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Algérie : l’inlassable défi du Hirak

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  • Algérie : l’inlassable défi du Hirak

    ÉDITORIAL
    Le Monde

    Editorial. Un an après le début du mouvement de protestation algérien, il serait illusoire d’espérer un apaisement sans aborder de front la question de la « confiscation » du pouvoir par les militaires.


    Editorial du « Monde ».


    En Algérie, la protestation contre le « système » se poursuit, imperturbable. Un an après avoir déferlé dans les grandes villes du pays, et à rebours de tous les clichés sur un prétendu immobilisme de la société algérienne, le Hirak (le « mouvement ») n’en finit pas de défier le pouvoir.

    Vendredi 21 février, à la veille du premier anniversaire de ce soulèvement pacifique inédit dans l’histoire du pays, une mobilisation massive a de nouveau réuni des foules impressionnantes dans les rues d’Alger, de Constantine, d’Oran, d’Annaba pour réclamer « un Etat civil et non militaire ». Le message est clair : le Hirak continue, démentant les pronostics sur son inévitable essoufflement.

    L’avertissement à l’adresse du régime est cinglant. Depuis le 12 décembre, date de la tenue d’une élection controversée, le nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, semblait à l’offensive. Il incarnait la résilience d’un « système » capable de faire le dos rond afin de mieux désarmer l’adversité. Loin de fustiger la protestation, M. Tebboune a loué le « Hirak béni » dont la « maturité », à l’en croire, aurait « préservé le pays d’un effondrement total ». Cette bienveillance formelle ne signifie pourtant nullement un changement de *logiciel politique.



    Car, si le pouvoir consent à des gestes, il entend bien conserver la maîtrise exclusive de l’initiative dans un cadre fixé par lui seul. Ainsi de cette idée d’une révision constitutionnelle pilotée par ses soins et sans rien céder aux revendications exprimées par le Hirak, à savoir la mutation d’un régime de facto contrôlé par l’armée vers un Etat authentiquement civil. De la même manière, si des détenus ont été libérés, d’autres demeurent sous les verrous et les intimidations policières n’ont pas cessé.

    Hommes liges

    Le malentendu vient de ce que, pour M. Tebboune, les exigences du Hirak ont été pour l’essentiel satisfaites ; la protestation n’a dès lors plus de justification. Le Hirak n’a-t-il pas obtenu le départ de l’ex-chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, dont la candidature à un cinquième mandat avait allumé la flamme de la révolte il y a an ? Ou l’arrestation de dizaines de figures de l’ancienne équipe dirigeante (« la bande ») impliquées dans divers complots et malversations ?


    Fort de ces purges et autres concessions, le pouvoir algérien tente de convaincre qu’il a réellement changé. Ce narratif rencontre un certain écho auprès d’une frange de la population sensible aux risques d’instabilité que comporterait une protestation prolongée. Il trouve également des oreilles attentives auprès de partenaires étrangers de l’Algérie inquiets de voir le pays fragilisé dans un environnement régional volatil (Libye, Sahel). Les uns comme les autres sont prêts à accorder à M. Tebboune le bénéfice du doute.

    Pour autant, le message des foules massives du Hirak doit être entendu. Il objecte que la vraie question, à savoir la réalité d’un pouvoir militaire s’étant doté en la personne de M. Tebboune d’une simple façade civile, n’est toujours pas sérieusement posée en haut lieu. Depuis l’indépendance de 1962, l’armée a toujours camouflé sa prééminence derrière des hommes liges. Il serait illusoire d’espérer apaiser le Hirak sans aborder de front cette question de la « confiscation » du pouvoir, qui nourrit cette inlassable revendication populaire d’une « nouvelle indépendance ».

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