Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Amin Zaoui➖ Mon Ben Badis à moi!

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Amin Zaoui➖ Mon Ben Badis à moi!

    ...Ainsi je me demande si les Algériens ont bien lu la personnalité du cheikh Abdelhamid Ben Badis, loin de toute mythification ? Je pense qu’à l'exception du chercheur Ali Merad (1930-2017) dans son livre “Le réformisme musulman en Algérie de 1925 à1940” publié en 1967, aucun autre chercheur n’a été libéré de la légende appelée Ben Badis.
    Aujourd'hui, de nombreux Algériens croient que Ben Badis serait tombé en martyr lors de la révolution de libération ! Qu’il serait l'un des dirigeants de la révolution du 1er Novembre 1954 ! Les ulémas d’aujourd’hui ceux de l'actuelle Association des ulémas musulmans, n’ont aucun rapport avec cette personnalité. En réalité, ces adeptes sont devenus des militants du parti des Frères musulmans. Ils prêchent pour un islam étranger.
    Hurlent pour le port du voile le considérant comme le point focal de la religion, oubliant que l'épouse de cheikh Ben Badis ne l’avait jamais porté !
    Ils luttent contre l’enseignement du français, oubliant que Ben Badis était déterminé à l’enseigner et à le défendre. Ben Badis aimait la musique, et l’association des Ulémas avait son groupe musical, et les ulémas d’aujourd’hui appellent à la lutte contre la musique. Lui adorait la scène théâtrale, et les ulémas d’aujourd'hui contestent le quatrième art le considérant comme une menterie.
    Ben Badis adorait la littérature, les ulémas d’aujourd’hui voient en elle de la “turpitude morale” ! Cheikh Abdelhamid Ben Badis était-il musulman laïque ?
    Dans les années 1930, Ben Badis a clairement appelé à la nécessité de respecter la société islamique algérienne avec sa culture et sa langue sous l'égide de l'État français laïque. Ben Badis plaidait pour une école laïque.
    Dans un article publié dans le journal “Assirat”, porte-parole de l'association des musulmans algériens, du 23 octobre 1933 sous le titre “Écoles du gouvernement laïque”, Ben Badis a clairement attiré l'attention sur le respect de la laïcité, car c’est le seul mode de gestion qui respecte la diversité et la pluralité religieuse et linguistique.
    N’oublions pas que cheikh Ben Badis a fermement défendu le laïque Mustafa Ataturk, en déclarant : “Oui, Mustafa Ataturk a retiré les Turcs des règles islamiques… mais il leur a rendu leur liberté, leur indépendance, leur souveraineté et leur grandeur parmi les nations de la terre.” Abdelhamid Ben Badis n'était-il pas un musulman laïc ? 🖊 Amin Zaoui / 16 Avril 2020
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Je pense sincèrement que l'islam est laïque

    On n'a qu'a lire le Coran pour découvrir que l'islam ne limite pas les libertés individuelles.
    Le saint Coran dans la sourates younes 99 :

    ولو شاء ربك لآمن من في الأرض كلهم جميعا أفأنت تكره الناس حتى يكونوا مؤمنين

    Allah s'adressant au Prophète Mohammed :

    Si votre Seigneur avait souhaité la croyance de tous ceux sur la terre, vous n'avez pas a détester les gens jusqu’à ce qu’ils soient croyants.

    Donc, ceux qui lisent le Coran savent.

    Commentaire


    • #3
      Un universitaire d'Alger conforte Zaoui, instructif et éloquent sur la nécessité de ne pas laisser l'Histoire d'Algérie aux mains des imposteurs ...


      Les champs culturels et politiques en Algérie et cela depuis les événements du 19 mai 1981, ne font que conforter des situations d’inertie, de lassitudes et ce positionnement gravitationnel "d’avancer en arrière, s’il vous plais !". Nous y sommes et pour quelques décennies encore.



      Nous devons l’actuel état des choses, a une "engeance d’humanoïdes, toxique, radioactive et non recyclable" que nous nommerons les islamosaures, ou ceux qui se maintiennent en dehors de la réalité historique – qui, elle avance – sous couvert d’une religion qui a été un réel produit de l’Histoire de l’humanité. Il n’y a pas lieu à les distingués les uns des autres, les classés ou les reclassés selon des considérations politiciennes. Ils sont d’une même racine socio-anthropologique : maintenir la culture féodale de la soumission de l’humain.

