Cela faisait bientôt six mois que j’avais vu pour la dernière fois Ouahid, aucun de nous deux n’avait particulièrement manifesté de l’intérêt pour une nouvelle rencontre depuis ce soir là, on se contentait de s’appeler de temps en temps, pour sauvegarder ces liens sacrés pour tout musulman qu’il faut préserver à tout prix sous peine de susciter colère dans les cieux et indignation dans le monde d’ici-bas.
Je dois dire que j’ai rarement été aussi sûr de moi lorsqu’il s’est agi de mettre une croix sur quelqu’un, je n’ai jamais réussi à comprendre les règles implicites qui régissent les liens entre les individus, comprendre les motivations des autres et expliquer leur comportement ont de tout temps été source d’interrogations pour moi, même si nombreuses sont les fois où je croyais être parvenu à une base, une règle sur laquelle je pouvais m’appuyer pour gérer mes relations sociales, la réalité et la pratique finissaient inévitablement par démontrer à quel point je m’étais leurré.
Qu’est ce qui fait que les gens se mettent en colère pour une raison –à priori- tout à fait anodine, pourquoi m'était-il nécessaire de présenter des excuse, lorsque'au milieu d’une conversation, j’évoquais les chiens, les ânes, les orteils, les oreilles, le nez voire même la bouche.
Lorsque je parvenais à vaincre ma réticence à converser avec les autres lors des occasions familiales, je percevais dès que j’eus prononcé le mot « hmar » des modifications des expressions de quelques visages tournés vers moi, surtout si j'avais l'effronterie de le faire autour d'un repas ou d'un café, et je finissais systématiquement par lâcher « hachakoum » parce qu’anticipant des réflexions sur mon manque d’éducation désormais avéré.
Parfois, l’audace me faisait faire patienter les outragés quelques secondes qui paraissaient interminables, je m'amusais à observer les regards me pressant de m’excuser d’avoir évoqué le bougre de l’âne que j’avais vu lors de mes dernières vacances entrain de débouler, fous de joie, exposant généreusement ses dents et sa langue pendant sa course effrénée vers son maitre qui venait le nourrir depuis plusieurs jours.
Pourtant, je suis certain d’une chose, il y a une explication derrière tout comportement, chaque événement, chaque action ou inaction a un déclencheur, et il me revenait d’essayer de le déterminer pour comprendre et pardonner lorsque cela m'était supportable.
Une autre certitude à laquelle je ne puis me dérober, je ne peux me soustraire au jugement des autres, je peux toujours essayer de me convaincre que je suis indifférent à ce qu’ils peuvent bien penser de moi, de l’image qu’ils se font de ma personne, comment je paraissais à leurs regards, je me plaisais même à reprocher à mes proches avec énergie et insistance leur soumission aux jugements des autres, pourtant, je me surprenais, et parfois, me détestais moi-même à faire des efforts pour plaire, non par nécessité ou utilité quelconque, mais par simple plaisir de paraître chic, séduisant et galant.
Mais je ne pouvais me résoudre à cette idée qu’une entité inconsistante et amalgamée, faites de milliers de milliers de personnes, ou plus précisément, de leurs opinions, de leurs manière de penser, de leurs habitudes, pouvait me dicter ma conduite, ma façon de m’habiller, de penser, de me comporter, tout simplement de vivre.
J’en voulais et j’en veux peut être toujours, aux personnes qui prétendant vouloir mon propre bien, me conseillaient de faire comme tout le monde, comme eux-mêmes en fait, lorsqu'il s’agissait des événements les plus importants de ma vie, à l'exemple de mon mariage -exemple le plus pertinent car le plus amère- pratiquement tout ce qui j’y ai fait était dicté par les autres, de la date de la célébration, du choix de la salle de cérémonie ou celui des invités en passant par leur nombre, j’étais ainsi privé de tout pouvoir décisionnel - je n'avais la liberté que de choisir la manière de régler tout ces frais- le jour même qui était censé être le mien, pour finalement me retrouver seul le soir parce que ma belle-famille venait d’un patelin où la présence du marié au repas organisé par la famille de la mariée était « interdite ».
