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Jean Daniel, fondateur du « Nouvel Observateur », est mort

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  • Jean Daniel, fondateur du « Nouvel Observateur », est mort

    La mort de M. Jean Daniel (son pseudonyme) est semblable à celle d'un Juste comme il avait qualifié Vaclav Havel.

    Rarement d'accord avec lui, je lui reconnaît néanmoins une estime sans faille.

    - Inlassable avocat de la paix au Proche-Orient, proche de Camus avant de se brouiller avec lui au sujet de l’Algérie, il aura consacré sa vie au journalisme.
    (…).
    Jean Daniel est mort mercredi 19 février, à l’âge de 99 ans, a annoncé L’Obs. Il était né le 21 juillet 1920, à Blida, « la petite fleur du Sahel », à une cinquantaine de kilomètres d’Alger. « Je ne suis pas né comme Camus sur les rivages de la Méditerranée mais au pied d’une montagne, écrira-t-il plus tard. La mer était une promesse à quinze kilomètres. Il me reste l’odeur du chèvrefeuille, le braiment de l’âne attelé à une carriole devant notre porte. »

    « L’Algérie s’est arrachée de moi »

    Blida, c’est aussi « la grande maison » dans laquelle, longtemps, il dormit dans la chambre de ses parents. « Onzième enfant, on ne m’attendait pas », disait-il. Plus tard, son père lui raconterait comment il avait enlevé sa mère, alors âgée de 15 ans. Pour la séduire, il lui avait dit que « l’eau de nos sources était plus limpide, les raisins plus doux, les figues plus pleines ».

    « Rien, écrit-il dans Le Temps qui reste (Stock, 1973), pas même le désir que j’avais de garder pour moi seul une mère que ce patriarche lointain ne songeait pas à me voler, ne nourrissait une révolte contre notre père. » Il ajoutait : « L’Algérie de mon père, c’est évidemment la mienne, la seule. »-.

    Le Monde.FR (extraits)

  • #2
    Jean Daniel avait de l'estime des dirigeants maghrébins de l’époque, Hassan 2 qu'il avait interviewé juste avant sa mort en 1999, Bourguiba et aussi feu Houari Boumedienne dont il avait assisté et raconté en détail sa colère noire en 1975 après l’annonce par Hassan 2 de la marche verte.

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    • #3
      " Jean Daniel avait de l'estime des dirigeants maghrébins de l’époque, Hassan 2 qu'il avait interviewé juste avant sa mort en 1999, Bourguiba et aussi feu Houari Boumedienne dont il avait assisté et raconté en détail sa colère noire en 1975 après l’annonce par Hassan 2 de la marche verte."

      Certainement. Mais Jean Daniel avait aussi regretté que la France n'ait pas conféré le même statut de "l'indépendance dans l'interdépendance" à l'Algérie à l'instar du Maroc et la Tunisie. C'est-à-dire un statut néocolonialiste.:22:

