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Cheikh Ibn Badis et la journée du Savoir en Algérie

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  • Cheikh Ibn Badis et la journée du Savoir en Algérie

    La journée commémorative de la disparition de l'érudit Cheikh Ben Badis, le 16 avril de chaque année, est un événement national. Cette date symbolise le savoir.

    Cette année, la journée du 16 avril est un lundi. Le jour de naissance, de l'Hégire et de la mort du Prophète Mohamed QSSSL. C'est aussi le même jour du 1er Novembre 54 et du 19 Mars 1962. Que de symboles significatifs. Emancipateurs.

    Le savoir de tous les jours est émancipateur:

    La vie est une suite de jours et de nuits. Un cycle inébranlable. Universel. Cependant, il y a des jours et des nuits qui ne ressemblent pas aux autres. La journée du savoir chez nous, coïncide avec la mort du savant Ben Badis et, non de sa naissance. Ainsi vont les jours et les nuits. Un mystère.

    Le savoir, tel que défini dans sa «simplicité figurative», peut être perçu à travers l'image du défunt cheikh dans sa photo la plus connue. Des doigts sur la tempe. C'est en effet un geste de réflexion, de méditation intense. «L'imagination est plus importante que le savoir», disait Einstein (1). On dit souvent, «qu'il suffit d'avoir un peu d'esprit d'imagination»: lorsque on est devant un problème ardu à résoudre. Par le savoir d'imaginer, et l'inverse est de même. Et c'est comme ça que le savoir se crée et se chemine. Avec de l'imagination, et le bon sens. Tout le reste n'est qu'observations des connaissances (celle d'une colonie d'abeilles par exemple), de réflexions et d'expériences (l'exploration spatiale par exemple).

    L'une des méditations, centrale, du cheikh Ben Badis lui a fait savoir, connaître à son époque, que les causes de la léthargie morale de son peuple, sont dues à un état d'esprit indigéno-colonial, lié à des mystifications obscurantistes. Dhalam Elâkel, disait-il. Le charlatanisme. Et pour démystifier cet état d'esprit non imaginatif, seul le savoir de tous les jours pourrait faire connaître la vérité des choses. Emanciper l'imagination des gens, au quotidien.

    Dans cet ordre d'idées, il créa avec d'autres personnalités connues, pour leur sagacité socioreligieuse et culturelle, l'Association des oulémas algériens. Cet événement est intervenu après le centenaire de la colonisation française (1930). Le temps du front populaire français. Ce fut donc une union d'instruits, d'origine de la petite bourgeoisie citadine, avec des soubassements ruraux, peu élargis, qui étaient plus enclins au PPA du défunt Messali El Hadj et aux zaouïas. Un triptyque fondateur, à d'autres représentations, plus tard.

    Cheikh Ibn Badis oeuvra inlassablement à élargir les horizons de l'union, en instituant des médersa ou encore madarasse, différentes de l'apprentissage traditionnel de la langue du Coran. Des véritables écoles, où l'on apprenait aussi bien le Coran, la grammaire arabe, les sciences et le droit musulman et d'autres matières liées. Une nouvelle culture algérienne où se côtoyaient trois langues. Celle originelle, de l'émancipation religieuse et, de «tribut» d'occupation coloniale (2). Un nouveau savoir. Cette institution est devenue aussi une cible des «stratèges» coloniaux, en matière de supervision des expressions des élites cultivées.

    En créant des susceptibilités au sein des communautés et entre elles. Les événements de Constantine en 1937, entre juifs et musulmans et, bien après, en sont l'exemple. L'érudit cheikh a joué un grand rôle primordial pour apaiser les esprits. Et il avait réussi. Il avait aussi échappé à un attentat, qui l'avait marqué. Et même le désorienter, en terme d'actions psychologiques entreprises par des officines coloniales et services liés, pour cadrer la direction prise par son association. En vain. Le sens de l'histoire ne se trompe jamais. De son école sont sortis des centaines de cultivés (nées). Un grand tournant émancipateur et créateur d'une élite. Du savoir. Et du sens patriotique. «Le peuple algérien est musulman et, à l'arabité se rattache». L'histoire a voulu qu'il en soit ainsi. C'est un fait. Le géoculturel est une autre dimension. Une anthologie du savoir originel. C'est une réalité.

    Du savoir émanciper bien et plus:

    En 1947, la population algérienne était à 8 millions d'âmes environ et pas plus de 100.000 sachant lire, parfois écrire et peu «calculer». Les bilingues se comptaient à quelques milliers. 60 ans après, nous sommes quatre fois plus. «L'analphabétisme» ne dépasse pas 15% dit-on, le savoir universel est diffusé de partout par de multiples moyens et manières. Une ère technologique, d'informations et de communications, formidable. Le savoir au quotidien, mais peu d'imaginations, dans certains pays dits de transition. Un handicap au niveau des esprits. Les pays dits développés ont instauré des laboratoires d'imagination. Ces derniers ne font que ça. Ils sont payés pour imaginer, rêver du futur. Le savoir s'absente, que lorsqu'on ne frappe pas à sa porte (3). Fortement.

