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L'homme enchaîné, la femme meurtrie

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  • L'homme enchaîné, la femme meurtrie

    Le temps de Peste.

    Zahra, agitée, s'active pour accueillir son mari après six mois d'absence. Elle a soignesement décorer la maison, elle se fait belle. Ce jeudi est comme un jour de fête, comme celui de son mariage.... Elle prends tout son temps pour faire les courses pour préparer un bon repas pour le dîner du jeudi 26 mars. Son cœur est au bord de l'explosion... elle ne dors plus depuis le 11 mars dernier. En rentrant chez elle ce jour là au terme d'un procès unique dans les annales, elle est plus au moins rassurée. Elle va pouvoir enfin serrer son mari dans ses bras... dans deux semaines... elle qui s'est habituée à l'absence de son compagnon, elle doit desormais se préparer aux retrouvailles tant attendues.

    Le temps est comme figé. Les minutes sont comme des années...
    Les jours qui séparent du jeudi 26 sont comme suspendus....

    Ballottée entre excitation et énervement, elle rassure ses deux enfants Raouf (6 ans) et Nadine (4 ans). Ils vont enfin sentir l'odeur de leur papa dont ils sont privés depuis six longs mois. Enfin le jour de délivrance est presque arrivé...
    Dur de vivre quand tu es un enfant est ton papa chéri est derrière les barreaux et sans pouvoir comprendre de quoi il s'agit.

    Dur de voir ses camarades de classe accompagnés tous par leurs pères sauf lui.
    Dur de rentrer en fin de journée à la maison et tu ne peux pas raconter à ton papa les encouragements de la maitresse ou les bêtises commises en classe...
    Nadine qui ne quittait jamais son papa souffre le martyre. Elle ne comprend pas cette longue absence. La blessure d'un enfant est incommensurable.
    Zahra qui s'est retrouvée propulsée au devant de la scène a su tenir et faire face à une épreuve à laquelle elle n'a jamais été préparée.

    Elle a su rester debout comme les monts d'Adekar, digne et courageuse. Elle devenue malgré elle une figure de la révolution...

    Mais voilà le temps de se poser est arrivé... dans deux jours son compagnon retrouve sa liberté, sa femme ses enfants.

    Aux Ath Vouadhou (Ouadhias), les vieux, les parents eux aussi sont saisi de joie. Le vieux de 84 ans accoudé à sa vaillante femme de 70 ans avec laquelle il sillonne les mobilisations de vendredi s'apprêtent également a prendre la route d'Alger en ces temps de peste pour enfin prendre dans leurs bras le lion à qui ils ont donné vie il y a 47 ans à l'ombre des montagnes de Djurdjura.

    La joie est à son comble. Le bonheur est indescriptible. C'est la fin d'un long cauchemar... la maison habitée par la tristesse va enfin retrouver la joie de vivre. L'homme absent est un personnage joyeux qui rempli les allées de sa maison de ses éclats de rire. Derrière la carapace du leader politique, se cache un homme avec toutes ses fragilités humaines, une tendresse à faire fondre les montagnes, une gaieté rare. La maison va enfin retrouver la joie de vivre.

    Mais voilà que ce rêve n'est que de courte durée... une brève séquence dans un pays ravagé par un arbitraire plus mortel qu'une pandémie...

    Dans l'ombre de la nouvelle république qui prends les allures d'une machine à broyer les humains, se tramait un plan diabolique qui allait replonger Zahra et ses deux gamins dans l'insupportable cauchemar. ils ont décidé de prolonger leur souffrance. Par la haine insatiable et la vengeance morbide, les faussoiyeurs de la liberté enfonce le sabre dans le corps de l'innocence...

    A seulement quarante-huit heures de la liberté , ils décident de deux procès successifs. L'un est reporté. L'autre est maintenu en catimini. Sans en informer l'accusé, ni ses avocats, il a été conduit en cette journée maudite de mardi au tribunal pendant que toute la nation apeurée était confinee chez elle. Dans cette ville fantôme, Karim est conduit dans un fourgon cellulaire sur une route vide. Il se retrouve seul face au juge et au procureur. Il refuse d'être jugé dans ces conditions. alerté quelques vaillants avocats arrivent précipitamment. Il était déjà trop tard... Karim ne se laissant pas faire. Impuissant face au pouvoir du juge, il a eu un pic de tension, une paralysie, il s'évanouit, transféré à l'infirmerie.

    L'absurde ne s'arrête pas là. Le juge maintient l'audience, il décide de tenir son procès en l'absence de l'accusé malade. Sans sourciller, il prononce la condamnation contre un accusé absent, qui se trouvait entre la vie et la mort. Une année de prison ferme. Il prolonge son emprisonnement de six mois. Le juge rentre chez ses enfants ayant la conscience du "devoir accompli" , celui de préserver la quiétude des régents. Karim repart dans la cellule dans un état critique.

    Le rêve doux et innocent de ses deux gamins se transforme en cauchemar.... Zahra est une femme meurtrie dans cette Algérie que l'on ne cesse de martyriser.
    Aujourd'hui, il pleut sur la ville, il pleut dans les cœurs, ils pleut dans la cellule froide de Koléa.

    Hacene OUALI
    "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
    Socrate.

  • #2
    ...je viens de lire, c'est poignant, avec tout ce qui se passe déjà et imaginer ces 2 bambins et son épouse...mon dieu pourquoi toute cette détresse pesante, je perds presque ma respiration...
    ...qu'ils soient exterminés, ces corrompus!!!
    ...un prompt rétablissement, la force soit à tes côtés...Karim...
    ..."Le sourire que tu m'envoies, revient vers toi" ...

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    • #3
      J'ai eu des larmes aux yeux en lisant ce texte !
      Lorsque vous changez votre manière de voir les choses, les choses que vous voyez changent !

      Ne cédez donc plus à la tentation de victimisation, si vous voulez êtes l’acteur principal de votre vie.

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      • #4
        C'est du "no comment"!

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        • #5
          L'absurde ne s'arrête pas là. Le juge maintient l'audience, il décide de tenir son procès en l'absence de l'accusé malade. Sans sourciller, il prononce la condamnation contre un accusé absent, qui se trouvait entre la vie et la mort. Une année de prison ferme. Il prolonge son emprisonnement de six mois. Le juge rentre chez ses enfants ayant la conscience du "devoir accompli" , celui de préserver la quiétude des régents. Karim repart dans la cellule dans un état critique.
          Pas certaine que ce juge soit rentré chez lui avec la sensation du devoir accompli, il a obéit aux ordres et toute sa vie sa conscience devrait lui rappeler qu'il fut un lâche qui a cédé à l'injustice . Seul un lâche peut maintenir une audience en l’absence de l'accusé en sachant pertinemment qu'il bafoue la loi. C'est la peur de ses supérieurs qui lui font prononcer la sentence, il s'est donc aussi condamné à l'opprobre générale. Face à ses pairs, magistrats et avocats, ce juge ne pourra qu'avoir honte de son comportement même si son arrogance tentera de masquer ce fardeau qui le poursuivra toute sa vie ...
          Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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          • #6
            Toujours la tête haute.

            "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
            Socrate.

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            • #7
              Je suis Karim Tabbou

              Je ne peux pas grand chose contre les bourreaux mais je suis de tout coeur avec Karim Tabbou et les honnetes gens injustement emprisonnés...

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              • #8
                "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                Socrate.

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