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Cheikh Ahaddad est revenu cette semaine

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  • Cheikh Ahaddad est revenu cette semaine

    Comme chaque année en ce mois d’avril, la population de Seddouk ( W . Béjaia ) a tenu à rendre un vibrant hommage à l’enfant de la région, Cheikh M’hand Ameziane Belhaddad.

    A cet effet, une semaine de commémoration de l’insurrection de 1871 a été organisée. Rappelons que, c’est un certain 08 avril 1871 que le vénérable Cheikh, sur la placette de Seddouk, a lancé son appel au soulèvement de la population de la vallée de la Soummam pour combattre l’occupant français.

    Aussi, une importante délégation composée de citoyens, de Moudjahidine ainsi que des autorités s’est rendue sur le site historique sis à Amdoune N’Seddouk pour un pélerimage. Des travaux de restauration de ce lieu sont entamés.

    Pour rappel, M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République en personne, a décidé la réhabilitation et la restauration des lieux où/d’après le président de l’association organisatrice de ladite semaine sur les ondes de la Radio Soummam, a déclaré qu’un mausolée sera construit et accueillera les ossements des Cheikhs Belhaddad M’hand Ameziane et Aziz et ce avant avril 2008, et que les démarches nécessaires ont été effectuées pour le transfert des ossuaires du cimetière de Constantine.

    C’est sous la présidence du Cheikh Belhaddad auquel a été confiée la destinée de la confrérie en 1857 que la Tarik Rahmania a pu être réorganisée, et c’est sous l’égide de cette confrérie que le Cheikh Ahaddad rejoint plus tard par Cheikh El Mokrani ont soulevé la Kabylie contre l’armée coloniale.

    Donc, durant toute la durée de la semaine commémorative, plusieurs activités ont été concoctées par les organisateurs, allant de galas artistiques aux tournois sportifs.

    De telles activités sont à encourager afin que les générations futures connaissent l’histoire glorieuse de la Kabylie et se sentent fiers d’être Algériens même si la situation actuelle laisse à désirer.



    B. R
    source : dépeche de kabylie

  • #2
    Dans la matinée du samedi 8 avril 1871, le cheikh Aheddad proclama sur la place du marché de Seddouk la guerre sainte contre l’occupant français. Jetant sa canne dans la foule, l’octogénaire, maître de la confrérie Rahmania, déclara : "Avec l’aide de Dieu, il nous sera aussi facile de jeter le Français hors de chez nous". Il lança ainsi dans la bataille 250 tribus, le tiers de la population algérienne, majoritairement de Kabylie et du Constantinois et accessoirement du centre et de l’Ouest.

    Ce grand soulèvement armé durera d’avril 1871 à janvier 1872. Il étendit une série de révoltes sporadiques qui émaillèrent l’année 1870 et relançait une guerre proclamée le 14 mars par le Bachagha Mokrani, le maître de la Medjana, avec sa trentaine de tribus fidèles. Cette insurrection qui avait réussi à mettre sérieusement en péril le système colonial est d’autant plus importante que ses conséquences avaient scellé le destin de la population algérienne jusqu’au déclenchement de la révolution de novembre 1954 !

    Au-delà des origines et des causes de la rébellion rapportées en leur temps par les officiers coloniaux et analysées et re-contextualisées par les historiens depuis quelques décennies, c’est le drame humain qui s’est joué dans le camp des vaincus, et ses stigmates qui posent problème encore de nos jours.

    40 ans après le débarquement de la flotte de l’amiral De Bourmont à Sidi Ferruch et la débâcle de l’armée turque et des bataillons kabyles venus rejeter les français à la mer, la colonisation de peuplement avançait à grands pas, s’accaparant les meilleures terres, refoulant les autochtones sur les terres arides causant misère et famines de plus en plus dramatiques. Venu se substituer au règne des militaires vaincus sur le front de la guerre contre la Prusse, le régime civil tant redouté par les indigènes couronnera la succession durant trois années (de 1867 à 1869) de mauvaises récoltes et confortera l’avidité des colons par un arsenal juridique de plus en plus répressif. La révolte devenait inévitable : " Mourir pour mourir, autant le faire dans l’honneur, les armes à la main " répétait-on dans les Djemââs et les souks !
    Cinq forces d’inégale valeur étaient en présence sur le terrain, où la possession de la terre constituait l’enjeu principal. Les paysans indigènes, pour qui défendre la terre nourricière, propriété des ancêtres, relevait des valeurs existentielles de Nif et de Horma pour lesquelles le sang était le prix consenti. On prenait le fusil dés qu’il s’agissait de défendre sa famille contre l’opprobre et le déshonneur, sa terre contre la spoliation, et par extension son pays contre l’occupation. Les féodaux algériens alliés de l’armée française, voyaient leur influence en perte de vitesse à mesure que s’appauvrissaient les fellahs et que les prérogatives des militaires passaient aux mains des civils et que se consolidait le nouveau régime qui rognait leurs privilèges.

