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L'Insurrection des Righas (Margueritte), 1901

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  • L'Insurrection des Righas (Margueritte), 1901

    Yacoub Mohammed Ben Elhadj Ahmed
    Soulèvement de Margueritte de 1901




    #Miliana_Histoir


    Yacoub Mohammed Ben el Hadj Ahmed, instigateur religieux, dit le sultan
    Taalbi El Hadj Ben Aicha, instigateur politique
    Bourkiza M'hamed Ben Sadock
    Taalbi Miloud Ben Aicha
    Abdellah El Hirtsi M'hamed
    M'hamed Atman Ben Abdelkader
    Les chefs de l'insurrection de Margueritte


    Margueritte (aujourd'hui Aïn Torki), cette contrée clouée au pied du Zaccar dans des zones arides, dépendait administrativement de la commune mixte de Hammam Righa, jusqu'en 1956, lorsqu'elle fut promue au rang de commune. Sa population d'alors en 1954, à la veille du déclenchement de la révolution du 1er novembre, fut de 5237 habitants, soit 5030 musulmans et 207 européens. En 1960, sa population atteignit 5387 habitants (339 agglomérée au chef lieu, 5036 en éparse, 135 européens, 5236 musulmans, 3 étrangers nom musulmans, 01 étrangers musulman et 12 habitants comptés à part). Au lendemain de l'indépendance, elle fut rattachée à la commune de Hammam Righa, puis en 1984, elle fut rétablit de nouveau avec le statut de commune à part entière.

    Les causes majeures d'une révolte.


    Les insurgés impliqués dans l'affaire dite de « Margueritte » avaient été durement frappés par la colonisation, en application du sénatus-consulte d'avril 1863. Dès 1868, et en application de ce texte de la honte, 1463 ha leur avaient été enlevés. Au moment de la délimitation effectuée sur le douar d'Adelia, il ne restait encore que 9.323 ha de terre melk aux 2194 habitants. Des expropriations successives effectuées en 1877 et 1881, leur enlevèrent une superficie évaluée à 1.799 ha de terres fertiles. Puis vint le temps des licitations (cessions aux colons européens pas moins de 3.329 ha). Avant le déclenchement de l'insurrection du 26 avril 1901, il ne restait plus que 4.066 ha en tout et pour tout, pour les 3.206 habitants.


    Monsieur Jenoudet, un monstre, disposait à lui seul plus 1000 hectares de bonnes terres qui lui revenaient généralement de 22 à 27 Fr. l'hectare (lorsque le principal accusé dans l'affaire, Yacoub ibn El Hadj prié par le président de la cour d'assises de Montpellier le 22 janvier 1903 (quarante-troisième journée du procès –audience de l'après-midi), de faire une déclaration aux jurés, il disait vrai lorsqu'il déclara en substance : « Maintenant, laissez-moi vous dire que nous avons été dépouillés de nos terres: les unes prises par M. Jenoudet, les autres par différents colons et que nous avons été obligés de travailler pour vivre.


    Quand un de nos mulets s'égarait sur la propriété d'un colon, nous étions obligés de verser 15 à 20 francs pour rentrer en possession de la bête; quand notre troupeau pacageait dans les broussailles, on n'hésitait pas à nous faire des procès-verbaux (Les procès-verbaux forestiers étaient très nombreux dans le douar Adelia: 132 en 1899, 219 en 1900, sur les 15.000 ha du douar, 4912 ha de terres domaniales relevaient du régime forestier).



    Nos terres, autrefois, nous permettaient de vivre ; aujourd'hui, nous sommes obligés de vivre avec un franc ou un franc cinquante de salaire. Que peut faire un homme avec un pareil salaire, quand il a une nombreuse famille à nourrir, à vêtir, à subvenir à tous les autres besoins ? Quand nous avions besoin d'argent, la caisse de prévoyance ne prêtait pas à de simples journaliers comme nous; il fallait être aisé pour emprunter. Alors nous étions obligés de nous adresser à M. Subreville, qui nous vendait le sac de grains 25 à 30 francs »...



    Chronologie des faits
    1901


    26 avril au 01 mai : Soulèvement des habitants Aïn-Torki et Miliana « incidents de Margueritte (selon la presse algéroise de l'époque) dirigé par Yacoub ibn El Hadj. (cf. Chronologie algérienne 1830-1962, T1 ; p 158/159)
    02 mai: Arrestation de Yacoub Ibn El Hadj par l'autorité coloniale près de Djendel par l'administrateur de la commune mixte Mr. Diard.







    Arrestation du Cheikh Ben Yacoub
    1902


    Janvier : Arrêté du gouverneur général de l'Algérie, portant séquestre des biens de 87 indigènes, impliqués dans les évènements de Margueritte (commune mixte de Hammam Righa). (cf. Chronologie algérienne 1830-1962, T1 ; p 160).
    11 décembre : Comparaison devant les assises de Montpellier (France), de 87 fellahs accusés d'avoir participé aux pillages de Margueritte (Miliana). Verdict : plusieurs peines de prison et 52 acquittements. (cf. Chronologie algérienne 1830-1962, T1 ; p 161).