      C’est bien le champ culturel algérien qui a été, de tout temps d’ailleurs, un lieu de rédemption des idées les plus rétrogrades, voire réactionnaires, de notre histoire. Le fait colonial a certes, été pour beaucoup de cette forme de renouveau aliénant, mais il lui fallait des aptitudes nationales pour qu’il aboutisse à ses fins. Une certaine division sociale du travail s’instaure, et la reconversion de la société nationale en entités spirituelles et non-spirituelles, s’ajoute aux autres phénomènes de la misère sociale et économique.

      Ce qui est d’actualité, à travers nos propos, c’est ce questionnement sur le rôle qu’aurait joué le semblant d’éveil spirituel, une association d’enseignement religieux agréer par une administration coloniale et dans un cadre politique discriminatoire et répressif. L’exemple des Oulémas est édifiant, historiquement parlant.



      Abdelhamid Ben Badis : une relique du nationalisme religieux

      Sur les colonnes du Courrier de Tlemcen (N° 1171, du 15 juin 1883), nous lisons qu’un concours d’accès à la Faculté de droit d’Alger, est organisé et comportant des compositions sur le Code civil et le Droit romain (pour la 1er année de licence), sur le Droit romain et la Procédure civile (2e année de licence), enfin sur le Droit commercial et le Code civil (pour la 3eme année). Un concours destinés aux enfants des colons. Les "indigènes" se contenteront du certificat supérieur d’études de législation algérienne et de coutumes indigènes. Il porte sur les coutumes indigènes, le Droit dit musulman est d’ordre coutumier et non une législation en ce temps de la colonisation.

      Mais ce qui retint notre attention dans ce numéro, c’est cette pétition émanant d’une Société algérienne pour la protection des colons et l’avenir de l’Algérie, priant les lecteurs d’adhérer à l’initiative. Le texte est adressé aux députés et sénateurs de l’Algérie coloniale, et dans laquelle nous retrouvons le nom de Si El-Mekki Ben Badis, le père du futur cheikh Abdelhamid, qui fut un ancien kadi, assesseur près du tribunal de Constantine, conseiller général et Chevalier de la Légion d’honneur. Le notable musulman, lit-on dans la pétition :

      demandait dans une brochure publiée en 1875, l’internement par mesure administrative, des indigènes sur le compte desquels l’autorité locale fournirait des renseignements pouvant les faire regarder comme dangereux.

      La pétition, en se référent au texte du père de Ben Badis, demandait une "loi sur la relégation des récidivistes indigènes dans nos colonies lointaines" ; par récidivistes il faut entendre ceux qui ont pris les armes contre l’autorité coloniale. Dans la même loi, il est prévu que dans le cas de vols, la responsabilité de la famille même du "malfaiteur qui habituellement, profite des crimes commis par quelques indigènes de la tente".

      Mieux encore, en se référant à ce juriste en Droit et coutumes indigènes demande "la prompte exécution de la loi sur la propriété individuelle, afin de transformer les mœurs du fellah arabe, en l’attachant au sol qu’il cultive et détruire en lui, autant qu’il sera possible, les mauvais instincts développés par la misère et par une mauvaise éducation". Pour y remédier à cela, il est exigé de créer de nombreuses, contrôlées par l’Autorité académique, destinées à faciliter le développement moral et intellectuel des "indigènes".



      Pourtant, ce n’est toujours pas exact que "le feu ne donne naissance qu’aux cendres", puisque le fils et futur fondateur des Oulémas musulmans, aura à tirer sa révérence de cette douloureuse expérience familiale. Au-delà de toute subjugation de ce futur cheikh et de son œuvre, il est intéressant de noter l’urgence d’une analyse critique de l’histoire et du parcours du jeune Abdelhamid et de son imprégnation du socle familial, qui reste en premier lieu, de nature féodale. Comme il est intéressant encore, d’évoquer ce paternel totalement inféodé à "l’œuvre civilisationnelle de la colonisation", à travers un événement qui a défrayé la chronique en son vivant : le dossier des forêts qu’a connu l’Est algérien aux débuts de années 1880.

      El-Mekki Ben-Badis publia, à cet effet, une brochure intitulée "Réfutation des erreurs et fausses appréciations relatives aux incendies survenus en août 1881", il soutenait la théorie de la combustion spontanée de certains types d’arbres, tout en écartant les méfaits plausibles des habitants locaux ou de celle des colons à la recherche de terrains pour l’exploitation foncière. Il s’exprimait ainsi : "Parmi ces causes nous ne parlerons que de la plus extraordinaire. Il existe dans les forêts deux espèces d’arbres : le Merek (Vindum officinale) et le Affer qui s’enflamment par le frottement, fussent-ils verts. Ce fait est constaté dans le Koran (Sourate de Ia-Sin) chacun peut rechercher ce passage et en prendre connaissance".