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      • #4
        «Sans préavis, j’ai obtenu soudain ce jour-là une interview du Président Boumediene. De longue date, j’entretenais avec lui les meilleures relations. Avec moi, il ne faisait pas mine de ne parler qu’arabe. Il s’exprimait, sans embarras, dans un français très correct.
        J’ai été reçu au Palais du Gouvernement dans une salle en pleine effervescence. Ouvriers et électriciens s’affairaient à installer une sorte de studio de télévision avec écran, ce qui n’était pas commun à l’époque.
        Boumediene a fait une entrée assez théâtrale, son burnous habituel aux épaules. Son visage aux traits ascétiques et graves accentuait son allure majestueuse. Le geste souverain, la démarche auguste, il visait à en imposer à tous les regards. Il se prenait très au sérieux et tenait à ce que son interlocuteur le ressente.
        D’emblée, nous avons parlé de la Marche Verte annoncée quelques heures plus tôt. Il ne cachait pas sa colère sans l’extérioriser brutalement. Il restait très maître de lui jusqu’à ce qu’à l’écran apparaissent les images du roi Hassan II prononçant un discours.
        Là, le visage de Boumediene s’est métamorphosé. Un mélange de sourire nerveux et de fureur crispait son visage. Un moment, le roi parle de l’Algérie sur un ton conciliant et amical. Le Président lui lance, en arabe, une injure et, à ma stupeur, il avance son bras droit et délivre un magistral bras d’honneur. Tel un voyou de Bab el Oued.
        Le Président austère qui se donnait à voir quelques instants plus tôt avait disparu. J’avais devant moi un autre homme. Un jeune garnement des rues prêt à tout.
        Il s’est levé de son fauteuil et s’est mis à sautiller de façon étrange. Un peu hystérique. Je ne saurais dire s’il sautait de joie ou de colère, mais, je le revois très bien, il a bondi à plusieurs reprises. Il trépignait, comme s’il avait perdu le contrôle de son personnage.
        Les insultes contre Hassan II pleuvaient. J’étais stupéfait. Jamais je n’avais vu un chef d’Etat dans cet état. Ce n’était qu’un torrent d’invectives à un niveau insoutenable de grossièreté, d’obscénité, de vulgarité.
        Sans transition, ont suivi les menaces. Hassan II ne l’emportera pas au paradis. Il ne sait pas ce qui l’attend. L’Algérie ne se fera pas rouler dans la farine.
        J’étais d’autant plus abasourdi que l’affaire du Sahara trainait depuis longtemps. Les revendications du Maroc dataient de Mohamed V qui entendait affirmer sa souveraineté non seulement sur le Sahara Occidental mais sur la Mauritanie toute entière.
        Je n’oubliais pas, et Boumediene non plus, la défaite de l’Algérie pendant la guerre des sables d’octobre 1963. On sentait le goût de la revanche, le besoin d’effacer de mauvais souvenirs. Je n’ai plus souvenir des termes exacts mais l’idée était bien celle d’une riposte qui fera regretter à l’agresseur ses rodomontades. L’Algérie ne se laissera pas marcher sur les pieds. Elle rétorquera de tous ses moyens et on verra ce qu’on verra».

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        • #5
          Un journaliste qui me faisait ch...
          Un grand ami de tous les tyrans, il avait toujours de très bons mots pour eux. un vrai larbin!

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          • #6
            Un monument du journaliste s'est effondré. Un maître a penser des éditoriaux dont on trouve ses traces dans quasiment tous les journaux de l’hexagone. Un éclaireur de la gauche. La France perd une conscience, de ces hommes qui font l'Histoire à la seule force de leur plume.

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            • #7
              Paix à son âme ....
              Il était pour l'indépendance de l'Algérie à tel point qu'il a été Inculpé à deux reprises pour atteinte à la sûreté de l’État et menacé de mort par des partisans de l'Algérie française .......
              L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit.”Aristote

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              • #8
                " Contre Camus...Sartre avait eu raison!" Jean Daniel (d'alias )

                Juif (de religion) Jean Daniel avait avoué que le "divorce" de ses deux amis Camus et Sartre l'avait meurtri.

                Entre Albert Camus qui militait pour indépendance d'une Algérie sous domination française et Sartre qui préconisait qu'il fallait que l'Algérie coupe définitivement " le cordon ombilical" qui la liait à l'Hexagone afin qu'elle devienne pas une seconde Afrique du Sud d'apartheid, bien sûr que la querelle entre Camus et Sartre était irréconciliable.

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                • #9
                  En revanche, lors d'autres éditoriaux, Jean Daniel me laisse dubitatif.

                  - L'Obs Signatures de Jean Daniel:

                  "Je suis un véritable Blidéen"

                  Le 29 mai, Jean Daniel a été fait docteur honoris causa de l'université de Blida, sa ville natale. A cette occasion, il a prononcé un discours que voici.

                  Monsieur le Ministre,

                  Les hautes personnalités qui vous entourent sont si nombreuses que, de peur d’en oublier une – et pour vous montrer combien je suis heureux d’être parmi vous – j’ai choisi de dire CHERS COMPATRIOTES !

                  Cette expression n’a d’ailleurs rien d’outrecuidant puisque ma vie s’est déroulée comme un jeune amoureux de l’Algérie française, comme un militant de l’émancipation maghrébine et, enfin, comme un témoin engagé à tous les stades de la Révolution Algérienne.

