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L'intraduisibilité en débat à l'université d'Oran

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  • L'intraduisibilité en débat à l'université d'Oran

    La problématique de l'intraduisibilité a fait l'objet d'une journée d'étude, organisée jeudi à Oran par le laboratoire de recherche traduction et méthodologie (TRADTEC), relevant de la faculté des lettres, langues et arts de l'université d'Es-senia d'Oran. Une quinzaine d'enseignants et chercheurs de nombreux départements de cette faculté se sont succédés à la tribune pour aborder, sous différents angles, la difficulté de traduire d'une langue à une autre une production intellectuelle ou un texte spécifique ainsi que les obstacles entravant "le voyage du texte-source vers le texte-cible".


    S'il est admis que "la traduction a toujours été un outil d'enrichissement culturel, de transfert de connaissances et moyen de communication entre les peuples parlant des langues différentes", les organisateurs de cette rencontre scientifique soulignent que "traduire n'est pas toujours une tâche facile. On se heurte inévitablement au phénomène de l'intraduisible notamment pour les textes littéraires et sacrés".

    M. Mohamed Daoud, membre du TRADTEC, dans une approche anthropologique, estime que "le traducteur est un médiateur entre un imaginaire et un autre".

    Pour lui, le passage d'un texte d'une langue à une autre doit se faire en quatre étapes, celles de la compréhension, de l'explication, de l'interprétation et de la réception du texte traduit.

    Cet universitaire a expliqué que toute production littéraire ou intellectuelle reflète un imaginaire, constitué de divers composantes comme la langue, les mythes fondateurs, la mémoire, les patrimoines narratifs oraux et écrits, les relations avec l'histoire, le monde, la nature, le politique, la religion, l'idéologie et autres. Après avoir mis en exergue les nécessités d'interprétation et de réécriture auxquelles est astreint le traducteur, le conférencier a estimé que finalement "la traduction n'est qu'une tentative de rapprochement entre les cultures et les peuples loin de toute vision ethnocentriste".

    Dans sa communication intitulée "L'emprunt comme procédé de traduction", Nacer Djilali du département traduction s'est intéressé aux tentatives de traduction du Saint Coran et l'impossibilité de rendre fidèlement le sens et la portée de certaines notions et préceptes liés à la religion musulmane. Etoffant sa communication par de nombreux exemples, il a indiqué que le mot "prière" ne peut traduire toute la portée et le sens du mot "salat", qui est en fait non seulement une pratique, mais une attitude, un comportement, un sens particulier donné à la relation entre l'homme et son Créateur et une philosophie. La portée socio-économique et religieuse de "Zakat" ne peut être cerné par une simple équivalence de "aumone".

    "Traduire pour comprendre ou comprendre pour traduire ?", s'est interrogée Mme Bouchiba Zineb, professeur au département des langues latines, qui a parlé

    de la différence d'approches entre enseignants concernant l'usage de la traduction dans l'enseignement des langues étrangères. Faut-il recourir à cette solution

    (traduire) pour apprendre les langues ou obliger l'apprenant à penser dans la langue enseignée pour mieux l'intérioriser et la mieux maîtriser ? L'oratrice

    est catégorique : "si on veut traduire pour comprendre, il faut aussi comprendre tout ce que couvre le concept pour pouvoir le traduire".

    M. Kaddour Otmane de l'université de Tlemcen a parlé, quant à lui, du "culte de l'intraduisibilité", considérant que "cette notion a été longtemps lestées de préjugés de nature philosophique cultivés par les tenants de l'ineffable.

    Ceux-ci se bornaient à refermer certaines oeuvres dans une sorte de tour d'ivoire, reléguant du point de vue théorique, tout acte de traduction".

    "Cette lourdeur du sacré et du singulier se dissipe au fur et au mesure que le traducteur échappe aux transes de ces idées préconçues en entamant en toute quiétude la phase de décodage", ajoute-t-il.

    La difficulté de traduire à travers les cas de messages publicitaires, des poèmes de Mahmoud Derrouiche, des romans de Naguib Mahfoud ou encore d'Assia

    Djebbar a été abordée par d'autres conférenciers.

    A noter que le TRADTEC, dirigé par Aoussine Seddiki, comprend quatre équipes chargées respectivement des techniques de traduction, des problèmes de terminologie, et de la conception de documents et linguistique et traduction.

    Par APS
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