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Les Algérois de nouveau confrontés à la hantise du terrorisme

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  • Les Algérois de nouveau confrontés à la hantise du terrorisme

    Des kamikazes ! Il ne nous manquait plus que ça !" Enseignant à l'université de Bab Ezzouar, Ahmed répète, jeudi 12 avril, la réflexion la plus entendue à Alger au lendemain des opérations-suicides contre le Palais du gouvernement et un centre de la police judiciaire, à l'est de la ville, dont le bilan officiel est passé de 24 à 33 morts. Lassés et inquiets, les Algérois se laissent aller à un certain découragement. Beaucoup disent qu'ils n'ont plus ni le "jus" ni le courage de revivre le cauchemar des années 1990, "perdues pour le pays et pour les Algériens".

    Le retour des attentats dans une capitale relativement sécurisée et, surtout, le recours aux kamikazes font remonter les souvenirs de ces jours pénibles où "l'on disait au revoir aux siens avec dans la tête l'idée que l'on pourrait être happé dans un attentat dehors et qu'on ne les reverrait plus". Ahmed, qui avait "tenu" jusque-là, pense désormais à suivre les dizaines de milliers de cadres algériens qui ont quitté le pays au cours de la "décennie de sang".

    Jeudi était jour d'enterrement pour les proches de certaines victimes des attentats-suicides, celui de la peine et du désarroi. Le gouvernement algérien, qui juge positif le bilan de la politique de "réconciliation nationale", en faisant valoir qu'elle a permis de démobiliser des milliers de maquisards islamistes, éprouve des difficultés à défendre la thèse du "terrorisme résiduel".

    Dans ce débat feutré sur les vertus de la politique de réconciliation mise en oeuvre par le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, le pouvoir a reçu l'appui du journal arabophone El-Khabar, le plus fort tirage du pays.

    Tout en prenant acte du changement de méthode du GSPC, le journal El Khabar estime que le terrorisme, tel que l'a connu l'Algérie des années 1990, a bien été vaincu, et que la situation sécuritaire d'aujourd'hui est sans commune mesure avec celle d'hier. Ceux qui font preuve de "courte vue", écrit-il, n'ont qu'à se rappeler ces "années d'enfer où les terroristes vadrouillaient comme ils le voulaient à toutes les heures de la nuit et une bonne partie des heures du jour" dans la plupart des régions du pays.

    Mais Alger est une puissante caisse de résonance et ce discours raisonnable a de la difficulté à pénétrer des esprits encore traumatisés par les violences de la dernière décennie. "Un attentat contre un édifice central du gouvernement constitue le "top", du point de vue médiatique", note Yazid Zerhouni, ministre de l'intérieur.

    Le ministre, qui a rendu visite, jeudi, aux blessés, a annoncé que les effectifs des policiers et des gendarmes allaient être renforcés dans les villes. Le dispositif a été déjà consolidé sur les axes routiers menant à la capitale : les barrages sont plus nombreux et les contrôles de véhicule plus fréquents. M. Zerhouni a précisé que la réunion convoquée en urgence par le président Abdelaziz Bouteflika immédiatement après les attentats a permis de constater que "la situation sécuritaire dans le pays était toujours correcte". "Le groupe qui a commis ces attentats est isolé et ses membres se sont exclus de la réconciliation nationale", a poursuivi le ministre, avant d'ajouter : "La lutte contre le terrorisme va se poursuivre, et cela nécessite plus de vigilance."

    Le problème est que le nombre officiel des terroristes en activité, entre 500 et 800, est resté le même ces dernières années. En tenant compte des pertes régulières subies par le GSPC, cela signifie au moins la persistance d'un niveau de recrutement constant.

    Ahmed montre, troublé, la photo, visage découvert, d'un des kamikazes, publiée dans un journal local : "Un jeune, banal, comme mon petit frère ou mon voisin !" Dans un système politique toujours fermé en dépit du multipartisme apparent, il suffit qu'une très infime partie d'une jeunesse socialement déstabilisée cède à la tentation pour que le recrutement se poursuive.

    Par Le Monde
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