Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Le Japon n'a plus guère d'empereurs potentiels en stock

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Le Japon n'a plus guère d'empereurs potentiels en stock

    1 mai 2019 à 11h02 — mis à jour le 1 mai 2019 à 18h03

    Ce 1er mai, le Japon se découvre en Naruhito un nouvel empereur. Mais l'avenir de la dynastie millénaire reste fragile et repose désormais sur les épaules de Hisahito, 12 ans.
    Pour les soutiens de la lignée impériale japonaise, c'est le 6 septembre 2006 que le trône du Chrysanthème a été sauvé –au moins temporairement. Ce jour-là, après des années d'attente et de débats, le prince Fumihito, frère du nouvel empereur Naruhito, et son épouse la princesse Kiko ont apporté ce que la dynastie attendait: un enfant mâle.
    Dans la famille impériale nippone, et même dans l'opinion publique, cette naissance avait tout de surprenant, voire d'inespéré: la mère était âgée de 40 ans et rien ne laissait présager un heureux événement douze ans après la naissance de la première fille du couple.

    Double responsabilité
    Celui qui a reçu le nom de Hisahito et qui est aujourd'hui un jeune adolescent sera appelé à régner sur l'archipel après son oncle et éventuellement son père, si ce dernier décède après l'empereur qui a reçu ce 1er mai les insignes du pouvoir symbolique du trône japonais.

    Mais dès aujourd'hui, ce jeune garçon porte sur ses épaules une double responsabilité pour protéger de l'extinction la plus vieille famille régnante au monde –qui compte officiellement 126 empereurs, dont 112 historiquement vérifiés–, désormais menacée de disparition.
    Il devra d'abord rester vivant, ni ses sœurs ni sa cousine ne pouvant monter sur le trône à sa place. Et il devra lui aussi avoir un enfant mâle, sans pouvoir compter sur un frère pour donner une descendance au trône –comme le nouvel empereur, qui n'a eu qu'une fille.

    Autrement dit, si à très court terme l'heureux événement de 2006 a mis fin à l'alerte rouge sur la lignée, le problème s'est seulement déplacé dans le temps.

    Si la Constitution japonaise de 1947 (en partie inspirée par l'occupant américain) assure le maintien de la famille impériale, lui octroyant même quelques prérogatives –l'empereur ne peut pas s'exprimer politiquement, mais il signe certains actes et conserve de facto un rôle diplomatique–, elle a malgré tout fait le ménage dans la noblesse: seule la famille impériale possède un statut particulier, tous les autres titres ont été abolis.

    La famille impériale a suivi le mouvement de la société japonaise dans son ensemble: elle fait moins d'enfants. Une évolution naturelle en apparence, assez proche au demeurant des familles royales européennes, mais qui coince face à une loi impériale n'autorisant que les garçons sur le trône, qui doivent eux-mêmes être issus d'un héritier au trône (même s'il ne s'agit pas de l'empereur en exercice).
    Exclusion des femmes
    Les femmes, elles, n'ont pas le droit de monter sur le trône. Pire encore, elles sont exclues de la famille impériale si elles épousent un roturier, ce qui signifie en pratique qu'elles doivent quitter le palais et travailler pour vivre.

    Tel est le probable destin des filles de Naruhito et Fumihito, sauf si elles ne se marient pas ou –hypothèse improbable mais pas légalement impossible– si Hisahito épouse sa cousine, la fille de l'empereur, qui a cinq ans de plus que le jeune prince.

    Une incompréhension persiste dans les médias internationaux sur cette discrimination consistant à exclure les femmes du trône et même de la noblesse en cas de mariage, un acte souvent présenté comme un héritage misogyne d'un Japon en retard sur l'égalité femmes-hommes.

    Ce point n'est pas tout à fait exact, et le Japon a même connu huit impératrices sur le trône. Le mauvais sort fait actuellement aux femmes de la famille tient paradoxalement à une vision progressiste de la législation d'après-guerre, qui entend limiter le risque de retour d'une famille impériale politiquement forte –ce qu'elle était au moment de la Seconde Guerre mondiale.

    Ne pas exclure les femmes de la famille impériale reviendrait potentiellement à anoblir les hommes qu'elles pourraient épouser, reconstituant ainsi un embryon de noblesse japonaise pouvant s'étendre et se structurer par alliances.

    L'exclusion s'explique aussi par une volonté plus terre à terre: les finances de l'État, et donc l'argent des contribuables, ne doivent prendre en charge que le strict minimum, soit les seuls membres de l'actuelle famille impériale.

    slate.fr
Chargement...
X