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Gabon : La BICIG, la Banque Centrale Populaire du Maroc et le blanchiment d’argent

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  • Gabon : La BICIG, la Banque Centrale Populaire du Maroc et le blanchiment d’argent

    Depuis que La Une a révélé les circonstances plus que douteuses dans lesquelles la BCP (Banque centrale populaire du Maroc) a mis la main sur la BICIG (filiale de BNP-Paribas), c’est la panique dans certaines officines financières rattachées à la présidence gabonaise. A juste titre, d’autant que des têtes ont commencé à tomber...



    La Une, journal satirique gabonais, dévoile, dans sa parution N° 187 du 06.04.20, comment, à travers sa filiale ivoirienne, le groupe bancaire marocain*BCP, a racheté la*BICIG*(Banque pour le commerce et l’industrie du Gabon), une filiale de*BNP-Paribas.

    «*Arrêté à 26 milliards de francs CFA, le montant de la transaction a directement été payé à la BNP. L’avis conforme de la Cobac (Commission bancaire d’Afrique centrale) est, quant à lui, attendu pour le mois prochain. Dans l’opération, les avocats et autres conseils financiers qui avaient monté le dossier ont empoché des honoraires de près de 300 millions de francs CFA. Voilà pour les aspects formels ! Mais bizarrement, ni le ministre de l’Economie, ni le patron du FGIS (Fonds gabonais d’Investissements Stratégiques) n’ont communiqué sur cette affaire qui concerne pourtant la première banque du pays. Un mutisme qui interroge*»,**peut-on lire dans l’article de*La Une.

    Un communiqué est antidaté au dimanche 5 avril

    Mais dès la parution du journal, le ministre gabonais de l’Economie a, comme par hasard, rendu public un communiqué de presse. Sans toutefois donner des détails sur les conditions de l’opération. Pire, non seulement le communiqué est antidaté au dimanche 5 avril, mais en plus, le ministre de l’Economie va grossièrement mentir sur le nom de l’acquéreur*:*«*L’acquisition des actions du groupe BNP-Paribas, à hauteur de 47,04%, par le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) marque le départ de l’actionnaire historique qui revoit son modèle économique et la gestion de ses implantations géographiques notamment en Afrique*». Reprise à l’identique, cette communication ministérielle a immédiatement été relayée par plusieurs médias.

    Curieusement, l’encre qui a servi à signer cette «*transaction historique*» a à peine séché, que*Serge Mickoto, le DG du*FGIS*(et par ailleurs beau-frère du président*Ali Bongo), est éjecté, le 9 avril, de la tête de l’organisme. Drôle de récompense*! Mais,*comme le révèle le média en ligne*Topinfosgabon.ga, ce n’est pas la seule incongruité dans cette affaire*:*«*Une source proche du dossier soulève plus d’interrogations. Le FGIS, à l'image de l'État, est à l'agonie financièrement. Ils ont été incapables d'obtenir un prêt à Orabank. Où alors ont-ils trouvé les 30 milliards qui leur ont prétendument permis d'acheter les parts de BNP ? On parle de négociation entre le FGIS et un potentiel partenaire africain. Dans quel intérêt le FGIS va revendre précipitamment une banque saine et solvable qu'il vient de racheter ? Le fait de désigner un Ivoirien qui n'est certainement pas un super génie en ingénierie bancaire comme DG ajoute à la suspicion. Preuve qu’il y a un gros lièvre dans l'affaire.*»**En effet, c’est en des termes très vagues que le communiqué du ministère de l’Economie présente l’Ivoirien*Bene Sammarie,*«*qui compte plus de vingt-trois années d’expérience dans l’industrie bancaire*». En passant sous silence, bien sûr, le fait que l’intéressé, au moment où il quitte le Cameroun, n’a pas réussi à obtenir de la*BEAC, l’agrément autorisant à exercer la fonction de directeur général de banque qu’il a occupée dans ce pays pour le compte de la Banque Atlantique. Pour une référence, Bene Sammarie en est vraiment une*!

    «*Pour le Maroc et son roi, le Gabon est une colonie qu’ils traitent comme une prise de guerre*»


    Pour ceux qui le connaissent, le nouveau DG de la BICIG bénéficie surtout, dans cette affaire, *de sa proximité avec*Bernard Koné Dossongui, son compatriote et promoteur du groupe*Banque Atlantique, la société écran dont s’est servie la Banque centrale populaire du Maroc pour racheter la BICIG. Il convient, au passage, de rappeler que Banque Atlantique est, depuis 2012, une filiale du groupe marocain BCP. Lequel, dans l’histoire, a fait preuve d’une incroyable discrétion. La raison*? Elle est sans aucun doute liée à la nature quasi incestueuse des relations qui unissent les dirigeants gabonais et marocains.


    *

    De ce fait, le Gabon apparait, depuis plusieurs années, comme une colonie économique marocaine. Et là n’est, semble-t-il, pas le pire. Du moins, selon l’interprétation d’un journaliste gabonais*:*«*Pour le Maroc et son roi, le Gabon est une colonie qu’ils traitent comme une prise de guerre. Racisme, mépris, luxure, débauche, pillage…ils savent qu’ils peuvent tout s’autoriser dans ce pays.*Dès lors, pas besoin d’un dessin pour savoir à quoi servent leurs entreprises installées au Gabon, ni pour comprendre les raisons de l’acharnement de Mohamed VI à vouloir faire du Gabon un non-Etat.*»*

    Télécommunications, industries minières, exploitation aurifère, textile, cimenterie…, des pans entiers de l’économie gabonaise sont, en effet, passés sous contrôle marocain. Et ce, dans des circonstances souvent troublantes. Sur le plan bancaire, rappelons qu’en 2003, l’UGB*(filiale du groupe français*Crédit Lyonnais) avait été officiellement rachetée par le français*Crédit Agricoleavant, quelques mois après, de finir dans l’escarcelle du groupe marocain*Attijariwafa Bank, propriété du «*roi prédateur*» Mohamed VI. Visiblement, les Marocains ont entrepris d’utiliser la même stratégie de dissimulation pour acquérir la BICIG. Ce qui suscite des inquiétudes auprès d’une partie de la population gabonaise qui redoute de voir leur système bancaire se transformer en une énorme lessiveuse de l’argent issu du trafic de drogue. Ancienne cadre à la BEAC aujourd’hui reconvertie dans le consulting en Belgique, la Franco-Centrafricaine*Marcelle Kitouama Samba*nous a fait part de son sentiment*:*«*Je doute que les banques marocaines, dont le pays d’origine est connu pour être le premier producteur et exportateur mondial de cannabis, aient pour objectif principal de mettre leurs filiales et banques associées africaines au standard des grands groupes bancaires internationaux, notamment en termes de règles comptables et de déontologie. De toutes les façons, il va toujours peser sur ces banques une suspicion somme toute légitime de* blanchiment de l’argent tiré de la drogue*». L’affaire BICIG-Banque centrale populaire du Maroc ne fait que commencer*!

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    « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT
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