Au début, je ne ressentais aucune gêne par rapport à ce « détail » comme aimait me le rappeler ma future femme, tentant d’atténuer une douleur qu’elle croyait enfouie en moi malgré mes démentis incessants, j’étais même soulagé de ne pas y être car n’aimant pas les grands rassemblements où les règles du civisme et de la bonne séance sont systématiquement bafouées, mais quand vint ce soir-là, j’étais surpris de ressentir de l’amertume qui montait petit à petit, venant à bout en moi de mes tentatives désespéré de la contenir en offrant à mon esprit quelques occupations dérisoires qu’il finissait toujours par rejeter, ayant fini par céder, je laissais cette boule douloureuse envahir mon cœur tandis que j’étais allongé, fixant le plafond, pour m’intéresser aux raisons de ce phénomène, pourquoi devrais-je obéir à une règle qui n’avait aucun sens? aucune logique? qui était certainement instaurée par cette entité inconsistante, cet amalgame de « traditions », de clichés, de superstitions et sans doute de sadisme. L’amertume venait de se transformer en colère.
Quand je posais plus tard la question sur le pourquoi d’une telle pratique, on me répondait par cette phrase qui faisait exploser en moi une rage que je pouvais à peine contenir, « c’est comme ca, tout le monde fait pareil ».
Quand on me prenait à témoin, j’étais toujours tenté d’exprimer mon avis avec franchise et diplomatique, risquant par là de décevoir celui qui est venu solliciter mon soutien pour convaincre l’assemblée qu’il avait bien raison et qu’il était le plus intelligent parmi tous, mais me remémorant certaines fois où je l’ai fait, et la froideur qui est venu et a perduré bien après ce moment là, entre moi et la victime de ma franchise, je me ravisais et donnais raison à celui qui venait de me demander de trancher objectivement, alors que ses yeux voulaient simplement que je lui dise « tu as raison ya chater !».
Certains invités étaient maintenant partis, nous n’étions que trois ou quatre à siroter du thé tiède et saturé de sucre, combiné à une temmina où les proportions de sucre et de semoule étaient à l’évidence inversées, Ouahid, quadragénaire, à fond dans la religion, avait orienté malgré lui la discussion qu’il avait avec mon père, sur un sujet qui faisait vibrer ma corde sensible systématiquement, la place du Savoir dans l’Islam.
Selon lui, le seul et véritable savoir (3ilm) ou connaissance pour allah subhanu, c’est la connaissance de la religion ou plus précisément, les sciences islamiques, tous les autres savoirs et toutes les autres spécialités n’étaient que secondaires, un bon musulman se devait selon mon cousin, d’apprendre par cœur le saint coran et les hadith, leur traductions et interprétations, avant de songer à s’initier à la médecine, les maths ou toute autre discipline dite « scientifique ».
Il ajoutait d’autres précisions quand mon père voulant nuancer ses propos, lui disait que rien n’empêche de connaitre sa religion et d’apprendre les maths, alors le cousin affirmait que toute une vie ne suffirait pas à se déclarer « savant » de l’islam, que la quête du savoir en matière de religion était l’affaire de toute une existence, quand mon père rétorquait que sans les sciences, nous serions dans la mouise, pas de médecin, pas de technologie, l’âge de pierre en somme, le fils de mon oncle marqua une pause et semblait hésiter avant de lâcher ce qui allait suivre, moi-même, et même si j’avais déjà entendu cette réplique, je fus surpris que Ouahid puisse adopter un tel raisonnement, il dit « il y aura toujours des gens qui ne feront pas une priorité des sciences islamiques », c'est-à-dire, des « égarés », il y’en aura toujours, donc, le scénario imaginé par mon père était improbable, puis il terminait par, "profiter de la technologie, des soins et des bienfaits des sciences n'est pas interdit", en somme, profiter de "l'égarement" des autres, tout en souhaitant qu'il existe toujours des "ignorant" est tout à fait légitime.