    Cette illustration porte la signature du Cheikh YACOUB
    le banc des accusés, jugement des insurgés à Montpellier , journal l'Illustration, 20 dec 1902


    1903
    08 février : Verdict de l'affaire de Margueritte : 21 condamnations et 81 acquittements.
    09 août : Arrêté du gouverneur général de l'Algérie (Mr. Jonnart), relatif à l'exonération des 52 indigènes du séquestre imposés dans l'affaire de Margueritte, après avoir été acquittés par la cour d'assise de Montpellier.


    1905
    - : Yacoub Ibn El Hadj et son second Thaalbi EL Hadj ben Aïcha, moururent au bagne dans des conditions étranges.








    Embarquement des inculpés vers le bagne, à bord du navire TAFIA, port d'Alger.

  • #2
    L'insurrection de marguerite ou des righa dans la mémoire collective



    Par : Ahmed Bencherif


    L'insurrection de Marguerite eut lieu le 26 avril 1901.le petit village de Marguerite, situé à 9 km de Miliana (non loin d'EL Khémis et à plusieurs kilomètres d'Alger), fut assailli vers midi, par une centaine de rebelles issus de la tribu des Righa, qui après avoir tué le garde champêtre, donnèrent aux européens sur place le choix de se convertir à l'islam ou mourir !


    Quelques européens qui refusèrent ou ne comprirent pas ce qui leur était demandé, furent massacrés. Les autres se plièrent à cette conversion forcée et furent alors épargnés et leurs maisons non pillées. Mais toutefois prévenue par le télégramme de Miliana, une troupe de tirailleurs dépêchée, sur place, écrasa promptement la rébellion vers 17heures. Un tirailleur et 16 insurgés furent tués. Cette révolte inattendue (bien que prévisible), stupéfia même les Algériens et eut pour effet de resserrer les liens entre la colonie et la métropole, alors divisées par des questions d'antisémitisme


    groupe de prisonniers gardés par des zouaves


    Dans cette conjecture où les gouvernants, les historiens et les romanciers se font un devoir de piocher dans notre passé proche de nous, combien dramatique, vécu sous la botte du colonialisme français et le mettre à la connaissance de notre public, il est de mon haut devoir national, en tant qu'écrivain engagé, d'envisager les voies et les moyens visant à sortir l'insurrection des Righa de sa dimension locale, observée jusqu'ici et lui réserver la dimension nationale qu'elle mérite. Car, elle la mérite de façon honorable, tant l'impact qu'elle avait généré sur les esprits avait dépassé les frontières de l'Algérie coloniale et avait provoqué des représailles draconiennes contre notre peuple.



    Il est vrai que cette insurrection reste quasiment inconnue même des milieux intellectuels et les travaux qui y font référence sont presque inexistants. Ni historien, ni romancier n'ont eu à écrire son histoire scientifique ou romancée. Cependant, nous ne pouvons pas dire que nous sommes face à un mur de silence.



    En effet, l'historien Charles Robert Ageron en a développé les éléments essentiels dans son œuvre « Les Algériens musulmans et la France 1871-1919 ». Disons tout de suite que c'est un Français. Mais sa probité intellectuelle ne peut être mise en doute. Car il est resté jusqu'à sa mort en France marginalisé du fait de ses prises de position vis-à-vis du colonialisme, principalement à travers son œuvre qui dévoile tous les mécanismes de praxis coloniale, les exactions et les drames subis par les générations éteintes des Indigènes, appellation honteuse coloniale.


    D'autre part, notre historien Laadi Flici a, quant à lui, rassemblé dans un livre de chronique générale, les dépositions devant la cour de justice de l'Héraut, Montpellier en France, celles des inculpés, des victimes et de témoins. C'est certainement un travail de recherche poussé qu'il avait puisé dans les annales judiciaires.



    Cependant, les travaux cités ci-dessus étaient nettement insuffisants pour avoir une idée précise sur cette insurrection qu'il m'a fallu analyser dans son contexte général, c'est-à-dire dans le cadre de la politique coloniale étudiée dans l'œuvre monumentale de Charles Robert Ageron, subdivisée en 2 tomes en grand format et contenant plus de 1400 pages, qui détaille toute la vie socio politique culturelle économique de l'Algérie coloniale.


    Ainsi, j'ai élaboré mon œuvre en deux tomes grand format et contenant près de 800 pages. Elle est magistrale de l'avis du comité de lecture de mon éditeur Publibook Paris et de la préface écrite de la main d'une Française et celui de mon éditeur Edilivre Paris. Si je l'ai publiée en France malgré les obstacles liés à la publicité et les ressentiments existants ici et là, c'est pour permettre au lecteur français de connaître la vérité sur le drame colonial exercé par ses propres gouvernants et comprendre aussi la position de l'Algérie à la repentance, corollaire à toutes relations bilatérales exemptes de crises cycliques qui naissent d'un moment à l'autre entre nos deux Etats.