      Huit ans après la publication de ce réquisitoire du père lettré et agent de l’administration de l’Empire colonial, Abdelhamid naitra dans un tout autre contexte politique et social. Un contexte qui donnera naissance à des mutations sociologiques au sein des petites couches de la paysannerie algérienne en les transformant (pas tous, évidemment), en dockers, ouvriers-agricoles "khemmas", ouvriers des rails, et travailleurs journaliers. Pour ce qui est de l’instruction et de la formation supérieure ne sont admis que les enfants de la bourgeoisie terrienne, acquise à "l’œuvre coloniale" et à celle qui " ranimaient la flamme sous l’Arc de Triomphe" lors des 14 juillet.



      Il est vrai que Abdelhamid Ban Badis est le plus favorisé par l’écriture de l’Histoire culturelle de l’Algérie, version Aboulkassem Saadallah et consorts. Mais en la plaçant dans le contexte géopolitique de son époque, nous ne pouvons passer sous silence l’exemple de ce numéro du mois de novembre 1938, du journal Echihab où à la une, où Ben Badis rendait un vibrant hommage à Mustapha Kemal, sous le titre "Moustafa Kamal, rahimahou allah". il le qualifié de "moudjahid" qui a rendu à l’Islam ses lumières en anéantissant l’obscurantisme ottoman. Un écrit qu’il serait intéressant d’actualiser dans notre contexte rétrograde. Cela ne fait de Ben Badis un laïc, c’est certain qu’au demeurant il restera imprégné de sa formation religieuse, teintée de la pensée phénoménologique de la fin du XIXe siècle, à l’image de la pensée d’un Afghani ou d’un Abdou.

      Mais sur quelle force sociale reposait Ben Badis, afin de mener son combat idéologique ? La petite bourgeoisie commerçante est cette catégorie sociale totalement exclue du circuit économique dominé par le capital financier colonial. Une formation sociale qui ne porte aucune perspective, ni politique, ni économique dans la production dominée par l’alliance de la bourgeoisie coloniale européenne et la féodalité terrienne locale. Cette dernière avait mis aux services de la première, un des instruments les plus audacieux et des plus aliénants de la société colonisée : les zaouïas et les confréries domaniales.

      Au-delà du discours moralisateur des tenants de la constance des valeurs sociales et historiques, Ben Badis, réduit aujourd’hui à une simple icône dénuée de tout attache avec l’histoire sociale en Algérie, se retrouve dans l’anti-chambre de la mémoire collective. Pourtant de son vivant, les témoignages et des plus controversés, affluent des uns et des autres. Pour dire que l’homme ne passait jamais inaperçu de part ses actions que ses écrits.

      C’est ainsi que l’organe du Parti Socialiste-SFIO, Le Populaire, du 02/09/1934, titrait violemment ses pages intérieures par "Pogrom 1934" pour évoquer les sanglants événements de Constantine entre les communautés musulmane et juive. Le quotidien fait acte de l’intervention des différents responsables des deux communautés afin d’apaiser les esprits des uns et des autres.



      "Les seules décisions sagement prises, note le quotidien, le furent en dehors des autorités, par M. Lellouche, Conseiller générale et président du Consistoire israélite d’une part, et par le docteur Ben Djelloul et le cheik Ben Badis Abdelhamid de l’autre."

      Le premier ordonna aux rabbins de tous les temples de Constantine d’éviter "tout commentaire sur les faits du vendredi, tout rassemblement, toute exagération", tout en se rendant en personne, dans ces temples afin d’exhorter les fidèles à la retenus et au bon sens. De leur côté, Ben Djelloul et Ben Badis rassemblèrent, le samedi 4 août, les musulmans, non dans une salle comme l’exigeait d’eux l’administration, mais devant la Grande Mosquée de la ville et à l’heure de la prière du maghreb et ils convièrent les fidèles "à rester maitres de leurs nerfs", tout en promettant à cette foule montée par l’incendie de la mosquée de Constantine, "que la justice était saisie des incidents de la Mosquée, prononcerait les sanctions nécessaires, et invitèrent leurs auditeurs à rentrer chacun chez soi."

      L’intervention des deux membres du Congrès Musulman d’Algérie (CMA) a certainement évité l’entrée du pays dans une véritable guerre civile intercommunautaire, dont le contenu religieux allait handicaper et à jamais, la lutte politique nationale.