J’ai regardé vers lui, pendant que les mots s’échappaient de sa bouche invisible, et je réfléchissais à ce que je pouvais bien lui répondre, les arguments ne manquaient pas et le verrou que je m’étais imposée avait sauté depuis longtemps, et pendant que je cherchais la meilleure réponse et la plus adaptée à ce genre de personne, je fus presque coupé de la réalité jusqu'à oublier la situation dans laquelle j’étais, je fus réveillé par les éclats de voix et les gestes vifs de mon père qui interrompait avec énergie le discours du cousin, coupable de l’avoir mis dans tous ses états. profitant de ce répit ma bouche s’ouvrit ramenant le calme sur le visage de mon géniteur, je dis à Ouahid avec le plus grand calme:
- J’ai une question, tu veux bien y répondre ?
- Oui bien sur
- Allah subhanu, n’est-il pas le créateur de toute chose ?
- C’est l’évidence même Risk,
- Alors, dis moi s’il te plait, quelles sont les créations d’allah ?
Surpris, me regardant d’un air étonné, il jetai un regard incrédule à mon père, celui ci fermait les yeux lentement comme le pressant de répondre. j’insistais de nouveau :
- Aya khouya Ouahid, je suis sérieux, dieu a tout crée oui ou non ? oui ?! alors, qu’a-t-il crée, les chevaux, le ciel, la terre et la mer, les plantes, les cailloux, le papier, les insectes ?
il me reprit :
- Les océans, et tout ce qu’ils contiennent, les cieux et les étoiles
- Mais encore ? je l’invitais à poursuivre
- Bah, tout ce qui existe me dit –il un peu agacé
je continuais puisque visiblement, il ne voulait pas se prêter au jeu:
- Le temps, dieu a créé le temps, les dimensions, l’éspace-temps, les trous noirs -puis je lui demandais-, tu sais ce que c’est qu’un trou noir ? c’est un objet qui se trouve dans l’espace et qui a une telle force d'attraction qu'il peut absorber tout ce qui se trouve à proximité, c'est à dire, à des millions de kilomètres à la ronde, même la lumière et le temps !
Allah a créé les électrons, l’ADN, les photons et toutes sortes de choses que j’ignore, mais qui existent !
Il ne comprenait pas, contrairement à mon père, où je voulais en venir, alors je choisis de conclure :
- Je sais que dieu a créé tout ceci parce que j’ai eu la chance d’acquérir certaines connaissances, l’univers qu’allah a créé dépend de ta perception, si ta vision est étroite, si ton univers n’est fait que des montagnes, des océans et des étoiles, alors, pour toi, dieu n’a créé que des montagnes, des océans et des étoiles, donc, s’il te plait cousin, laisse tes gosses apprendre le Français ou l’Anglais, laisse les comprendre comment se nourrissent les plantes, comment se forment les montagnes, comment grandissent les bébé, laisse les contempler et comprendre l’œuvre de dieu.
Désarçonné, il ne dit plus un mot jusqu’à ce que soudain, ce qui ressemblait à de la colère s'est emparé de son regard, mon père balança une blague et quelques secondes après, mon cousin quittait la table.
plus tard, j'appris par mon père, que je n’aurais pas du lui parler de ses gosses dont il prévoyait d'interrompre les études dès le lycée, parce que sa femme, désespérée, l’avait raconté à ma mère lui promettant de ne rien répéter. Sauf que je ne trahissais pas le secret de ma mère puisque je n’étais au courant de rien, j’avais seulement deviné qu’un raisonnement comme le sien devait certainement être accompagné de décisions comme interrompre les études des enfants.
Un autre membre de la famille qui me boycotte…
Ps : récit partiellement fictif.