    Bien émanciper, c'est d'abord imaginer intensément la voie adéquate aux états d'esprit actuels, liés aux expériences de ceux du passé. Un peu plus, lorsqu'on sait que l'accumulation des connaissances, à un moment donné, ont atteint le niveau requis d'exiger ce plus émancipateur. Si on considère que les TIC (technologies d'informations et de communications) ne sont pas développées chez nous par rapport à nos voisins. A l'exemple de l'utilisation de l'Internet (5,7% de la population, alors que le Maroc culmine à 15% et 9,2% en Tunisie) (4); c'est qu'il y a, bien évidemment, des raisons dont il faut bien situer les causes pour anticiper les solutions adéquates. En plus, peu ou rien, car pourquoi développer «massivement» d'autres besoins du savoir et de connaissances, alors que ceux élémentaires, aussi bien socioéducatifs que culturels, émancipateurs eux aussi, ne sont pas satisfaits et, donc non satisfaisants ? Si l'enseignement des connaissances par la craie et le tableau est vu, par celui qui le donne, qu'il est le mieux adapté à son état d'esprit et, de ceux de ses élèves, pourquoi exiger plus de ce «niveau» de savoir ? Par la formation des enseignants sur l'utilisation des TIC, dit-on. Franchement, des conditions, en notre sens, ne sont pas encore réunies. Par défaut encore, à ce niveau d'imagination. Et ce n'est pas du tout une affaire de moyens, comme c'est bien dit dans l'article précité en (4). Ni d'argent, en tant que tel d'ailleurs, mais d'imaginations fertiles liées au vivier en présence, en premier lieu. «La notion du savoir n'a aussi de sens que si elle est mise en rapport avec des groupes d'individus, car elle dépend, entre autres, de leur culture et de leur formation», cité par l'article en (1).

  • #2
    Des cultures et pratiques traditionnelles

    Notre pays à l'instar d'autres, aux capacités imaginatives, plus ou moins proches, a subi des ruptures contre-productives, avec certaines de ses connaissances, notamment rurales. En effet, notre agriculture abandonne de plus en plus ses ressorts ancrés dans ses traditions. En vérité, on les laisse disparaître. Avant 1962, le système colonial avait bien abusé de notre savoir rural. Mais aussi, a pu greffer d'autres, non moins savants. Evaporés eux aussi.

    Nos anciens agriculteurs considéraient la terre comme un être vivant. Pour eux, la pratique de la jachère, par exemple, consiste à laisser la terre se «reposer», se revitaliser, une année sur deux. En plus, le labour est mené superficiellement, pour permettre aux racines des céréales, à une profondeur régulée, de puiser l'humus nécessaire à leur développement et croissance. L'introduction à partir de 1920, par les gros colons, de grosses charrues labourant profondément le sol pour augmenter les rendements céréaliers afin de résorber les famines, dans l'Empire français, dues aux effets de la Première Guerre mondiale, entre autres, avait favorisé les remontées organiques, cumulées depuis des siècles, et donc appauvrirent le vivier de la terre. De l'usure.

    Aujourd'hui, dans certaines régions du pays encore «vierges», l'approche est plus «arboricole» d'apparat et «productiviste» dispersée, sans imaginer les conséquences à long terme, en matière d'appauvrissement humique lié au tassement des sols, les prédisposant à des niveaux texturaux et structuraux érosifs, et donc appauvris. Sans pour autant satisfaire les essentiels besoins alimentaires actuels. En revanche, au Maroc, on a su introduire le savoir agricole lié aux connaissances et pratiques locales. A titre d'exemple, les cultures sous serres, managées par des entreprises françaises sur d'immenses surfaces, lui ont permis de s'autosuffire et d'exporter. 2.000 m2 de cultures protégées et bien conduites, équivalent à un hectare cultivé en plein champ, qui se retrouve ainsi mis en réserve agro-foncière, en plus. Nos variétés bovines locales ont été négligées. Elles sont toujours présentes et bien considérées chez nos voisins. On importe des bovins dont leur panse est «extensible», puis les laisser à «leur faim». Les variétés maghrébines mangent peu, mais produisent l'équivalent en lait. Peu, mais sûr. On cultive des céréales et, à leur moisson, on laisse 15-20% de la quantité au sol. Avant, on ramassait grain par grain. Un agriculteur, de mon patelin, des années «badissiennes», voyant le niveau d'eau de la seguia baisser, s'enroule de son burnous et s'installe en «digue» à même la rigole, large et profonde, pour permettre à ses enfants d'irriguer la totalité de la parcelle. En plein mois de décembre. Cela, aussi, est un savoir «risqué» certes, mais imaginatif, avec tous les impacts moraux sur ses enfants confortés par les résultats engrangés en fin de campagne. C'est en quelque sorte un savoir par l'exemple. Des gens d'avant sont morts pour avoir vu un arbre dépérir, ou une vache mourir. Un autre sens du savoir. La passion du travail liée à l'environnement. Aujourd'hui, on installe des systèmes d'irrigation avec des pertes dépassant les 20%. Sans compter les remontées de sel, sur des sols prédisposés, et les sommes pharamineuses englouties dans différents sens, etc. Ce «savoir» existe aussi. Celui de la déstructuration des esprits. Que des immobilismes. L'autre savoir sincère, continue de peiner. Dans la ténacité. Ce qui explique sans doute, que notre beau pays continue encore de chanter. Et de vouloir imaginer d'autres savoirs liés à de nouvelles approches et autres biotechnologies. Difficilement. Pour démystifier ceux dits des bricolages. Comme celui d'un cybercafé où l'on joue plus que l'on apprend. Par le passé, en consultant un document formel portant sur un programme de développement socioéconomique, on était émerveillé par l'approche. Tout y était, sauf que le projet est une copie collée d'un programme d'un autre pays voisin, avec presque toutes ses données naturelles, mais heureusement, avec des «chiffres» nationaux. Une forme d'hybridation saugrenue. C'est vraiment malheureux d'arriver à ce niveau de décrépitudes. Le savoir non imaginé par soi-même est parfois piégeant. Dévoilant malgré nous. Ridiculement.