      Bien que présenté comme un anti-bolchévique et notoirement anti-communiste, Ben Badis n’était nullement un fanatique, bien que dans l’association des Oulémas, le wahhabisme fraîchement ramené par cheikh El-Okbi, commençait à se propagerd parmi les élèves. Ben Badis été bien un réconciliateur et un pacifiste au regard des forces politiques nationale de son époque.

      Dans une lettre, qu’il adressa à la rédaction du Matin (N° 18627, du 21 mars 1935) et en réponse à certains des "griefs articulés contre l’association qu’il préside et notamment à situer la part du panislamisme dans le développement du malaise algérien". Il affirmait que les Oulémas musulmans algériens n’ont jamais reçu et ne reçoivent pas d’ordre du Comité syro-palestinien (allusion faite au Prince Chakib Arslan et au muphti Al-Husseini d’Al-Kods de l’époque). Plus loin, il précisera que son association ne régit aucune école coranique et qu’aucune parole hostile à la France n’a été prononcée dans les établissements où enseignent les sociétaires des Oulémas.
      Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

      Commentaire


      • #4
        Notre apostolat précisait Ben Badis est "essentiellement et limitativement religieux, ne saurait inquiéter la puissance française que dans la mesure où, dans son expression souveraine la plus haute, celle-ci nourrissait le dessein de porter atteinte, dans le gouvernement des musulmans, à la religion musulmane",

        Tout en notant que les Oulémas musulmans au sein de cette association, n’ont jamais "pris aucun conseil d’aucun bolchévisant. Le communisme ? Tout le monde cherche à le contenir où à l’intimider. Mais qui le combat ici ? Nous seuls. Nous le défions bien de se servir des masses qui ont reçu notre enseignement."

        Nous sommes bien loin de ses dires, sur "le communisme est la levure de l’humanité" selon les "communistes" algériens. Mais le 5/7/1935, le CMA vote une motion de confiance et de sympathie au Front Populaire de France, et le 20 août de la même année, l’enseignant de la mosquée de Sidi Lakhdar (Constantine), se rendait à Paris au siège du quotidien L’Humanité, en compagnie de Lamine Lamoudi, directeur du journal algérois La Défense et traducteur du cheikh.

        C’est dans un paternalisme des plus exorbitants que le quotidien du PCF reprit les quelques propos de Ben Badis, venant déposer un document de propositions de réformes intéressant les domaines sociaux, culturels et politiques. Le même quotidien, qui pris avec attention les revendications des Oulémas, considère que le texte est empreint de "modération et de bons sens politique", en reprenant les propos de Ben Badis qui précise que "si nos modestes revendications étaient admises, jugez quel ascendant précieux la France gagnerait sur l’Islam. Voyez comment l’Angleterre a su céder à la pression en Egypte, en Irak. Quoi ? En Algérie, au Maroc, en Tunisie, en Syrie, la France – dont nous espérons qu’elle a au moins autant de cœur – aurait-elle moins de perspicacité que l’Angleterre".

        Mais la tribune "communiste" ne pouvait que reléguer le discours de la nouvelle administration coloniale, puisqu’au même moment où la délégation était à Paris, le muphti d’Alger se fait assassiner et l’accusation fut portée au cheikh El-Okbi comme instigateur potentiel. Sur cette expéditive inculpation, L’Humanité relève qu'El Okbi est "l’ascète, haute conscience, un des Ulémas, un des délégués à Paris" et que cette tentative de disculper l’association et le CMA, c’est pour les faire passer pour des bandits, en faisant le jeu de ceux qui voyaient dans le CMA, un contrepouvoir au sein même de la féodalité coloniale.

        L’Islam dans le contexte colonial, soumis aux intérêts financiers et économiques de ceux qui défendaient la tradition des beyliks, fut un tremplin de valeurs contradictoires. De même, pour ceux qui prônent le réformisme au sein de la tradition et le combat contre l’obscurantisme ottoman. N’oublions pas que les uns et les autres sont soumis à l’agrément de la Loi 1901 relative aux associations et formations politiques.

        Mais l’affirmation à une appartenance religieuse pouvait-elle contenir une forme de résistance à l’aliénation coloniale, dans une population marquée par l’illettrisme et la misère de classe. L’histoire ne peut léguer à une association à caractère religieux le rôle de cet instrument d’éveil des consciences sociales, alors qu’elle ne fut qu’un instrument supplémentaire de détournement des luttes politiques et sociales. Que les choses soient claires.