Je dois dire que j’ai rarement été aussi sûr de moi lorsqu’il s’est agi de mettre une croix sur quelqu’un, je n’ai jamais réussi à comprendre les règles implicites qui régissent les liens entre les individus, comprendre les motivations des autres et expliquer leur comportement ont de tout temps été source d’interrogations pour moi, même si nombreuses sont les fois où je croyais être parvenu à une base, une règle sur laquelle je pouvais m’appuyer pour gérer mes relations sociales, la réalité et la pratique finissaient inévitablement par démontrer à quel point je m’étais leurré.
Qu’est ce qui fait que les gens se mettent en colère pour une raison –à priori- tout à fait anodine, pourquoi m'était-il nécessaire de présenter des excuse, lorsque'au milieu d’une conversation, j’évoquais les chiens, les ânes, les orteils, les oreilles, le nez voire même la bouche.
Lorsque je parvenais à vaincre ma réticence à converser avec les autres lors des occasions familiales, je percevais dès que j’eus prononcé le mot « hmar » des modifications des expressions de quelques visages tournés vers moi, surtout si j'avais l'effronterie de le faire autour d'un repas ou d'un café, et je finissais systématiquement par lâcher « hachakoum » parce qu’anticipant des réflexions sur mon manque d’éducation désormais avéré.
Parfois, l’audace me faisait faire patienter les outragés quelques secondes qui paraissaient interminables, je m'amusais à observer les regards me pressant de m’excuser d’avoir évoqué le bougre de l’âne que j’avais vu lors de mes dernières vacances entrain de débouler, fous de joie, exposant généreusement ses dents et sa langue pendant sa course effrénée vers son maitre qui venait le nourrir depuis plusieurs jours.
Pourtant, je suis certain d’une chose, il y a une explication derrière tout comportement, chaque événement, chaque action ou inaction a un déclencheur, et il me revenait d’essayer de le déterminer pour comprendre et pardonner lorsque cela m'était supportable.
Une autre certitude à laquelle je ne puis me dérober, je ne peux me soustraire au jugement des autres, je peux toujours essayer de me convaincre que je suis indifférent à ce qu’ils peuvent bien penser de moi, de l’image qu’ils se font de ma personne, comment je paraissais à leurs regards, je me plaisais même à reprocher à mes proches avec énergie et insistance leur soumission aux jugements des autres, pourtant, je me surprenais, et parfois, me détestais moi-même à faire des efforts pour plaire, non par nécessité ou utilité quelconque, mais par simple plaisir de paraître chic, séduisant et galant.
Mais je ne pouvais me résoudre à cette idée qu’une entité inconsistante et amalgamée, faites de milliers de milliers de personnes, ou plus précisément, de leurs opinions, de leurs manière de penser, de leurs habitudes, pouvait me dicter ma conduite, ma façon de m’habiller, de penser, de me comporter, tout simplement de vivre.
J’en voulais et j’en veux peut être toujours, aux personnes qui prétendant vouloir mon propre bien, me conseillaient de faire comme tout le monde, comme eux-mêmes en fait, lorsqu'il s’agissait des événements les plus importants de ma vie, à l'exemple de mon mariage -exemple le plus pertinent car le plus amère- pratiquement tout ce qui j’y ai fait était dicté par les autres, de la date de la célébration, du choix de la salle de cérémonie ou celui des invités en passant par leur nombre, j’étais ainsi privé de tout pouvoir décisionnel - je n'avais la liberté que de choisir la manière de régler tout ces frais- le jour même qui était censé être le mien, pour finalement me retrouver seul le soir parce que ma belle-famille venait d’un patelin où la présence du marié au repas organisé par la famille de la mariée était « interdite ».
