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Irak : You broke it, you fix it

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  • Irak : You broke it, you fix it

    Analyse
    Un désastre américain en Irak, par Patrice Claude
    LE MONDE | 10.04.07 | 13h21

    Quatre ans après la destruction formelle de la dictature de Saddam Hussein, le 9 avril 2003, de quelque côté qu'on l'observe, l'évidence est aveuglante : poussée par l'idéologie néoconservatrice, préparée par des mensonges et encouragée par l'ignorance, l'invasion américano-britannique de l'Irak se révèle un désastre. Désastre pour l'occupant et ses alliés, désastre pour les occupés. Désastre humanitaire, militaire, stratégique, économique et moral, dans un pays déjà rendu exsangue par les folies de Saddam Hussein.



    Chacun connaît les données humaines de la débâcle. Près de 4 000 morts et pas loin de 24 000 mutilés côté envahisseurs. Au moins 200 000 civils irakiens au cimetière, sans doute plus. Deux millions d'exilés dans les pays voisins, à leur tour menacés de déstabilisation. Un bon million d'autres civils trop pauvres pour fuir, qui s'entassent misérablement dans des tentes d'urgence.

    Financièrement, l'ampleur de la déconfiture est abyssale. Au moins 500 milliards de dollars envolés en fumée, notamment au profit d'entreprises proches de l'administration Bush - Halliburton, Bechtel, Blackwater et autres. Rétribués pour remettre le pays sur pied et s'assurer que le pétrole irakien coulerait à flots dans les oléoducs d'exportation, ces grands bâtisseurs ont un bilan égal pratiquement à zéro. Les installations n'ayant jamais été modernisées, l'extraction d'or noir reste inférieure à ce qu'elle était sous la dictature.

    Parce que l'insécurité n'a cessé de s'étendre, la reconstruction promise aux Irakiens dans tous les discours de MM. Bush et Blair n'a jamais commencé. Globalement, la population s'est considérablement appauvrie, la mortalité infantile a doublé, le chômage a atteint des records, de 40 % à 60 % selon les régions. La criminalité progresse partout, produisant des bataillons de voleurs, kidnappeurs, tueurs et assassins prêts à toutes les infamies pour quelques dollars. La société civile a disparu. Ses hérauts ont fui.

    En termes de géostratégie politique et militaire, l'échec de l'invasion est tout aussi considérable. "Après Saddam, ce sera le tour des autres dictateurs du Moyen-Orient, promettait Washington. L'implantation de la démocratie et de la libre entreprise en Irak fera boule de neige. Nous favoriserons les opposants à tous les autocrates, nous exigerons des élections libres partout. La sécurité de notre allié israélien en sortira renforcée."

    Aujourd'hui, l'allié se sent menacé par l'Iran. La Syrie est sur le point de rentrer en grâce. Le Liban craint un retour de la guerre civile. Le régime autocratique en Egypte manipule la Constitution en vue de passer le pouvoir au fils du raïs Hosni Moubarak. Les démocrates arabes sont presque partout abandonnés à leur sort. Les monarchies de Jordanie et d'Arabie saoudite, alliées des Etats-unis, sont menacées de déstabilisation par une idéologie salafiste et anti-occidentale virulente, qui gagne toute la région. En Irak, l'occupation a favorisé l'installation d'une filiale d'Al-Qaida, plus meurtrière encore que la maison mère. Quant au régime de "l'axe du mal" en Iran, débarrassé par l'Amérique de ses deux ennemis les plus décidés - les talibans d'Afghanistan sur sa frontière est et les baasistes de Saddam Hussein à l'ouest -, il se sent si peu vulnérable à la menace extérieure qu'il peut se permettre de s'entêter sur le nucléaire. Des "amis" de la même chapelle islamique et religieuse chiite sont au pouvoir à Bagdad. La guerre en Irak, "entretenue en sous-main par Téhéran", accuse Washington, a "fixé" 160 000 soldats à portée des canons iraniens. Le récent épisode des 15 marins britanniques capturés dans le Chatt Al-Arab est, à cet égard, édifiant.