        Les Oulémas ont formé un outil d’instrumentation du fait spirituel, tout comme l’administration coloniale des Habous, non comme un contenu de libération, puisque le mouvement nationaliste a pris cette tâche pour son compte, mais bien celui de diluer l’appartenance sociale et culturelle dans la seule pratique religieuse. Nous ne pouvons estimer le rôle des Oulémas que dans le contexte d’une lutte entre deux instruments d’une même composante féodale acquise au colonialisme, sans trop le déranger.

        M. K. Assouane
        Université d’Alger-2.
        Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

        Commentaire


        • #5
          Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

          Commentaire


          • #6
            Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

            Commentaire


            • #7
              Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

              Commentaire


              • #8
                ولو شاء ربك لآمن من في الأرض كلهم جميعا أفأنت تكره الناس حتى يكونوا مؤمنين

                Si votre Seigneur avait souhaité la croyance de tous ceux sur la terre, vous n'avez pas a détester les gens jusqu’à ce qu’ils soient croyants.
                es-tu sûr que la traduction du mot:تكره est "detester" ?
                N’est ce pas plutot "contraindre", "obliger" ??
                La différence est de taille et défigure complètement le sens du verset.

                Commentaire


                • #9
                  Le 4 octobre parut un article dans les pages du journal francophone le plus lu de la ville de Constantine, relatif à l’important rassemblement public prévu pour le week-end suivant et intitulé «La Zarda»:

                  Dépêche de Constantine, 4 octobre 1936. ADC/B3/273/11.
                  « À en juger par les encouragements que le comité d’organisation reçoit de tous côtés, non seulement de la ville mais encore de l’intérieur, la zarda des 10 et 11 octobre prochain est appelé à un gros succès. Cette vieille tradition que le Comité des Meskines remet en honneur a ramené la joie dans le cœur et sur les visages des Musulmans ; dans la ville et dans le département, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre ; de partout, on s’apprête à venir assister à cette fête de la grande famille musulmane, où en partageant le pain et le sel autour d’un couscous commun, l’on viendra oublier les haines qui divisent et renouer les liens de l’amitié et ceux de l’amour d’autrui. »

                  La zarda consistait en une distribution de pains et d’argent aux pauvres. C’est en quelque sorte, une aumône organisée par le Commun donnant lieu à la célébration d’un festin collectif, qui devait durer deux jours dans un lieu sacré, le cimetière de la ville ; pour mettre en évidence la solidarité sociale et religieuse entre les riches et les pauvres, entre la ville et les campagnes environnantes. En même temps, l’événement devait symboliser la communion des défunts avec les vivants, toutes classes sociales confondues, dans le partage ritualisé du pain, de la viande, et de la parole de Dieu. Le rituel de la zarda était donc une expression simultanée de plusieurs aspects des obligations de la communauté, l’hommage dû aux défunts et la sollicitude due aux pauvres. Lors de ces pratiques rituelles, le repas en commun, le dhikr des différents confréries, et la récitation en entier du Coran ; la communauté toute entière était conviée à affirmer la réalité et la légitimité de sa vie sociale ancrée dans l’Islam.

                  Toujours selon le même article, de telles cérémonies étaient anciennes : les Constantinois les célébraient au Coudiat, colline située aux portes de la ville où se trouvait le cimetière et la tombe du saint Sidi Aty. Avec l’extension de la nouvelle ville, à l’Ouest de la vieille ligne des murailles ottomanes, le cimetière fut déplacé, et la célébration de la zarda avait suivi, tout en gardant l’appellation ‘du Coudiat’ ou ‘de Sidi Aty’, en référence à son lieu d’origine et au wali. Signe des temps, peut-être, on se gardait pourtant d’identifier la zarda exclusivement avec la mémoire du saint homme; il s’agit d’une «expression communale, une célébration de la communauté toute entière, en l’honneur de tous nos morts. Voilà donc ce qui donne à la zarda son caractère de fête religieuse, voilà donc de qui doit on bannir tout ce qui est de nature à porter atteinte à la religion, à la morale et au respect des morts. »

                  En 1936, l’occasion de la zarda semblait un moment particulièrement béni; « La zarda est tellement populaire et en honneur chez les musulmans qu’elle crée de l’allégresse chez tous, grands et petits, riches et pauvres, dans toutes les couches sociales ; dans les familles parfois désunies, souvent la discorde disparaît à l’occasion d’une telle manifestation. Les non-musulmans eux-mêmes, respectueux des usages et des coutumes de leurs frères musulmans, considèrent la zarda comme une belle manifestation, digne d’être encouragée et ne manquent jamais d’apporter leur aide aux organisateurs de cette fête. […] Les préceptes moraux de la religion en répandent leur baume bienfaisant dans l’âme et dans le cœur des bons musulmans. C’est l’Islam simple, bienveillant, démocratique qui se dégage au cours de cette grande fête de famille. C’est là le secret de succès et de popularité des zerdas, et celle de samedi et dimanche prochains aura, à ce titre, le plus grand succès.»

