jamais compris cet intérêt démesuré, disproportionné, accordé à des auteurs comme Kamel Daoud, Abed Charef, Amine Zaoui, Boualem Sansal, Rachid Boudjedra, Yasmina Khadra, etc.

        On dirait que leurs avis en matière politique valent celui de millions d'Algériens, juste parce qu'ils ont une certaine (sur)médiatisation. Alors qu'en vérité leurs avis devraient être ramenés à leur échelle d'opinions personnelles qui n'engagent que leurs auteurs...
        Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

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        • #5
          Kamel Daoud recherche de l'inspiration de loin au chaud normale que sont constat sois erroné il vas à contre courant juste pour combinaisons gagnantes il aurait étais acteur du HIRAk il changerais d'avis ou du moins proposerai des solutions.

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          • #6
            Je n'ai jamais compris cet intérêt démesuré, disproportionné, accordé à des auteurs comme Kamel Daoud, Abed Charef, Amine Zaoui, Boualem Sansal, Rachid Boudjedra, Yasmina Khadra, etc.

            Vous ne comprendrez jamais rien .
            " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

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            • #7
              Iska

              C'est à dire ?

              Qu'il n'y a rien à comprendre ou qu'il me manquerait quelques neurones ? ...


              P.S : Je précise que je parle uniquement de leurs positions politiques...
              Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

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              • #8
                Je n'ai jamais compris cet intérêt démesuré, disproportionné, accordé à des auteurs comme Kamel Daoud, Abed Charef, Amine Zaoui, Boualem Sansal, Rachid Boudjedra, Yasmina Khadra,
                déjà tu mets tout ce beau monde dans le même sac, alors qu'ils pensent différement
                il y'en a dedans des

                - pro hirak ( amin zaoui, par exemple)
                - des anti hirak ou presque ( kamel daoud )
                - des gens qui pensent que le hirak avait fondamentalement divergé depuis avril ( abed charef )
                - le reste fait profil bas lol

                perso, j'aurais préféré qu'il y'en a d'autres à part cette liste, sauf qu'ils ont du mal à se faire entendre ( le fameux message commun de Djamel Zitouni et Lahouari Addi ) qui était à lui tout seul un hirak bis loooooool

                bref on aura compris que l'Algérien n'a non seulement pas de classe politique, il n'a à ses yeux même pas une élite intellectuelle à écouter, celle qui canalise les pensées et donner à la démocratie son vrai sens ( multiple et divesifiée )

                l'algérien n'a que faire des intellectuels, le pouvoir lui a susuré depuis 1962, qu'il ne faut surtout pas les écouter

                alors, on te sort des chanteurs policiens (ferhat mhenni lol ) des journalistes, des chaines télé ( el magharibia, tout sauf démocratique, elle n 'invite qu'une tendance précise et ignore le reste )
                le pouvoir mafieux a de beaux jours devant lui

                le Hirak n'a pas de relève politique qui le hisse vers le haut, on reste 11 mois, toujours terre à terre, c'est le cas que de le dire lol

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                • #9
                  il à pris la grosse tête, il fait des constats comme pratiquement tout le monde, mais il ne propose rien de concret comme solution.

                  Commentaire


                  • #10
                    tizi oualou

                    D'abord, il ne fallait pas zapper le "etc.". Je n'allais tout de même pas faire une liste exhaustive. J'ai juste cité à la volée les quelques noms qui me venaient à l'esprit, sachant qu'ils reviennent souvent dans les polémiques.

                    D'autre part, j'ai mis tout ce beau monde dans le même sac, parce que mon propos n'est pas de m'aligner sur les uns ou les autres, mais de m'interroger sur l' "intérêt" exagéré (il faut bien lire mon message) qu'on accorde à leurs points de vue politiques, comme si l'influence supposée de ces personnes était vraiment déterminante, alors qu'en définitive ils ne s'agit que de controverses superficielles tournant autour des sempiternelles guéguerres idéologico-identitaires, saupoudrées d'un zeste d'égocentrisme de mauvais aloi.

                    Quant au hirak, il a sa propre logique qui échappe manifestement aussi bien aux élites surannées qu'aux impatients et autres insatisfaits chroniques...
                    Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

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                    • #11
                      C'est à dire ?

                      Qu'il n'y a rien à comprendre ou qu'il me manquerait quelques neurones ? .
                      Loin de moi pareille pensée .

                      Tizi a répondu à ma place :


                      déjà tu mets tout ce beau monde dans le même sac, alors qu'ils pensent différement
                      sauf pour cette , où je ne suis pas d'accord avec lui:


                      - des anti hirak ou presque ( kamel daoud )
                      " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

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                      • #12
                        @fortuna

                        Quant au hirak, il a sa propre logique qui échappe manifestement aussi bien aux élites surannées qu'aux impatients et autres insatisfaits chroniques...
                        Exactement ! Le Hirak est une lame de fond qui échappe aux analyses de nos pseudos intellectuels. C'est un mouvement populaire inqualifiable que personne ne peut représenter.

                        ps : je te conseille d’ignorer les gribouilles de l’autre défaitiste. Je ne lis même pas ses écrits.
                        Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

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                        • #13
                          Envoyé par Iska
                          Tizi a répondu à ma place :
                          Et j'ai répondu à Tizi.

                          Donc c'est une réponse qui vaut double...
                          Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

                          Commentaire


                          • #14
                            Faute de leader, le Hirak plonge tout le monde dans un océan tumultueux, peuple comme intellectuels, analystes comme politiques. Un labyrinthe difficile d'en sortir. Polémiques et controverses continuent jusqu'à oublié la mort programmée du Hirak.

                            Commentaire


                            • #15
                              bon si on conclus à partir de ce que dit et a l'air d'assumer par deux fois, les commentaires de Fortuna ( qui a largement des neuronnes de plus que la moyenne d'ici et je suis sincère ) il faut alors se décider !
                              ou bien, on n'a pas d'élite intellectuelle dans ce pays ( même exilée )
                              et dans ce cas, wakha lala, on n'a que faire de ces..... et je vous cite :



                              l'influence supposée de ces personnes était vraiment déterminante

                              ne s'agit que de controverses superficielles tournant autour des sempiternelles guéguerres idéologico-identitaires, saupoudrées d'un zeste d'égocentrisme de mauvais aloi
                              dans ce cas, si on prend vos opinions comme vérité ( pourquoi pas, personne n'a le monopole de la vérité yak ? )
                              alors, j'ai déjà conclu depuis belle lurette, et je m'en cache pas, je suis au moins constant dans mes opinions, que les
                              Algériens avec leur Hirak ne vont pas loin, on ne fait pas une révolution sans élite politique

                              à cela on me répond, quand c'est gentil ( looool ) par :


                              Quant au hirak, il a sa propre logique qui échappe manifestement aussi bien aux élites surannées qu'aux impatients et autres insatisfaits chroniques...
                              ça a le mérite, au moins d'être clair ( pour moi en tous cas, je ne garantie rien pour les autres looool )
                              et je ne suis pas d'accord pour autant .
                              Dernière modification par tizi oualou, 19 janvier 2020, 20h16.

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