    Ces deux forces aux intérêts souvent opposés mais complémentaires pour la circonstance allaient être fédérées par les religieux, maîtres des zaouïas, tenants du pouvoir spirituel contestés et réprimés par les colonisateurs. Les trois forces allaient s’unir et constituer une structure de guerre contre l’occupant avec ses forces militaires régulières son administration et ses milices paramilitaires composées d’ultras et de mercenaires à la solde des colons. Tous se battaient pour la terre ! Les militaires français mesuraient en termes de terres conquises, les colons en terme de surfaces utiles gagnées au moment où face à leur avidité les algériens comptaient les millions d’hectares perdus et à jamais interdits même pour le parcours et le passage. Moyen de subsistance pour les uns, source de richesse et de pouvoir pour les autres la terre était prête à recevoir le soc des charrues mais aussi le sang des combattants ! Défendre la terre pour les algériens, s’en accaparer pour les français avait constitué depuis 1830 la cause véritable de toutes les révoltes, individuelle ou collective, petite ou massive, même si les événements et le contexte du déclenchement furent souvent avancés, en écran, comme les véritables raisons des soulèvements.

    Une répression aveugle

    De nombreux événements inhabituels avaient marqué cette année 1870.L’algérie sous autorité militaire depuis 1830 passe sous le régime civil, avec pour conséquence pour les chefs féodaux indigènes, la perte de leur influence sur les tribus. La fin de règne des bureaux arabes, véritable tête de pont de la colonisation dans les zones non administrées par les civils français. La disparition de cette administration tampon mettra les paysans algériens face aux colons français sans aucun médiateur pour absorber les chocs.
    Les décrets Crémieux qui attribuaient aux juifs la nationalité française et tous ses privilèges,alors que les musulmans en étaient privés, avait constitué selon certains historiens la goutte qui avait fait déborder le vase. L’utilisation des Spahis, garde rurale musulmane, dans la guerre contre la Prusse, s’ajoutera à tous ces changements trop rapides pour la société indigène terrassée par la famine due aux mauvaises récoltes conséquentes à la spoliation des meilleures terres par les colons. A croire que le soulèvement des algériens était sciemment recherché et provoqué par les colons qui voyaient dans cette année 1870,devant la faiblesse générale du régime français, le moment propice pour faire valoir leur point de vue.
    L’état d’esprit du coté des algériens était à la révolte. Le sentiment national et l’esprit d’indépendance suffisaient en réalité à expliquer la mobilisation de nombreuses tribus qui ne supportaient plus le mépris des colons et leurs exactions. On entendait alors " faire partir tous les fusils à la fois dans un dernier effort pour chasser le français du pays "
    La mutinerie des Spahis qui refusaient de partir sur le front de la Prusse, les premières défaites de l’armée française contre la Prusse,la captivité de Napoléon III, l’annonce de la prise de Paris par les Prussiens,ont crée un climat de fièvre amplifié par l’arrivée du fils de l’Emir Abdelkader annonçant l’imminente arrivée d’une armée Turque pour libérer l’Algérie !
    Ceci excita le patriotisme des tribus kabyles pour lesquelles les événements de la commune de Paris apportaient beaucoup d’assurance. A Alger les colons s’en prenaient aux militaires, le climat était à la guerre entre les français.
    " Dieu les a frappés, ils ne se reconnaissent plus entre eux, ils sont devenus fous "

    C’était le moment de se révolter et frapper le colonisateur apparemment désorienté. On se réunissait dans les cafés, les Djemââs et les souks, on amplifiait les appels à l’insurrection .On s’armait, on constituait la logistique de guerre. Les chefs reconstituaient les çoffs, les ligues (chartya) qui surveillaient les caïds et les traîtres potentiels !

    Fin janvier les hostilités débutèrent à Mila pour s’étendre vers Souk-Ahras. Le Titteri s’embrase début février, à la mi-mars les Mokrani passent à l’action. La zaouia Rahmania fédère toute ces forces sous le commandement du fils de Cheikh Aheddad , et proclame la guerre sainte le 8 avril à partir de Seddouk !
    Et la guerre commença. Le soulèvement de 1871 offrira à la colonisation l’occasion d’en finir avec toutes les jacqueries et les révoltes qui menaçaient l’ordre colonial et son projet "civilisateur"

    "J’entrerai dans vos montagnes
    Je brûlerai vos villages, vos maisons
    Je couperai vos arbres fruitiers
    Et alors ne vous en prenez qu’à vous seuls"
    Voilà l’essence de la logique coloniale, comme celle de la fable du loup et de l’agneau, résumée par ces propos du Maréchal Bugeaud dès 1845.
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