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Vers le sang universel

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  • Vers le sang universel

    DES CHERCHEURS de la firme californienne Zymequest, du CNRS de Marseille et de l'université de Copenhague ont isolé, après exploration de 2500 espèces de bactéries et de levures, des enzymes spécialisées, capables de décaper à la surface des globules rouges humains, les antigènes des groupes sanguins ABO. Ce « nettoyage » permet de faire un sang universel, transfusable à tous les êtres quel que soit leur groupe sanguin. Une telle découverte de laboratoire, publiée dans la revue d'avril de Nature Biotechnology, si elle franchit avec succès les essais cliniques humains en cours, serait une révolution formidable de la transfusion sanguine, étant donné la rareté actuelle des donneurs universels O.

    À l'âge de pierre, tous les humains étaient de groupe sanguin O avec des globules rouges lisses indemnes de tout motif antigénique. Mais les antigènes A et B (des sucres complexes) sont apparus peu à peu sur leurs cellules du sang de leur descendance. C'est ainsi que le plus important système de groupe sanguin ABO, responsable de la majorité des accidents de transfusion a été découvert par Karl Landsteiner en 1900, et lui valut le prix Nobel de médecine en 1930. Le groupe A dispose d'un sucre (la galactosaminosine) apposé à la surface des globules rouges, le groupe B a un sucre galactose sur ses cellules sanguines, le groupe AB a les deux, et le groupe O n'en a aucun.

    Les accidents de transfusion, quand on injecte du sang de groupe A chez un patient de groupe B, sont dus à la présence de ces antigènes sucrés, reconnus par des anticorps anti-A, ou anti-B. Des erreurs d'étiquetage se produisent encore chaque année malgré l'hémovigilance des centres de transfusion. Certains en meurent, leurs globules rouges explosant, libérant leur hémoglobine et provoquant hépatites, blocage rénal, choc mortel.

    Essais cliniques humains

    Or, il y a vingt-cinq ans, Jack Goldstein (New York Blood Center) eut l'idée pionnière de débarrasser les globules rouges A ou B de leurs antigènes, ce qui revenait à en faire des globules rouges de type O, le donneur universel. Il était parvenu avec des enzymes (extraites de grains de café vert) à transformer en éprouvette des globules rouges B en donneurs universels O en 1982. Il a fallu plus d'un quart de siècle pour faire vivre ce rêve pionnier : les chercheurs ont découvert dans une bactérie, Elisabethkingia menigosepticum, une famille d'enzymes (N acetylgalactosaminidase) présente uniquement dans les cellules bactériennes. Deux de ces enzymes ont été isolées, purifiées, caractérisées, et fabriquées dans des bactéries génétiquement modifiées. « Nous avons travaillé sur la structure et le mécanisme très rare d'action de l'enzyme. Sa vitesse d'action est considérable », expliquent Yves Bourne et Bernard Henrissat (CNRS, université Aix-Marseille).

    L'enzyme de conversion A, nommée Azyme, a déjà fait l'objet d'essais cliniques humains terminés en décembre 2006. Soixante et un patients du groupe A ont reçu 300 injections (5 par patient) de faible quantité de leurs propres globules rouges traités par Azyme, débarrassés de leur antigène A. Sans réaction de transfusion notable.

    Un autre essai dit « allogénique » de la firme californienne Zymequest est en cours : il utilise des donneurs d'un autre groupe que les receveurs. Le sang des premiers, décapé par l'enzyme et lavé par une machine automatique, est injecté aux seconds. Comme ils sont d'un groupe différent, leurs anticorps naturels réagiront immédiatement avec les globules rouges qui n'auraient pas été totalement débarrassés de leur antigène de groupe.

    À l'Institut national de la transfusion sanguine (INTS), on reste très réservé. Le Pr Phillippe Rouger estime qu'« on est plus dans le business d'annonce que dans la science. Rien ne dit que tous les antigènes A seront décapés. Ou alors il faudra utiliser des doses énormes, dix à cent fois supérieures, à des coûts faramineux. S'il reste des antigènes A et que vous transfusiez plusieurs fois un receveur de type O, il va fabriquer des anticorps anti-A qui feront exploser ses globules rouges. »

    Jean-Pierre Cartron, directeur scientifique de l'INTS, est tout de même plus optimiste : « Zymequest a remis les compteurs à zéro avec sa nouvelle enzyme, bien plus spécifique. Elle travaille à pH neutre très efficacement. Mais il faut décaper jusqu'à un million de copies de l'antigène de groupe par globule rouge ! Attendons la fin des essais cliniques pour nous prononcer. »

    source : Le Figaro

  • #2
    cela me semble impressionnant d'utilité!

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