                  "Nous ne savions rien de rien"

                  Qu’est-ce que nous apprenions alors au "Collège Colonial" de Blida sur notre ville et sur notre pays ? Bien sûr, à lire, à écrire, à compter, à réciter, parfois même à dessiner, c’était une base déjà solide pour nombre de petits enfants de naissance très modeste. Mais sur notre ville et sur notre pays pratiquement rien. Lorsqu’il s’agissait de l’histoire, on entendait vaguement parler de ces héros depuis Vercingétorix jusqu’à Napoléon .Mais nous n’en retenions même pas les noms avant le certificat d’études. Un jour, nous avions remarqué qu’un jeune professeur avait épinglé sur certains cartons des portraits de Massinissa, de Juba et de la Kahina. Mais nous ne savions pas de qui il s’agissait. C’était un mystère pour tout le monde, et d’abord pour nos professeurs français.

                  Les maîtres qui m’ont aidé plus tard non pas à apprendre mais à comprendre ce que l’on peut appeler l’arabo-islamisme, ce sont d’abord Charles-André Julien, lui-même né en Algérie, comme les professeurs Jacques Berque, Charles-Robert Ageron et Maxime Rodinson. Mais je suis sûr que je réveille bien des souvenirs chez les jeunes gens que vous avez été en évoquant la publication d’un livre dont le titre était "L’Afrique du Nord en marche". Un sous-titre était expressif : "Histoire et nationalisme maghrébins contre la France"-.

                  Par Jean Daniel, Publié le 03 juin 2014 à 20h15 (extraits).

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                  • #10
                    Jean Daniel, un des grands du journalisme était franc, courageux et il était pour la paix au Proche-Orient.
                    Le traité de Fès, nommé traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du protectorat français dans l'Empire chérifien,

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                    • #11
                      " Jean Daniel, un des grands du journalisme était franc, courageux et il était pour la paix au Proche-Orient. "

                      Certes. Mais sa position d'égard à Israël est pour le moins équivoque. Il prouve qu'un juif (au sens religieux) ne saurait critiquer Israël à l'inverse d'un Noam Chomsky, Albert Naquet (entre autres).

                      - Du courage, Albert Nallet en a revendre. Car il lui a bien fallu des tonnes de ce courage pour dire ses quatre vérités sur une atroce guerre qu’est celle que l’Algérie a subi la mort et l’amour dans l’âme. D’autres tonnes, pour venir ici chez nous, parler de son livre «On n’efface pas la vérité, Guerre d’Algérie, Grande Kabylie» à la veille du 1er novembre et dans un contexte bilatéral qui connaît depuis quelques temps ses moments de blues.

                      Un livre dans lequel cet homme courage dénonce sans complaisance aucune les cruautés du colonialisme, la torture, les exactions sommaires, les corvées de bois, l’indemnisation par l’Etat français des criminels de l’OAS que De Gaulle pourtant a pourchassé comme de vulgaires terroristes. Bref, pour cet ancien combattant du contingent français, c’est une véritable thérapie qu’à été ce livre qu’il vient tout juste de rééditer.


                      Le Jour d’Algérie : Plus de deux mille livres sur la Guerre d’Algérie ont été écrits par d’anciens combattants de l’armée française… trop ou peu de livres ? Ont-ils tous dit la vérité, toute la vérité ?

                      Albert Nallet : Je pense qu’il n’y a jamais trop de livres. D’abord, le nombre de 2 000 qui a été récemment donné en France, est approximatif mais disons qu’il y en a eu beaucoup depuis une dizaine d’années quand les choses se sont décantées à propos de la Guerre d’Algérie. Tout d’abord en 1999, en réponse aux engagements de la gauche plurielle, à l’unanimité, l’Assemblée nationale (le Parlement français), décide enfin de substituer les termes «d’opérations de maintien de l’ordre» ou «d’opérations effectuées en Afrique du Nord» par ceux de «guerre d’Algérie».

                      Puis en 2000, le témoignage dans Le Monde de Louisette Ighilahriz, ancienne combattante de l’ALN, nous révèle le nom de ceux qui l’ont torturée en 1957. A partir de là, entre autres, un certain nombre d’appelés de l’armée française, qui l’ont jugé nécessaire, ont rompu un silence qui a perduré durant trente ou quarante ans. Apparaît au grand jour toutes les affres de cette «vraie guerre» (embuscades, tortures, assassinats, destructions, souffrances des populations, vols, viols et tant d’autres horreurs…).

                      Certains ont raconté leurs histoires personnelles qui ont toutes leur importance, d’autres, moins nombreux, reflètent leur nette opposition à la guerre faite au peuple algérien.
                      Dernière modification par rago, 20 février 2020, 21h57.

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