                  À la fin de l’article, le rédacteur remerciait ceux qui avait déjà participé aux frais de l’événement, et rappelait à ses lecteurs (non-musulmans comme musulmans) l’adresse où ils pouvaient envoyer leurs contributions : le Comité des Meskines, dont le siège, au 8, rue Chabron, était également celui de la Fédération des Élus.

                  Le Comité était, en effet, patronné par le Docteur Bendjelloul. C’était lui qui avait sollicité auprès du maire de la ville, quelques jours auparavant, l’autorisation nécessaire à la tenue de la fête, après avoir réuni la veille, ses alliés politiques et les chefs des confréries pour mettre sur pied le comité d’organisation de la zarda.

                  La réaction à l’initiative du Dr Bendjelloul de la part des réformistes ne pouvait qu’être très vive. Le soir même de l’annonce de la zarda dans la Dépêche de Constantine, Ben Badis et quelques 150 partisans de la cause réformiste se sont réunis, sous la surveillance d’un agent de la sûreté publique, qui nota le souci du chef des Uléma, déclarant que :

                  « Nos élus actuels prennent fait et cause pour les membres des confréries [et] veulent faire revivre les coutumes maraboutiques par nous combattues. Déjà ils veulent donner une zarda. Au cours de cette cérémonie, des cinéastes viendront filmer l’immense troupeau des indigènes et dans les villes, où ils seront ensuite projetés, ils démontreront nettement notre infériorité physique et intellectuelle, notre attachement à des mœurs surannées. Le gouvernement d’autre part, constatant cette résurrection de vieilles pratiques ne nous accordera pas les revendications par nous présentées à Paris. Il s’en désintéressera, nous croyant encore attardés en des temps moyenâgeux. D’autre part, les indigènes ne se sentiront nullement soulagés par cette fête de bienfaisance et resteront dans la misère. Le Docteur Bendjelloul est en train de torpiller nos plus chères aspirations. Il faut nous unir et de toutes nos forces, combattre ces lamentables errements. Nous faisons confiance au Gouvernement pour interdire cette manifestation.»

                  Les jours suivants, l’association des Uléma fit circuler, à Constantine, des tracts et affiches pour dénoncer la zarda et demandait à la mairie et à la préfecture que la fête soit interdite, arguant que « le cimetière musulman est un lieu sacré et on ne doit pas le profaner par une réjouissance, à caractère nettement politique.» La proscription de toutes sortes de rituels autour de la mort, des défunts, des tombeaux et des cimetières étant un aspect important de la lutte des réformistes contre les pratiques blâmables; constituait donc pour eux, motif à s’opposer à la zarda qui signifiait selon leur conception religieuse, une pratique fondamentalement illicite.

                  À Batna, le Dr Bendjelloul fut critiqué par les réformistes pour avoir pris une position politique «contraire à l’Islam», selon eux.

                  Ils l’accusèrent d’avoir abandonné le front uni du Congrès musulman; car, il aurait été, selon-eux, «acheté par le gouvernement». Mais ce que les réformistes, reprochèrent le plus au Dr Bendjelloul , c’est de ne pas les avoir consulté au préalable, au sujet de l’organisation de la Zerda au sujet de laquelle, ils affirment qu’une telle initiative relève strictement du domaine religieux, dont ils prétendent être les seuls qualifiés pour en discuter les principes coraniques.

                  Mais bien plus, c’était la signification de la fête comme expression de la culture religieuse algérienne qu’accabla les réformistes. La zarda leur paraissait comme une expression exemplaire non pas de l’Islam bienfaisant, pieux, démocratique et égalitaire, mais d’une honteuse culture d’arriération et d’infériorité dont la représentation aux yeux des européens les épouvantait.

                  Pour les réformistes, la Zarda allait mettre en scène, non seulement une pratique illicite du point de vue doctrinal, mais un spectacle effroyable d’archaïques «mœurs et coutumes indigènes », de mentalités dépassées, de croyances anarchiques et irrationnelles, un soi-disant « Islam » tout pétri de superstitions.

