Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Editorial. La chute du prix du baril, avec la crise due au coronavirus, met fin à une chimère, qui consistait à faire co

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Editorial. La chute du prix du baril, avec la crise due au coronavirus, met fin à une chimère, qui consistait à faire co

    Editorial. La chute du prix du baril, avec la crise due au coronavirus, met fin à une chimère, qui consistait à faire coexister un système concurrentiel féroce avec une logique de cartel et d’oligopole.

    Publié le 24 avril 2020 à 10h41 Temps deLecture 2 min.



    Editorial du « Monde ». Le marché pétrolier semble actuellement hors de contrôle. En un mois, la demande a baissé de près d’un tiers. Cette situation inédite est évidemment liée au confinement de plus de la moitié de la population mondiale. Les transports et l’industrie sont à l’arrêt et créent une crise de surabondance.

    Les producteurs continuent à pomper, à la fois parce qu’arrêter un puits est coûteux et parce qu’ils cherchent à préserver leurs parts de marché,tout en ne sachant plus comment stocker l’or noir. Résultat : le prix du baril américain est passé temporairement en territoire négatif, sous 0 dollar. Le brent, référence au niveau mondial, lui, est tombé à 20 dollars ces derniers jours, contre 70 dollars début janvier.


    On aurait tort de penser que cette situation est temporaire et que la normalisation est pour demain. Début mars, alors que l’Europe basculait dans la crise sanitaire, la rupture de l’alliance entre la Russie et le cartel de l’OPEP mené par l’Arabie saoudite a conduit à une guerre des prix irresponsable, qui a amplifié les déséquilibres entre l’offre et la demande.

    Offensive américaine
    Au-delà des calculs géostratégiques du président russe, Vladimir Poutine, et du prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, cette violente correction du marché illustre les limites d’un équilibre très précaire, dont le monde avait cru pouvoir s’accommoder. Depuis 2016, la Russie et l’Arabie saoudite avaient constitué, avec une vingtaine de pays, l’alliance OPEP +, qui reconduisait périodiquement des réductions de production pour éviter une baisse trop forte de la valeur du baril. Pour pouvoir boucler leur budget national et couvrir les coûts d’extraction, les exportateurs de pétrole ont besoin de soutenir les prix à un certain niveau, variable suivant les techniques d’extraction. Mais l’offensive américaine grâce au pétrole de schiste a chamboulé la donne. En 2018, les Etats-Unis sont devenus le premier producteur mondial, avec une croissance qui semblait inexorable.


    La crise actuelle met fin à une chimère, qui consistait à faire coexister un système concurrentiel féroce – le pétrole de schiste américain – avec une logique de cartel et d’oligopole – l’alliance OPEP +. L’accord trouvé par l’OPEP et ses alliés, le 12 avril, suivi d’engagements de pays du G20 d’augmenter leurs réserves stratégiques de pétrole, a été obtenu après des négociations directes entre Donald Trump, Vladimir Poutine et Mohammed Ben Salman. Mais, malgré les rodomontades du président américain, cet accord tardif et insuffisamment ambitieux ne règle rien, ni à court ni à moyen terme.


    Il illustre une nouvelle fois les risques de l’abandon du multilatéralisme par l’administration américaine : en privilégiant systématiquement les contacts directs et bilatéraux avec les autres pays producteurs, Donald Trump empêche toute réponse concertée à un défi majeur. Dans cette jungle sans règles, comme sur bien d’autres sujets, l’Europe se trouve esseulée et sans stratégie.

    Nul ne se risque à prédire avec précision à quoi va ressembler la géopolitique pétrolière dans les prochains mois. Mais une chose est sûre : l’extrême volatilité du marché et les stratégies à courte vue de certains pays représentent une menace de plus pour une économie mondiale déjà au bord du chaos. Les producteurs les plus pauvres pourraient en être les premières victimes. La baisse des prix risque de déboucher sur une instabilité politique et sociale aux conséquences imprévisibles.

    Le M(a)nde
Chargement...
X