Au début, je ne ressentais aucune gêne par rapport à ce « détail » comme aimait me le rappeler ma future femme, tentant d’atténuer une douleur qu’elle croyait enfouie en moi malgré mes démentis incessants, j’étais même soulagé de ne pas y être car n’aimant pas les grands rassemblements où les règles du civisme et de la bonne séance sont systématiquement bafouées, mais quand vint ce soir-là, j’étais surpris de ressentir de l’amertume qui montait petit à petit, venant à bout en moi de mes tentatives désespéré de la contenir en offrant à mon esprit quelques occupations dérisoires qu’il finissait toujours par rejeter, ayant fini par céder, je laissais cette boule douloureuse envahir mon cœur tandis que j’étais allongé, fixant le plafond, pour m’intéresser aux raisons de ce phénomène, pourquoi devrais-je obéir à une règle qui n’avait aucun sens? aucune logique? qui était certainement instaurée par cette entité inconsistante, cet amalgame de « traditions », de clichés, de superstitions et sans doute de sadisme. L’amertume venait de se transformer en colère.
Quand je posais plus tard la question sur le pourquoi d’une telle pratique, on me répondait par cette phrase qui faisait exploser en moi une rage que je pouvais à peine contenir, « c’est comme ca, tout le monde fait pareil ».
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Nous étions donc les invités à un repas de famille, une table bien garnie autour de laquelle tous les hommes étaient réunis pour célébrer l’arrivée d’un nouveau petit être dans notre monde, il commençait à se faire tard et la soirée touchait à sa fin, je n’avais pas dit grand-chose depuis le début du repas, bien que je connaissais tous les convives, je n’avais pas tellement envie d’intervenir dans les discussions non que je n’avais pas d’avis sur les thèmes abordés mais parce que je m’étais promis de ne plus me laisser entraîner dans des débats qui pouvaient potentiellement déboucher sur des conflits, c'est-à-dire, à peu près toutes les discussions.Quand on me prenait à témoin, j’étais toujours tenté d’exprimer mon avis avec franchise et diplomatique, risquant par là de décevoir celui qui est venu solliciter mon soutien pour convaincre l’assemblée qu’il avait bien raison et qu’il était le plus intelligent parmi tous, mais me remémorant certaines fois où je l’ai fait, et la froideur qui est venu et a perduré bien après ce moment là, entre moi et la victime de ma franchise, je me ravisais et donnais raison à celui qui venait de me demander de trancher objectivement, alors que ses yeux voulaient simplement que je lui dise « tu as raison ya chater !».
Certains invités étaient maintenant partis, nous n’étions que trois ou quatre à siroter du thé tiède et saturé de sucre, combiné à une temmina où les proportions de sucre et de semoule étaient à l’évidence inversées, Ouahid, quadragénaire, à fond dans la religion, avait orienté malgré lui la discussion qu’il avait avec mon père, sur un sujet qui faisait vibrer ma corde sensible systématiquement, la place du Savoir dans l’Islam.
Selon lui, le seul et véritable savoir (3ilm) ou connaissance pour allah subhanu, c’est la connaissance de la religion ou plus précisément, les sciences islamiques, tous les autres savoirs et toutes les autres spécialités n’étaient que secondaires, un bon musulman se devait selon mon cousin, d’apprendre par cœur le saint coran et les hadith, leur traductions et interprétations, avant de songer à s’initier à la médecine, les maths ou toute autre discipline dite « scientifique ».
Il ajoutait d’autres précisions quand mon père voulant nuancer ses propos, lui disait que rien n’empêche de connaitre sa religion et d’apprendre les maths, alors le cousin affirmait que toute une vie ne suffirait pas à se déclarer « savant » de l’islam, que la quête du savoir en matière de religion était l’affaire de toute une existence, quand mon père rétorquait que sans les sciences, nous serions dans la mouise, pas de médecin, pas de technologie, l’âge de pierre en somme, le fils de mon oncle marqua une pause et semblait hésiter avant de lâcher ce qui allait suivre, moi-même, et même si j’avais déjà entendu cette réplique, je fus surpris que Ouahid puisse adopter un tel raisonnement, il dit « il y aura toujours des gens qui ne feront pas une priorité des sciences islamiques », c'est-à-dire, des « égarés », il y’en aura toujours, donc, le scénario imaginé par mon père était improbable, puis il terminait par, "profiter de la technologie, des soins et des bienfaits des sciences n'est pas interdit", en somme, profiter de "l'égarement" des autres, tout en souhaitant qu'il existe toujours des "ignorant" est tout à fait légitime.