                  Les réformistes mettent en garde leurs coreligionnaires contre les utilisations qui seraient faites de cette zerda donnée en spectacle. Ils prétendent qu’elle serait filmée et livrée à l’amusement du public européen friand de ce genre de scènes exotiques et utilisé par les autorités coloniales comme moyen de propagande mettant en scène l’état d’arriération de la société algérienne. C’est dès lors, toute la dignité des Algériens et de l’Islam qui serait mise en jeu; au moment même où ils venaient de marquer un pas en avant dans la quête de sa reconnaissance.

                  Des brochures en arabe et en français furent distribuées dans toute la ville le premier jour de la fête, déclarant que, « …on tend un piège à la population, on y place un morceau de viande et on couvre le tout du nom de « grande zarda » et de « repas populaire » […] O musulmans ! La viande que vous mangerez dans cette zarda est illicite, car elle n’est pas offerte par l’amour de Dieu ! On se moque de vous, de votre religion aux yeux des étrangers. Les appareils photographiques sont prêts. Les pièges sont tendus. […] Éloignez-vous de la zerda et approchez-vous de Dieu ! »

                  Les opposants à la zarda s’efforçaient de mettre en évidence; d’une part, le fait qu’il ne s’agissait que d’une manœuvre politicienne conçue pour acheter la faveur de la population mais qu’il était question d’autre part, d’une affreuse déviation de la religion et d’un grave outrage à la dignité du peuple : « Notre peuple, connu pour ses traditions aurait-il perdu le sentiment de la dignité et de l’honneur, au point d’échanger sa conscience contre un plat de couscous? Non et non! Le Musulman n’est pas le fauve que l’on capture au moyen d’un appât. Évidemment, pour dorer la pilule, on donne à ce festin le caractère d’une œuvre de bienfaisance. Attention ! Cette soi-disant œuvre de bienfaisance dissimule le venin de l’ambition et des rancunes politiques. de cette manifestation […] les organisateurs escomptent les résultats suivants :

                  Irriter la sensibilité des vrais musulmans en ranimant sous leurs yeux des pratiques maraboutiques que tous les intellectuels tiennent pour périmées.

                  Discréditer notre religion en couvrant de son nom des pratiques dignes des temps du paganisme.

                  Ruiner le crédit du peuple au point de vue politique en le montrant arriéré et superstitieux.

                  Mettre en évidence devant nos détracteurs que la barbarie est une tare inhérente à notre race et à notre religion […]. Non, chers coreligionnaires ! Dans votre éducation sociale, vous êtes arrivés à un stade où vous épargnerez cette injure à la fois à votre religion et à vous-mêmes.»
                  Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

                  Commentaire


                  • #10
                    Le premier jour de la zarda, Ben Badis adressa une lettre ouverte au Préfet, publiée dans la Dépêche de Constantine :

                    « Monsieur le Préfet, Nous avons l’honneur d’attirer votre attention sur les conséquences graves qui pourraient survenir, à l’occasion de la zerda, que va donner le Comité des meskines de Constantine, au cimetière musulman […].

                    La zarda provoquera sans aucun doute, une affluence de jeunes gens qui pour la [plupart] non pratiquants, entreront dans le cimetière dans un état d’ébriété, peuvent saccager les tombes et commettre des actes regrettables, du point de vue religieux. Nous regrettons que pour une pareille manifestation, donnée dans un lieu saint, […] les oulamas seuls qualifiés pour discuter sur le terrain religieux, n’ont pas été consultés, pour donner leur point de vue sur cette zarda, non tolérée d’ailleurs par les principes coraniques et surtout dans un lieu aussi sacré. Nous vous demandons, Monsieur le Préfet, d’assurer le respect de nos morts, par l’interdiction d’une pareille manifestation au cimetière. »
                    Lettre signée par Ben Badis au nom de la «Section constantinoise de l’Association des oulémas (...)

                    Dans la réponse à ses détracteurs, diffusée par affiches à Constantine, parallèlement à celles des réformistes, Bendjelloul accusa ces derniers, de mener une campagne de subversion « communiste » afin de diviser la population. En même temps, il défendait la licité de la zarda, présentée comme un mawsim bien connu de la population et faisant légitimement partie des coutumes. Les deux parties se renvoyaient mutuellement l’accusation de faire de la « division », de « semer la discorde » entre musulmans.