    J'ai donc livré, à titre onéreux, 100 exemplaires de mon œuvre Marguerite à la direction de la culture de la wilaya de Ain-defla et je remercie encore une fois les responsables qui ont été à l'origine de cette opération. Cela ne constitue qu'une étape franchie pour honorer cette insurrection qui eut un fort impact en en Algérie et en France. Il y eut représailles pour mater l'insurrection et un durcissement de la politique coloniale pour prévenir toute récidive de rébellion.


    C'est dans le cadre du procès de Montpellier que le drame colonial fut connu pour la première fois par l'opinion métropolitaine. En effet, la cour de Cassation avait retiré le dossier judiciaire à la cour d'assises d'Alger qui réservait sans coup férir la peine capitale aux insurgés, voire le lynchage public spontané. Ainsi la presse, des milieux intellectuels et des partis libéraux eurent à condamner sans équivoque la praxis coloniale et l'état de servitude dans lequel vivait notre peuple. Une solidarité de populations métropolitaines françaises fut même engagée en faveur des insurgés qui se traduisait par des quêtes d'argent pour payer des avocats.


    Ce fut un procès à scandale en France qui prit quarante jours d'audience en deux ans. Au final, le jugement ne fut pas assorti de peine capitale, mais de réclusion allant de huit à dix sept ans. Cependant en Algérie le sort des insurgés fut inique.
    En effet, leurs biens furent confisqués, certains furent exilés à vivre dans d'autres contés et cela sans règle de droit. Les autorités coloniales les avaient dépossédés du peu de terres agricoles qui leur restaient et de leurs troupeaux.
    En effet, elles les amendes forestières draconiennes, les dépossessions progressives des terres agricoles, les interdictions de pacage abusives avaient sévèrement paupérisé la tribu des Righa qui eut à adresser plusieurs pétitions au parlement français à partir de 1892, ainsi qu'à la commission d'enquête parlementaire de Jules Ferry qui avait recueilli les doléances des populations indigènes, au cours d'un périple de 4000km qu'elle avait mené à la date précitée. Ainsi elle avait épuisé routes les voies pacifiques de recours sans obtenir satisfaction. Aussi, elle s'était insurgée pour rappeler au colon que sur la terre d'Algérie, il n'existait que des hommes libres, conquis mais jamais soumis.

    Une journée de prise d'armes avait laissé de grandes inquiétudes au sein de la communauté coloniale qui criait à l'insécurité et revendiqua du gouvernement général de la pourvoir d'armes pour se défendre, chose qu'elle ne put obtenir. Cependant la sécurité s'était renforcée par le retour au régime d'exception du droit et il fut érigé des tribunaux d'exception pour juger les indigènes par le biais des commissions disciplinaires et non par les tribunaux. Donc la corde s'était resserrée autour des populations indigènes.


    Cette insurrection avait quasiment clos la longue chaîne des révoltes et ouvert la lutte par la voie politique, avant l'émergence des partis, par le biais du mouvement de ce qu'on appelait le mouvement des Jeunes Turbans ou encore des personnalités tel que l'émir Khaled.


    La matière est désormais disponible pour faire connaître de l'insurrection de Marguerite ou des Righa, principalement par la voie de mon œuvre Marguerite dont cent exemplaires sont disponibles au niveau de la bibliothèque de la wilaya d'Ain-defla. Mais il reste beaucoup à faire en partenariat avec la wilaya.


    - Pour ma part, je compte rééditer mes ouvrages en Algérie par aux frais du Ministère de la culture et votre appui ne sera pas de trop. D'ailleurs madame la Ministre m'avait fait cette proposition.

    - En ce qui concerne la wilaya, il serait utile et profitable pour la mémoire collective qu'elle organise sous le patronage du Président de la République un colloque national à l'occasion de la prochaine commémoration de l'insurrection le 26 avril 2011. Ainsi les universitaires et les historiens auront à enrichir les travaux mis à jour jusqu'ici. Vous n'êtes pas sans ignorer que sur le net les pieds noirs déforment les vérités et font de cette noble insurrection un acte de dérapage.


    Alors, monsieur le Wali je vous demande d'associer nos efforts pour parvenir à cet objectif grandiose et honorable et initier ce colloque pour découvrir toutes les inconnues laissées par les auteurs sus cités et moi-même.


    Par Ahmed Bencherif le 11 décembre, 2010
    Dernière modification par sako, 27 mars 2020, 17h00.

    Commentaire


    • #3
      C'est bien d'avoir précisé qu'il s'agit des Righa de Miliana, parce que les descendants de cette tribu zénète s'étalent sur pratiquement l'ensemble du territoire algérien, depuis les tribus de Oued Righ à Touggourt, mentionnées par Ibn Khaldoun, jusqu'à celles de l'Oranais, en passant par le sud de Sétif, le Titteri, etc.

      Les mouvements migratoires sous le règne des Ottomans y sont certainement pour beaucoup...
      Dernière modification par fortuna, 27 mars 2020, 18h26. Motif: correction ortho
      Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

      Commentaire

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