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La grippe de 1968, une pandémie qui n'a pas fait de vague

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  • La grippe de 1968, une pandémie qui n'a pas fait de vague

    A la fin des années 1960, une épidémie de grippe A(H3N2) s'est déclenchée à Hong Kong. Elle a fait le tour de la planète en un an et demi, tuant au total un million de personnes mais n'a déclenché aucune alerte médicale ni mesure gouvernementale.

    Un virus respiratoire émerge en Chine, franchit les frontières, devient pandémique et fait, en un mois, plusieurs milliers de morts en France. Le coronavirus en 2020 ? Non, la grippe de Hong Kong à la fin des années 1960.

    Première pandémie de l'ère contemporaine, cette épidémie de grippe A(H3N2), repérée à la mi-68 dans l'enclave de Hong Kong, fait le tour de la planète en un an et demi, tuant au total un million de personnes dont 50.000 aux Etats-Unis et 31.000 en France.

    "Les gens arrivaient en brancard, dans un état catastrophique. Ils mouraient d'hémorragie pulmonaire, les lèvres cyanosées, tout gris. Il y a en avait de tous les âges, 20, 30, 40 ans et plus" , se souvient l'infectiologue Pierre Dellamonica en 2005 dans le quotidien Libération.

    On entassait les morts "dans les arrières salles des hôpitaux et dans les morgues" au plus fort de l'épidémie en France en décembre 1969, explique à l'AFP l'historien spécialiste des questions sanitaires, Patrice Bourdelais. Aucun gros titre dans les journaux à l'époque, aucune mesure gouvernementale ni même d'alerte médicale.

    "Le flegme et les bons mots l'emportent sur une possible mobilisation", relève Patrice Bourdelais qui occupe à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) la chaire "Population, épidémie et santé". Au pic de l'épidémie en France, le 18 décembre, les journaux mentionnent une épidémie de grippe "stationnaire" (Le Figaro) ou qui "paraît régresser" (Le Monde).

    Comment expliquer une telle placidité ? A l'époque, le milieu médical, les dirigeants, les médias et la population en général ont une foi presque aveugle dans le progrès et ses armes nouvelles, les vaccins et antibiotiques qui font des miracles, anéantissant, par exemple, le fléau de la tuberculose, explique Patrice Bourdelais.

    De plus, la sensibilité à la mort n'est pas celle qui est la nôtre aujourd'hui : "les 31.000 victimes de la grippe de Hong Kong n'ont pas créé de scandales, elles sont même passées plusieurs décennies inaperçues", commente l'historien. Il a fallu attendre 2003 et les travaux de l'épidémiologiste Antoine Flahault pour que soit réalisé le décompte des morts de cette épidémie en France.
    Maladie de l'anthropocène

    C'est l'époque des "Trente glorieuses", le boom économique de l'après-Seconde Guerre mondiale. "Sur cette courbe de progrès multidimensionnelle" un accident comme une grippe meurtrière n'est pas aussi intolérable qu'aujourd'hui. Les tensions internationales avec des guerres toujours présentes, au Vietnam, la crise humanitaire du Biafra en Afrique permettent de relativiser les malheurs liés à une épidémie plus meurtrière qu'une autre.

    Il en va tout autrement aujourd'hui : l'épidémie de Covid-19 a chassé tout autre sujet et a conduit à une gigantesque paralysie. Peut-être parce que la santé est devenue la préoccupation individuelle primordiale et que nous étions inconsciemment convaincus que nos sociétés disposaient de toutes les armes pour combattre les épidémies, avance M. Bourdelais.

    Pour le géographe Michel Lussault, l'importance écrasante prise aujourd'hui par la pandémie de Covid-19 reflète simplement "l'ampleur des bouleversements liés à la mondialisation" avec ses mobilités internationales extrêmes pour les marchandises, les hommes et l'information.

    L'infectiologue Philippe Sansonetti illustre, lui, la propagation internationale du coronavirus dans l'hémisphère nord en montrant une carte des vols internationaux de la Chine vers l'Europe et l'Amérique du nord : la diffusion du virus coïncide parfaitement avec la densité des liaisons aériennes.

    "Ces maladies émergentes infectieuses sont des maladies de l'anthropocène (époque où l'incidence de l'activité humaine sur la Terre devient prépondérante, ndlr), exclusivement liées à la prise en main de la planète par l'Homme" explique-t-il dans le cadre de sa chaire "Microbiologie et maladies infectieuses" au Collège de France.

    La pandémie de Covid-19 nous raconte une histoire en trois épisodes : un "saut d'espèce" avec le passage d'un coronavirus de la chauve-souris à l'homme, puis un "débordement" avec la contagion d'un homme à d'autres hommes, et enfin une "troisième étape qui est l'explosion par le fait de l'homme sur la planète, par les transports intercontinentaux", indique-t-il.

    En 1968 et 1969, le virus de la grippe A(H3N2) avait mis plusieurs mois à passer de l'Asie, aux Etats-Unis et à l'Europe. Cette fois, quelques semaines ont suffi.

    GEO
    05/05/2020
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

  • #2
    Salam,

    A l'époque, le milieu médical, les dirigeants, les médias et la population en général ont une foi presque aveugle dans le progrès et ses armes nouvelles, les vaccins et antibiotiques qui font des miracles, anéantissant, par exemple, le fléau de la tuberculose, explique Patrice Bourdelais.
    ../..
    C'est l'époque des "Trente glorieuses", le boom économique de l'après-Seconde Guerre mondiale. "Sur cette courbe de progrès multidimensionnelle" un accident comme une grippe meurtrière n'est pas aussi intolérable qu'aujourd'hui
    Je ne sais pas si cette mentalité était propre aux populations des pays développés.. ou si elle touchait aussi les autres populations. ?
    De nos jours les gens (en général) ont plus de respect pour la nature.. mais on est loin de corriger tous les torts causés à notre planète.. on est loin de vivre en harmonie avec la nature.

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