                    Le succès du festin dépassa toute attente : quarante bovins furent sacrifiés, vingt mille kilos de pain cuits et quelques vingt-neuf mille francs reçus. Selon les estimations de la police, quelques vingt-cinq mille personnes ont assisté aux deux journées de la célébration, qui se déroula « sans incidents ». Le Préfet informa Alger des déclarations des Uléma, portées sur la zerda, comme étant, « contraire aux véritables principes islamiques, de nature à porter préjudice à la dignité des musulmans et susceptible de nuire à leurs revendications politiques […] ne semblent pas avoir eu beaucoup d’effet puisque [l’événement] a obtenu un très grand succès. »

                    Il ressort de tous ces événements que, Constantine considérée, à cette époque, en quelque sorte comme la capitale du mouvement réformiste ; n’était pas, loin de là, toute entièrement acquise à l’Islah badissien.

                    Source : Mosque and Burial ground. Sacred space and symbolic power at Constantine in 1936
                    La mezquita y el cementerio. Espacios de lo sagrado y poder simbólico en Constantina del año 1936
                    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

                    Commentaire


                    • #11
                      lettre de al mekki ben badis au glorieux francais.
                      pere
                      de notre grand oulama

                      http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1660110

                      http://www.algerie-dz.com/forums/sho...ighlight=badis
                      The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

                      Commentaire


                      • #12
                        Nacer-eddine

                        Il y a aussi un autre ouvrage où le père Ben Badis explique au gouvernement français comme s'approprier des biens et leur fournit divers renseignements :

                        Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

                        Commentaire


                        • #13
                          Je me suis toujours méfié de ces grands personnages en toc.
                          L'Algérie, non plutôt la gang mafieuse FLN de l'Algérie a toujours su imposer à la plèbe des légendes et des héros Taiwan.

                          Commentaire


                          • #14
                            La page de la conquête n’a pu être tournée ni le passé être pacifié. Il est resté vivant à travers les injustices du conquérant envers les populations conquises, identifiées avec leurs ancêtres vaincus. Le slogan de la première revue de l’association salafî, al-Muntaqid, était le suivant : « Pour le bonheur de la nation algérienne avec l’aide et le soutien de la France démocratique » (li-sa‘âdat al-ummat al-jazâ’iriyya bi-musâ‘adat al-firânsa al-dimuqrâtiyya’). Ben Bâdis ne reprend pas pour sien le discours colonial sur la mission civilisatrice de la France : ce discours offre plutôt un terrain de contestation autorisant les Algériens à occuper une place digne dans la société coloniale. A côté des ‘ulamâ’ qui se sont engagés dans une négociation avec l’autorité coloniale ou ont contesté sa domination, d’autres personnalités appartenant aux notables de la ville de Constantine ont adopté des stratégies opposées. Ainsi, le père et le frère de ‘Abd al-Hamîd ben Bâdis, Si Muhammad ben Mustafâ ben Bâdis et Mouloud Zoubir, qui représentaient la classe urbaine des notables de la ville de Constantine, s’affichaient avec la Légion d’honneur et travaillaient au sein de la branche musulmane de l’administration judiciaire coloniale. Ces personnalités s’étaient engagées dans une stratégie qui permettait d’atténuer autant que possible les inconvénients du système colonial. Ils s’opposèrent aux positions de ‘Abd al-Hamîd et des membres de son association. Membre du conseil général de Constantine et responsable du journal L’Echo indigène, Mouloud Zoubir fut un adversaire virulent de l’Association et dont il tenta de réduire l’action et de détruire l’influence. D’autres acteurs sociaux ont prétendu représenter les Algériens et développer un langage sophistiqué assimilant le vocabulaire du système colonial et le légitimant. Ces Algériens passés par le système d’éducation français ont été désignés comme nationalistes par leurs adversaires coloniaux, tandis qu’ils étaient qualifiés de bourgeois aliénés, voire de collaborateurs, par le mouvement nationaliste messaliste.
                            McDougall
                            Persée
                            Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

                            Commentaire


                            • #15
                              Bachi

                              Je me suis toujours méfié de ces grands personnages en toc.
                              L'Algérie, non plutôt la gang mafieuse FLN de l'Algérie a toujours su imposer à la plèbe des légendes et des héros Taiwan.
                              Si le gouvernement donnait les moyens à des historiens et des chercheurs, je te garantis que l'on pourrait balayer tous les faussaires qui sont la plèbe de l'Algérie. Les ex colons perdraient tout moyen de pression. Mais le veulent-ils vraiment ? ...
                              Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

                              Commentaire

                              Chargement...
                              X