J’ai regardé vers lui, pendant que les mots s’échappaient de sa bouche invisible, et je réfléchissais à ce que je pouvais bien lui répondre, les arguments ne manquaient pas et le verrou que je m’étais imposée avait sauté depuis longtemps, et pendant que je cherchais la meilleure réponse et la plus adaptée à ce genre de personne, je fus presque coupé de la réalité jusqu'à oublier la situation dans laquelle j’étais, je fus réveillé par les éclats de voix et les gestes vifs de mon père qui interrompait avec énergie le discours du cousin, coupable de l’avoir mis dans tous ses états. profitant de ce répit ma bouche s’ouvrit ramenant le calme sur le visage de mon géniteur, je dis à Ouahid avec le plus grand calme:
- J’ai une question, tu veux bien y répondre ?
- Oui bien sur
- Allah subhanu, n’est-il pas le créateur de toute chose ?
- C’est l’évidence même Risk,
- Alors, dis moi s’il te plait, quelles sont les créations d’allah ?
Surpris, me regardant d’un air étonné, il jetai un regard incrédule à mon père, celui ci fermait les yeux lentement comme le pressant de répondre. j’insistais de nouveau :
- Aya khouya Ouahid, je suis sérieux, dieu a tout crée oui ou non ? oui ?! alors, qu’a-t-il crée, les chevaux, le ciel, la terre et la mer, les plantes, les cailloux, le papier, les insectes ?
il me reprit :
- Les océans, et tout ce qu’ils contiennent, les cieux et les étoiles
- Mais encore ? je l’invitais à poursuivre
- Bah, tout ce qui existe me dit –il un peu agacé
je continuais puisque visiblement, il ne voulait pas se prêter au jeu:
- Le temps, dieu a créé le temps, les dimensions, l’éspace-temps, les trous noirs -puis je lui demandais-, tu sais ce que c’est qu’un trou noir ? c’est un objet qui se trouve dans l’espace et qui a une telle force d'attraction qu'il peut absorber tout ce qui se trouve à proximité, c'est à dire, à des millions de kilomètres à la ronde, même la lumière et le temps !
Allah a créé les électrons, l’ADN, les photons et toutes sortes de choses que j’ignore, mais qui existent !
Il ne comprenait pas, contrairement à mon père, où je voulais en venir, alors je choisis de conclure :
- Je sais que dieu a créé tout ceci parce que j’ai eu la chance d’acquérir certaines connaissances, l’univers qu’allah a créé dépend de ta perception, si ta vision est étroite, si ton univers n’est fait que des montagnes, des océans et des étoiles, alors, pour toi, dieu n’a créé que des montagnes, des océans et des étoiles, donc, s’il te plait cousin, laisse tes gosses apprendre le Français ou l’Anglais, laisse les comprendre comment se nourrissent les plantes, comment se forment les montagnes, comment grandissent les bébé, laisse les contempler et comprendre l’œuvre de dieu.
Désarçonné, il ne dit plus un mot jusqu’à ce que soudain, ce qui ressemblait à de la colère s'est emparé de son regard, mon père balança une blague et quelques secondes après, mon cousin quittait la table.
plus tard, j'appris par mon père, que je n’aurais pas du lui parler de ses gosses dont il prévoyait d'interrompre les études dès le lycée, parce que sa femme, désespérée, l’avait raconté à ma mère lui promettant de ne rien répéter. Sauf que je ne trahissais pas le secret de ma mère puisque je n’étais au courant de rien, j’avais seulement deviné qu’un raisonnement comme le sien devait certainement être accompagné de décisions comme interrompre les études des enfants.
Un autre membre de la famille qui me boycotte…
Ps : récit partiellement fictif.
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