    Conclusion:

    Malgré ces vicissitudes, dont les différents négativismes démobilisateurs, il n'en demeure pas moins que ce foisonnement d'idées encourageantes, externes et parfois internes aux réseaux officiels en présence, reste porteur d'espoirs. Indéniablement. C'est un signe d'aptitudes, dû à la courte expérience de notre savoir «national», lié au mouvement technologique universel, notamment d'après la 2ème Guerre mondiale.

    Cependant, à notre pays, il manque encore le potentiel imaginatif, susceptible de l'amarrer définitivement au train de l'avenir. Aujourd'hui, il est plus que manifeste que les élites pertinentes devraient se manifester plus que par le passé. Au quotidien. A notre avis, deux faisceaux pour une seule connexion semblent se dessiner par la force des choses. Un projet de société, qui devient de plus en plus insistant en terme de bouillonnement émancipé et intellectuel profond, voulant rompre avec le «train-train» des pesanteurs clientélistes réductrices, d'une part, et le jaillissement de réflexions multiformes en vue d'instaurer une dynamique post-rentière d'autre part. L'avenir des générations montantes en dépend. Ces dernières devraient entonner l'hymne badissien enrichi, qu'il aurait bien voulu entendre. «Le peuple algérien est émancipé et c'est vers le savoir universel qu'il doit résolument s y attacher». Notre illustre et émancipateur défunt, notre charismatique Cheikh en serait comblé. Que Dieu ait son âme et qu'il repose dans la paix éternelle. Celle des justes.

    Notes:


    (1) Cité par l'article «Le savoir en flashs», de MM. Rachid Brahmi et Dalila Brahmi Berass, Dpt Physique et Sces économiques de l'université d'Oran, paru au Q. d'Oran, le 08/04/2007.

    (2) Le butin de guerre, comme l'a si bien formulé M. Kateb Yacine; l'imaginatif de «Nedjma».

    (3) Une petite histoire, entre trois frères. L'un le pouvoir, le deuxième l'argent, le troisième le savoir. Un jour, ils tiennent séance pour situer leurs destinées et territoires respectifs. Le pouvoir leur dit, vous savez ou me trouver, aux royaumes bien sûr, avec mes ministres etc. L'argent, eh bien moi, vous me retrouverez dans l'opulence, les châteaux etc. Le savoir leur dit, moi si vous me perdez une seule fois, je serai sur la «lune» à vous regarder comment vous vous entretuez. Et imaginez, comment vous empêcher de vous détruire. Peut-être.

    (4) Enuméré par l'article «Plaidoyer pour des classes branchées en Algérie», de M. Ahmed Bensâada, Docteur en physique. Montréal (Canada), paru au Quotidien d'Oran du 08/04/2007.

    Par Ali BRAHIMI Ingénieur Agronome, le Quotidien d'Oran

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    • #3
      Youm al3ilm devrais être célébré toute l'année en Algérie.

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      • #4
        La journée commémorative de la disparition de l'érudit Cheikh Ben Badis, le 16 avril de chaque année, est un événement national. Cette date symbolise le savoir.
        Pourquoi n'a-t-on pas choisi comme date symbolique le jour de la naissance du Cheikh? Loin d'être versé dans l'esotérisme, y a de quoi réfléchir au pouvoir des symboles!
        ᴎᴏᴛ ᴇᴠᴇᴎ ᴡᴙᴏᴎɢ!

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        • #5
          Moi je dirais plus simple !, pourquoi la grande mosquée de Cirta "Constantine" n'a pas été appeler "Ben Badis" . C'est pourtant lui le véritable théologien de l'Islam et non pas l'emir Abdelkader ?.

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          • #6
            C'est pas grave puisque la grande mosquée d'Oran va porter son nom!
            (رأيي صحيح يحتمل الخطأ، ورأي غيري خطأ يحتمل الصواب (الامام الشافعي

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