    Parmi les chercheurs civils, experts militaires et diplomates américains, tous ceux qui avaient été écartés de l'aventure irakienne par la Maison Blanche et le Pentagone accusent à l'unisson George Bush, son vice-président - et ancien patron du groupe Halliburton - Richard Cheney, son ex-ministre de la défense Donald Rumsfeld et ses lieutenants "néo-cons" Paul Wolfowitz et Douglas Feith d'avoir commis, en Irak, toutes les "erreurs" imaginables.


    CORRECTION DE TRAJECTOIRE


    Depuis la défaite électorale subie par son camp en novembre, l'hôte de la Maison Blanche essaie de corriger quelques-unes de ses fautes. Robert Gates, nouveau secrétaire à la défense, est à l'opposé de son prédécesseur : prudent et réfléchi. Ryan Crocker, le nouvel ambassadeur à Bagdad, connaît la culture, les traditions et les travers arabes ; il parle la langue. Le général David H. Petraeus, nouveau patron de l'armée américaine en Irak, est un surdoué de West Point. Près de 30 000 hommes supplémentaires sont en cours de débarquement.

    La correction de trajectoire arrive peut-être trop tard. Le triumvirat mentionné ci-dessus ne pourra pas accomplir de miracle. Toutefois, le nouveau plan de sécurité, lancé le 14 février à Bagdad, avec l'implantation de "stations conjointes de sécurité" dans chaque quartier, commence à produire des résultats. Il y a moins d'égorgements quotidiens dans la capitale.

    Rien n'est gagné, loin de là. Perturbée à Bagdad, la guérilla envoie ses camions piégés dans d'autres villes. L'Irak est toujours à feu et à sang. Les tueries se poursuivent au rythme hallucinant de 3 000 victimes par mois. Le pays reste menacé d'éclatement. Sa guerre civile chiite-sunnite commence à déborder les frontières. Près de 120 000 rebelles à l'"ordre" nouveau établi en avril 2003 ont été arrêtés, interrogés, fichés. Un quart d'entre eux sont toujours à l'ombre. Plus de 20 000 autres ont été tués par leurs bombes ou celles de l'occupant. Un nombre au moins équivalent reste décidé à en découdre.

    Aucune stabilité n'est possible sans une ouverture politique de la majorité chiite au pouvoir à la minorité sunnite qui tenait les rênes à Bagdad depuis un siècle. Mais nul n'est certain qu'une réconciliation soit possible. On s'interroge sur ce qui se passera lorsque les militaires étrangers finiront par rentrer chez eux.

    Partir maintenant ? Au moment où beaucoup d'Irakiens - chiites, Kurdes et sunnites raisonnables confondus - commencent à nourrir un mince, très mince espoir, faudrait-il le tuer dans l'oeuf au motif qu'un nouveau délai reviendrait à reculer pour mieux sauter, que les "boys" et leurs familles sont fatigués de la guerre et que, quatre ans après, l'opinion américaine a fini par prendre conscience de la réalité ? "You broke it, you fix it", dit une maxime outre-Atlantique. L'Amérique a "cassé" l'Irak, c'est à elle de le "réparer".
    "Quand le dernier arbre aura été abattu - Quand la dernière rivière aura été empoisonnée - Quand le dernier poisson aura été péché - Alors on saura que l'argent ne se mange pas." Geronimo

  • #2
    La folie meurtriere de vouloir programmer et executer la mission de detruire un ennemi soit disant connu
    (je ne parle pas de l'homme saddam hussein(

    d'un regime qui derange


    mais la leçon à retenir est : il est impossible de venir à bout de la resistance
    d'un peuple

    sous estimé par ses agresseurs


    le resultat est la : bilan incroyablement en defaveur des usa

    plus de 4000 morts chez
    et plus de 200000 irakiens morts

    le comptage va continuer bien sur

    mais la situation est telle que les divergences et les antagonismes ne favorisent un retour rapide à la PAIX
    Gone with the Wind.........

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