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La décroissance, c'est tendance

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  • La décroissance, c'est tendance

    Pas de télé, pas de voiture, refus des grandes surfaces... Les décroissants pensent que la vie est plus facile quand on a moins de choses.

    La décroissance,, c'est tendance. Limiter sa consommation pour préserver la planète, vivre autrement, pas de voiture, pas de télévision, pas de frigo. Au début des années 1970, le dessinateur Gébé avait inventé l'An 01. « On arrête tout, on réfléchit et c'est pas triste », annonçait le premier numéro. Les personnages portaient des chapeaux de paille et préféraient s'allonger dans l'herbe plutôt que de travailler huit heures par jour pour acheter des objets qui ne servent à rien. Sinon, « dans vingt ans, la fin du monde », prédisait l'image d'une Terre en pleurs. Aujourd'hui l'idée revient à la mode, au point que les publicitaires s'en emparent. Mais de quelle décroissance faut-il parler ? Décroissance soutenable ? Décroissance conviviale ? Sobriété heureuse ? Simplicité volontaire ?

    La logorrhée des théoriciens laisse pantois. Les partisans de la décroissance soutenable prônent le passage d'un « modèle économique et social fondé sur l'expansion permanente à une civilisation sobre ». Ceux de la décroissance conviviale estiment que « le développement durable est l'un des concepts les plus nuisibles » et soulignent que notre « surcroissance économique dépasse déjà largement la capacité de charge de la Terre ».

    Les défenseurs de la sobriété heureuse y voient un engagement pour « faire face à la puissance de la frustration programmée sous l'injonction obsessionnelle et quasi hystérique de la publicité ». Quant aux adeptes de la simplicité volontaire, ils se réfèrent aux « communautés monastiques » qui furent « les premières organisations de vie à choisir volontairement la frugalité et à pratiquer l'autosuffisance ».

    Les mouvements poussent comme des champignons. Plus ou moins politisés, plus ou moins liés aux altermondialistes. Le Parti pour la décroissance, par exemple, veut « participer à la déconstruction de cette idéologie folle et irrationnelle d'une croissance et d'un développement économique sans limites ».

    Pour tous un même constat cependant : si tout le monde consommait comme les Français, il faudrait trois planètes pour satisfaire la demande mondiale. Véronique Gallais est la présidente du mouvement Action Consommation, proche d'Attac. Elle n'aime pas le mot décroissance parce qu'elle le trouve négatif. Mais elle estime qu'il est nécessaire de « remettre en question le rôle central de la consommation dans la société ».

    Elle a longtemps travaillé dans le commerce international, beaucoup voyagé. Aujourd'hui, elle refuse d'acheter dans les grandes surfaces, elle s'alimente dans les magasins Biocoop et ne renouvelle sa garde-robe que lorsque c'est strictement nécessaire. « À partir d'un certain niveau de confort, le surplus apporte du stress, pas du bonheur », dit-elle. Et d'ajouter : « Un consommateur responsable, c'est une personne qui se pose des questions sur les implications de son acte d'achat ou de non-achat ».

    «Par peur de manquer, on accumule chez soi»

    Sur Internet, les sites pullulent pour mieux économiser l'eau, l'énergie, réapprendre à s'alimenter. « Souvent par peur de manquer, on accumule des objets chez soi qui rassurent, s'entassent et finissent par encombrer notre vie comme notre tête. La vie est plus facile quand on a moins de choses », écrit Flore.

    Chacun y va de ses conseils pour fabriquer sa bière, son pain, utiliser des noix de lavage du Népal plutôt que de la lessive, faire du thé avec des pointes de ronces, du chocolat avec des graines de caroube. D'autres s'interrogent non sans humour.

    « Je suis décroissante depuis peu... Je fais de mon mieux pour vivre autrement, mais une question revient sans cesse : comment faire pour vivre sans électricité dans un appartement loué en pleine ville », demande Christine.

    Plus radicaux, les Casseurs de pub, qui publient le mensuel La Décroissance, appellent à une « semaine sans télé » du 23 au 29 avril prochains. Ils expliquent que « si la télévision est polluante à fabriquer, à faire fonctionner, puis polluante comme déchet, elle est d'abord une terrible agression pour notre psychisme ». Ils entendent se libérer de l'automobile et du téléphone portable. Ils refusent de prendre l'avion en affirmant préférer « aller moins loin, mais mieux, à pied, en roulotte à cheval, à bicyclette ou en train, en bateau à voile, avec tous les véhicules sans moteur ». Ils boycottent la grande distribution et souhaitent « privilégier la qualité de la relation à soi et aux autres au détriment de la volonté de posséder des objets qui vous posséderont à leur tour ».

    Une mode ? Une autre manière de vivre ? La décroissance peut aussi se révéler suspecte, voire dangereuse, quand certains de ses partisans, comme les adeptes de la Deep Ecology, un mouvement développé aux États-Unis dans les années 1970, professent la décroissance de l'humanité tout entière ! Rien de moins.

    Par Le Figaro
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