Effectivement, depuis l'étranger il est vraisemblable que nous peinons à mesurer l'ampleur de la portée du Hirak.
- Quasiment un an après le début du mouvement de protestation en Algérie, de nombreux Algériens vivant en France s’interrogent sur leur place dans le Hirak.
Place de la République, à Paris, dimanche 26 janvier. Plus d’un mois après l’annonce officielle de l’élection du nouveau président algérien Abdelmadjid Tebboune, des drapeaux algériens et berbères – ces derniers sont interdits à Alger –, flottent devant la statue de Marianne. Au micro, sur une estrade, des militants, hommes et femmes, dénoncent une fraude électorale et appellent à créer une deuxième République, libre et démocratique. La place se remplit progressivement, mais n’atteindra pas l’affluence qui avait marqué les rassemblements du début du Hirak en février 2019.
« Je ne vais plus place de la République. Je ne participe qu’aux marches commémoratives, comme celle du 5 juillet pour fêter le jour de l’indépendance », confie Selima*, Algérienne arrivée en France il y a quinze ans pour ses études. « Symboliquement, ça me gêne, du fait de l’histoire entre les deux pays, de manifester mon soutien au Hirak depuis le territoire de l’ancienne puissance coloniale », poursuit-elle, tout en reconnaissant l’importance de « donner une image de nous là-bas, leur montrer qu’ils ne sont pas seuls ».
« Sortir de la peur »
Un an après le début du mouvement de protestation en Algérie, de nombreux membres de la diaspora algérienne en France s’interrogent sur leur place dans le mouvement. Evénement inattendu, la chute du président Bouteflika a ouvert les champs du possible dans un pays qui paraissait à beaucoup jusqu’ici prisonnier de ses dirigeants. « C’est magnifique ce à quoi nous sommes déjà parvenus : sortir de la peur, imaginer un autre avenir politique pour notre pays, se réconcilier et accepter nos différences idéologiques », avance Saphia*, étudiante en France, qui a vécu la décennie noire en Algérie. Mais passées les premières mobilisations enthousiastes, la poursuite d’un engagement, concret et durable, loin d’Alger, n’a rien d’évident.
(…).
Naïma Yahi, historienne, spécialiste de l’histoire culturelle des Maghrébins en France, fait valoir que cette diaspora, présente depuis la fin du XIXe siècle, est « plurielle et plurigénérationnelle », expliquant en partie des formes d’implication très différentes. « Mon père est arrivé en France en 1963 et était ouvrier. Il n’a rien à voir avec un journaliste exilé en France pendant la décennie noire, souligne-t-elle. Tout en poursuivant : « Les enfants d’immigrés sont des Français comme les autres. Ils sont traversés par des problématiques franco-françaises : l’emploi, le logement, les discriminations raciales. L’Algérie, c’est le pays de leurs parents ou de leurs grands-parents. S’ils le connaissent, c’est le temps des vacances le plus souvent. »
(…).
« Les collectifs sont ouverts à tous, même si nous craignons parfois l’infiltration d’agents consulaires », confie une militante du Hirak, sous couvert d’anonymat. Le cœur de la mobilisation est surtout constitué d’Algériens arrivés en France pour suivre leurs études dans les années 2000 ou ayant fui la guerre civile.
« Des militants, notamment d’Agir pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA), association créée en 2011 par des communistes algériens, dissidents politiques, ont été un fer de lance du Hirak. Ils portent en eux la mémoire de la décennie noire et ont une forte expérience politique », explique Naïma Yahi.
Le Monde.fr (extraits)
- Quasiment un an après le début du mouvement de protestation en Algérie, de nombreux Algériens vivant en France s’interrogent sur leur place dans le Hirak.
Place de la République, à Paris, dimanche 26 janvier. Plus d’un mois après l’annonce officielle de l’élection du nouveau président algérien Abdelmadjid Tebboune, des drapeaux algériens et berbères – ces derniers sont interdits à Alger –, flottent devant la statue de Marianne. Au micro, sur une estrade, des militants, hommes et femmes, dénoncent une fraude électorale et appellent à créer une deuxième République, libre et démocratique. La place se remplit progressivement, mais n’atteindra pas l’affluence qui avait marqué les rassemblements du début du Hirak en février 2019.
« Je ne vais plus place de la République. Je ne participe qu’aux marches commémoratives, comme celle du 5 juillet pour fêter le jour de l’indépendance », confie Selima*, Algérienne arrivée en France il y a quinze ans pour ses études. « Symboliquement, ça me gêne, du fait de l’histoire entre les deux pays, de manifester mon soutien au Hirak depuis le territoire de l’ancienne puissance coloniale », poursuit-elle, tout en reconnaissant l’importance de « donner une image de nous là-bas, leur montrer qu’ils ne sont pas seuls ».
« Sortir de la peur »
Un an après le début du mouvement de protestation en Algérie, de nombreux membres de la diaspora algérienne en France s’interrogent sur leur place dans le mouvement. Evénement inattendu, la chute du président Bouteflika a ouvert les champs du possible dans un pays qui paraissait à beaucoup jusqu’ici prisonnier de ses dirigeants. « C’est magnifique ce à quoi nous sommes déjà parvenus : sortir de la peur, imaginer un autre avenir politique pour notre pays, se réconcilier et accepter nos différences idéologiques », avance Saphia*, étudiante en France, qui a vécu la décennie noire en Algérie. Mais passées les premières mobilisations enthousiastes, la poursuite d’un engagement, concret et durable, loin d’Alger, n’a rien d’évident.
(…).
Naïma Yahi, historienne, spécialiste de l’histoire culturelle des Maghrébins en France, fait valoir que cette diaspora, présente depuis la fin du XIXe siècle, est « plurielle et plurigénérationnelle », expliquant en partie des formes d’implication très différentes. « Mon père est arrivé en France en 1963 et était ouvrier. Il n’a rien à voir avec un journaliste exilé en France pendant la décennie noire, souligne-t-elle. Tout en poursuivant : « Les enfants d’immigrés sont des Français comme les autres. Ils sont traversés par des problématiques franco-françaises : l’emploi, le logement, les discriminations raciales. L’Algérie, c’est le pays de leurs parents ou de leurs grands-parents. S’ils le connaissent, c’est le temps des vacances le plus souvent. »
(…).
« Les collectifs sont ouverts à tous, même si nous craignons parfois l’infiltration d’agents consulaires », confie une militante du Hirak, sous couvert d’anonymat. Le cœur de la mobilisation est surtout constitué d’Algériens arrivés en France pour suivre leurs études dans les années 2000 ou ayant fui la guerre civile.
« Des militants, notamment d’Agir pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA), association créée en 2011 par des communistes algériens, dissidents politiques, ont été un fer de lance du Hirak. Ils portent en eux la mémoire de la décennie noire et ont une forte expérience politique », explique Naïma Yahi.
Le Monde.fr (extraits)
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