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Qui se cache derrière «Spécial Histoire», le magazine consacré aux colonies ?

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  • Qui se cache derrière «Spécial Histoire», le magazine consacré aux colonies ?

    La Une de ce bimestriel peu connu vante « une épopée formidable » et évoque « le gâchis de la colonisation ».

    Par Robin KordaLe 6 février 2020 à 17h24


    Joli coup de pub pour un titre quasiment inconnu. La Une du troisième numéro de Spécial Histoire, consacré aux colonies, a largement circulé sur les réseaux sociaux ce jeudi. Ses gros titres - « une époque incroyable », « Saïgon, quel souvenir ! » - ont interpellé des internautes, frappés de voir un titre de presse louer ouvertement les supposés bienfaits du colonialisme.
    Bien que certains aient cru à un canular, ce magazine existe bien et sera bientôt disponible en kiosque - un problème de livraison semble avoir retardé son apparition.
    Il appartient, comme des dizaines d'autres titres, au groupe controversé de Robert Lafont, à ne pas confondre avec les éditions Robert Laffont.


    En 2015, cet auteur d'un livre intitulé « Devenir riche » était qualifié d'« éditeur version copier-coller » par Le Monde. Le business model du groupe, côté en Bourse, repose sur des dizaines de publications consacrées à des thématiques diverses comme Vélo Sprint, L'Essentiel du jardin, Célébrité magazine ou encore Spécial chats.




    Accusations de plagiat

    Réalisées à bas coût mais vendues cher en kiosque (près de neuf euros pour Spécial Histoire), elles sont parfois l'objet d'accusations de plagiat. Qu'il s'agisse d'articles parus chez la concurrence ou de citations plus ou moins discrètes de l'encyclopédie en ligne Wikipédia.

    En 2018, Jeux Vidéo Revue avait par exemple été épinglée pour avoir siphonné des articles du Monde, de GQ et de sites spécialisés comme Game Kult ou GamerGen. Interrogé par L'Obs, le groupe Robert Lafont renvoyait alors vers le rédacteur en chef, un prestataire externe nommé Maxyme Hubner.
    Sur les réseaux sociaux, celui-ci est accusé de se dissimuler derrière le pseudonyme Darey Levezu pour occuper la même fonction au sein de Spécial Histoire. Contacté à plusieurs reprises par Le Parisien, Darey Levezu n'a pas donné suite à nos sollicitations.


    Coup marketing

    Dans un extrait partagé en ligne, le magazine se défend de vouloir entamer « un débat sans fin sur les bienfaits ou les méfaits de la colonisation ». Il évoque toutefois le « bienfait » des « nombreuses écoles » construites sur la période, regrette la « repentance permanente » à ce sujet et prend en exemple les Etats-Unis, devenus « la première puissance du monde, et les colons y sont pour beaucoup ».

    L'article, relativement éloigné des standards journalistiques habituels, n'est pas exempt de fautes (« cela à apporter »), tout comme la Une (« les gachis de la décolonisation »). De quoi soupçonner un titre réalisé à la va-vite sur un sujet supposément polémique. Ce qui ne dépareillerait pas de la stratégie de Robert Lafont, adepte des coups marketing.
    Issu d'une école de commerce parisienne, cet entrepreneur a par exemple monté « Le Journal des Gilets jaunes » au plus fort du mouvement social. Il peut également se targuer d'avoir publié la première biographie post-mortem de Johnny Hallyday. Vendue 15 euros, « Johnny pour toujours » est sortie le 14 décembre 2017. Neuf jours après le décès du rockeur.


    Le Parisien
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